Les Eglises de Grèce confrontées à la débâcle financière

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Les Eglises de Grèce confrontées à la débâcle financière

15 juillet 2011
Les Eglises chrétiennes minoritaires de Grèce interrompent leurs activités caritatives et ont le plus grand mal à payer les salaires de leur clergé. En cause: la crise économique, affirment des responsables d'Eglise à Athènes.
Les Eglises chrétiennes minoritaires de Grèce interrompent leurs activités caritatives et ont le plus grand mal à payer les salaires de leur clergé. En cause: la crise économique, affirment des responsables d'Eglise à Athènes.

« Comme les autres Eglises protestantes, nous sommes autonomes ici et notre seul soutien provient de nos membres. C'est pourquoi nos revenus ont connu une chute abrupte », a déclaré Dimitrios Boukis, secrétaire général de l'Eglise évangélique de Grèce, qui compte 29 paroisses réparties dans deux synodes régionaux en Grèce, plus un autre en Amérique du Nord.

« Nous sommes déjà dans l'incapacité de payer les retraites des pasteurs les plus âgés et des veuves, et nous avons constaté une augmentation rapide des demandes d'aide de la part des paroissiens », a-t-il déploré. « Bien que notre Eglise soit présente en Grèce depuis 1858, l'Etat ne nous a jamais accordé les droits d'une organisation légitime, si bien que nous sommes dans une situation délicate. »

Le responsable d'Eglise s'est exprimé après que les ministres des Finances de l'Union européenne (UE) ont débloqué une aide d'urgence destinée à l'économie grecque. Cette aide était conditionnée à l'adoption, par le Parlement grec, des mesures d'austérité radicales du gouvernement de centre-gauche du Premier ministre George Papandreou, qui ont déclenché de violentes manifestations dans un pays où le taux de chômage frôle déjà les 23%.

Obligée d'emprunter

Dans une interview accordée au correspondant d'ENInews le 11 juillet, Dimitrios Boukis a expliqué que son Eglise avait dû recourir à un emprunt de 30 000 euros pour venir en aide aux pasteurs retraités et à leurs veuves qui ne peuvent pas prétendre à une pension de l'Etat. Son Eglise a également été contrainte de réduire son financement aux programmes de désintoxication à Athènes et Thessalonique.

La situation n'est guère meilleure chez les catholiques romains. Un de leurs responsables a déclaré que son Eglise ne serait plus en mesure de verser à son clergé et à son personnel leurs salaires à la fin de l'année. Il a en outre annoncé la fermeture d'un hospice et la réduction des aides aux réfugiés et requérants d'asile pris en charge par son organisation Caritas et les Sœurs de la charité de Mère Teresa.

Soutien aux migrants

« Nous ne sommes qu'une petite minorité. Nous avons peu de biens et de ressources et nous avons dû prendre en charge ces dernières années de nombreux catholiques arrivant de pays pauvres en quête d'une vie meilleure, utilisant la Grèce comme porte d'entrée orientale de l'Europe », a expliqué l'archevêque Nikolaos Foskolos, archevêque catholique d'Athènes.

« Nous ne recevons aucune aide de l'Etat et nos fidèles ne peuvent donner plus. Depuis que la Grèce à adhéré à l'UE, en 1981, les Eglise occidentales ne nous donnent rien non plus, parce que nous sommes considérés comme un pays riche et qu'elles ne peuvent aider que le tiers monde. Mais une partie du tiers monde se trouve ici, en Grèce, ce qui crée de grosses difficultés pastorales et sociales », a-t-il ajouté.

L'UE et le Fonds monétaire international ont accepté l'an dernier d'accorder un prêt d'urgence de 110 milliards d'euros pour aider la Grèce à payer 350 milliards d'euros de dettes avant 2014. Le pays était au bord de la faillite et risquait une sortie du système monétaire européen.

Le 30 juin, le Parlement grec a approuvé le projet du gouvernement visant à rectifier l'équilibre budgétaire par la réduction des dépenses publiques et l'augmentation des impôts. Le plan prévoit également un « prélèvement de solidarité » sur les foyers, des privatisations généralisées, des fermetures d'école et des coupes franches dans la fonction publique et les salaires.

L'Eglise orthodoxe moins touchée

L'Eglise orthodoxe grecque, qui représente 97% des 10,4 millions d'habitants et jouit d'une reconnaissance de l'Etat, doit aussi réduire ses œuvres sociales et caritatives. Les membres du clergé doivent accepter une réduction de 50% de leur traitement, payé par l'Etat.

Selon Dimitrios Boukis cependant, les prêtres orthodoxes sont mieux à même de faire face à la crise, grâce à ce qu'ils perçoivent lors des baptêmes, mariages, enterrements et autres cérémonies religieuses habituelles. La Constitution grecque définit l'orthodoxie comme la « religion dominante » et exige des hauts fonctionnaires qu'ils prêtent serment devant un prêtre orthodoxe.

Dimitrios Boukis conclut: « Si la situation empire encore pour nous, nous allons devoir demander aux protestants du monde entier de nous aider, tout en cherchant de nouvelles façons de générer des revenus. » (748 mots-ENI-11-F-0084-JMP)