Des imams formés à la finance islamique pour s’adapter à l'économie américaine

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Des imams formés à la finance islamique pour s’adapter à l'économie américaine

19 août 2011
Berkeley, le 19 août (ENInews-RNS\Omar Sacirbey) – Abdullah Nana, imam du Centre islamique de Mill Valley, au nord de San Francisco, en Californie, a un avantage notable sur bon nombre des autres imams des Etats-Unis. Ce n'est pas sa maîtrise de la langue arabe ni sa formation en jurisprudence islamique. C'est son diplôme universitaire de commerce.


Les questions qu'on pose le plus aux imams américains portent sur l'éthique financière, explique l'imam Nana. Pourtant, selon lui, c'est le sujet dont ils sont le moins habilités à parler avec leurs fidèles.

Abdullah Nana est l’un des cent premiers imams à avoir suivi un programme de formation sur trois jours mis en place sous l'égide du Projet pour la finance islamique américaine, qui vient d'être créé.

"La plus grande difficulté pour la finance islamique, c'est de travailler dans les limites du cadre légal de ce pays", a indiqué l'imam Nana, qui estime qu'un quart des centaines de questions que lui posent des musulmans des Etats-Unis chaque année concernent la finance.

Selon la loi islamique, par exemple, avant de vendre une maison à un acheteur, une banque doit être en possession de cette maison, or le droit des Etats-Unis ne permet pas aux banques de posséder une maison pour le compte de quelqu'un d'autre.

La finance islamique est un ensemble de règles et de règlements inspirés du Coran, des enseignements du prophète Mahomet et de l'interprétation des érudits, mais les opinions varient largement. Par exemple, certains disent que l'interdiction de l'usure s'applique à tous les intérêts, tandis que d'autres affirment que cela ne concerne que les intérêts excessifs.

En effet, en 2000, des érudits islamiques d'Amérique du Nord et d'Europe avaient émis des fatwas affirmant que les musulmans des pays occidentaux pouvaient être autorisés à contracter des prêts hypothécaires, car le devoir islamique d'être un citoyen responsable – qui comprend l'accession à la propriété – prime sur l'interdiction de l'usure que préconise l'islam.

Il y a dix ans, il n'y avait quasiment aucune institution financière islamique aux Etats-Unis. Aujourd'hui, on compte plusieurs dizaines d'institutions financières islamiques, et plusieurs grandes banques occidentales, comme HSBC et Deutsche Bank, proposent des produits financiers conformes à l'islam.

"J'estime personnellement qu'il y a suffisamment d’options pour que les musulmans puissent obtenir des prêts respectant la charia", a déclaré l'imam Tahir Anwar, de l'Association islamique de South Bay, à San Jose, en Californie. Lui croit en une interdiction totale des intérêts.

Le projet de formation des imams a été mis en place par la Société islamique d'Amérique du Nord (ISNA), à Indianapolis, la plus grande organisation musulmane des Etats-Unis; Guidance Financial, prêteur hypothécaire islamique de Reston, en Virginie; et l'Institut Ethica de la Finance islamique, aux Emirats arabes unis, qui certifie les institutions financières islamiques.


Outre les trois jours de formation organisés à Berkeley, Californie, les imams ont bénéficié de deux mois d'accès gratuit à un programme en ligne de formation et de certification pour assimiler les rudiments de la finance islamique. Ethica n'a cependant pas pu dire combien d'imams ont suivi le cours. (515 mots-ENI-11-F-0094-JMP)