Les Eglises orthodoxes continuent de soutenir l’œcuménisme, affirme un théologien
« On pourrait croire qu'il y a des Eglises orthodoxes qui ne sont pas satisfaites de certaines questions morales et éthiques, ce qui semble les rapprocher entre elles au sein de leur famille d’Eglises. Nous ne devons cependant pas voir cela comme une forme de concurrence. Bien qu’il faille s’efforcer de tendre à la cohésion dans le mouvement œcuménique, nous ne devons pas considérer que nos désaccords représentent un danger pour l’unité. Les Eglises orthodoxes sont plus que jamais attachées à la Conférence des Eglises européennes (KEK) et œuvreront à consolider la présence orthodoxe », a déclaré le père Viorel Ionita, secrétaire général intérimaire de la KEK.
Le théologien roumain a tenu ces propos après avoir présidé à Budapest un colloque de la Commission Eglises en dialogue de la KEK. A l’issue de cette réunion, « huit points de convergence dans la conception de l’unité de l’Eglise en tant qu’objectif principal du mouvement œcuménique » ont été dégagés, selon un rapport du 27 juin.
Dans une interview donnée au correspondant d’ENInews le 27 juin, le père Ionita a déclaré s’inquiéter du fait que des réunions organisées récemment entre des représentants orthodoxes et catholiques romains sur les questions morales et éthiques pourraient créer une structure « parallèle à la KEK. »
Il a cependant ajouté que le colloque de Budapest – auquel participaient des représentants des traditions anglicane, catholique romaine, luthérienne, méthodiste et orthodoxe – a élaboré une conception commune des éléments clés de l’unité de l’Eglise. Pour l’archiprêtre orthodoxe, ce colloque réaffirme l’attachement ininterrompu des orthodoxes à la coopération œcuménique.
« Les différentes traditions ecclésiales – catholique, anglicane, orthodoxe, protestante, libre – ont toutes une vision claire de l’unité de l’Eglise, mais ces visions confessionnelles ne sont pas très compatibles », a déclaré l’archiprêtre Ionita, qui, à 65 ans, enseigne l’histoire de l’Eglise à l’Université de Bucarest.
« Par ce colloque, notre objectif était de rassembler les réflexions de toutes les Eglises européennes et de regarder quels sont nos points de convergence et de divergence. Cela a été une première étape utile, mais nous sommes encore loin d’avoir réussi notre tâche. »
Plusieurs responsables orthodoxes critiquent des aspects de l’enseignement moral et social de certaines Eglises protestantes occidentales, faisant peser une menace de détérioration des relations avec la KEK, en particulier depuis le retrait de l’Eglise orthodoxe géorgienne, en 1997, et la suspension de la participation de l’Eglise orthodoxe russe, en 2008.
Néanmoins, la KEK a annoncé que la convergence a été atteinte sur huit points. Les Eglises s’accordent notamment sur une vision de l’unité de l’Eglise comme un « don de l’Esprit Saint » nécessitant une « expression dans la vie et la mission », sur le lien organique « entre communauté ecclésiale et eucharistique » et le partage des identités chrétiennes comme « riches dons de Dieu », et sur la nécessité d’une « communauté conciliaire et une acceptation mutuelle des décisions conciliaires » dans la quête de l’unité.
« Nous sommes des chrétiens qui provenons d’un large éventail de traditions, et pourtant nous voyons à quel point il est important d’entretenir ensemble la liturgie et le ministère de l’Eglise avec son témoignage et son service dans le monde », lit-on dans le rapport du colloque. La KEK est composée de 120 Eglises issues des traditions anglicane, orthodoxe, protestante et vieille-catholique, ainsi que de 40 organisations associées.
Le 27 juin, dans un autre communiqué, la KEK a indiqué que la Commission Eglises en dialogue avait élaboré d’autres projets de mise en œuvre de la Charte œcuménique de 2001 pour l’Europe. La Commission prévoit aussi de promouvoir le dialogue entre les Eglises orthodoxes et les autres Eglises membres de la KEK » et de renforcer « la formation œcuménique en Europe. » (653 mots-ENI-11-F-0075-JMP)