Carré musulman au cimetière de La Chaux-de-Fonds
La Chaux-de-Fonds est, sur Neuchâtel, la première commune à ouvrir un espace pour l’inhumation des musulmans dans son cimetière. C’est un premier pas concret qui fait suite à une décision prise en 2003 d’ouvrir dans les trois villes du canton un massif multiconfessionnel, dont un carré réservé aux défunts de confession musulmane.
Cet espace fait suite à la demande des associations musulmanes de bénéficier d’un cimetière qui leur soit propre et qui respecte leurs rites funéraires, a rappelé la ville de la Chaux-de-Fonds. Avant La Chaux-de-Fonds, d’autres ville suisses ont accédé à cette demande, dont Genève, Bienne, Berne, Bâle ou Zurich.
Laïcité des cimetièresCette demande n'est pas anodine pour les villes et cantons suisses. En exigeant d’être enterrés selon la tradition musulmane, c’est-à-dire de façon séparée des autres religions, les musulmans ne demandent pas moins aux différentes autorités cantonales et communales de renoncer à une laïcité des cimetières qui a déjà fait débat. Rappelons en effet qu’avant la constitution suisse de 1874, les cantons avaient des cimetières catholiques, protestants et juifs, les uns refusant de se faire enterrer chez les autres.
Aujourd’hui, ni les catholiques, ni les protestants ne disposent de cimetières propres. Les seuls qui en ont encore sont les Juifs. Une exception dont aimeraient bénéficier les musulmans, en vertu de la liberté religieuse et du droit à un enterrement décent.
Un droit qui n'est pourtant pas bafoués dans les villes et cantons qui ne connaissent pas de carré musulman, estime Sami Aldeeb, professeur universitaire de droit arabe et musulman. Aucune loi cantonale n’interdit par exemple l’utilisation du linceul, qui doit envelopper le corps du défunt dans la tradition musulmane.
Pour Sami Aldeeb, l’argument qui consiste à refuser d’être enterré auprès d’un mécréant, soit d’un non-musulman, est le seul qui pourrait objectivement justifier l’octroi d’un carré confessionnel. Mais cet argument est discriminatoire et devrait tomber, selon lui, sous le coup de la loi contre le racisme.
*Ce texte a été diffusé dans l'émission Juste Ciel de la Radio suisse romande le 22 juin dernier.