Une église catholique de Tripoli pénétrée par effraction en plein cœur des combats
« Mon prêtre m'a fait savoir qu'on était entré de force dans l'une des églises catholiques de Tripoli, mais que tout le monde va bien », a déclaré l'évêque Bill Musk, de la Province d'Afrique du Nord de l'Eglise anglicane, qui répondait à une interview par téléphone depuis Tunis, en Tunisie, le 23 août. « Il est impossible d'avoir la Libye au téléphone à l'heure actuelle. J'essaye de joindre le prêtre depuis hier, mais le réseau téléphonique ne fonctionne pas », a-t-il ajouté.
La Libye compte plusieurs églises catholiques et orthodoxes grecques, ainsi que quelques églises pentecôtistes. Elles se soutiennent mutuellement et vivent en bonne intelligence, selon l'évêque Musk. L'évêque catholique romain de Tripoli, Giovanni Innocenzo Martinelli, qui sert l'église catholique de Saint-François, n'a pas pu être joint non plus.
Les insurgés soutenus par l'OTAN sont entrés dans la ville le 21 août, ce qui a entraîné la chute du dictateur Mouammar Kadhafi deux jours plus tard, après 42 ans à la tête du pays. Les forces de l'OTAN mènent des attaques aériennes afin de faire respecter la zone d'exclusion aérienne décrétée par les Nations Unies et de protéger les civils. Cette intervention a été approuvée par le Conseil de sécurité de l'ONU suite à la répression exercée par l'armée du colonel Kadhafi à l'encontre de civils protestant contre les brutalités du régime.
Alors même que les combats font rage, l'évêque Musk affirme que les responsables d'Eglise locaux n'ont pas manifesté l'intention de fuir le pays. « Nous avons demandé à notre prêtre de faire ce que, selon lui, le Seigneur lui dit de faire », a déclaré l'évêque. « Quand les violences se manifestent, cela devient dangereux pour tout le monde. »
Bien qu'il n'y ait pas de chiffres précis sur le nombre global de migrants se trouvant encore à Tripoli et sur la proportion d'entre eux qui souhaite être évacuée, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué que plusieurs milliers de personnes ont fait une demande d'aide ces derniers jours.
Bien d'autres encore – notamment des personnes originaires d'Afrique subsaharienne qui vivent dans les faubourgs de Tripoli et qui n'ont pas pu atteindre leur ambassade – ont probablement besoin d'aide, a fait savoir l'organisation dans une note d'information destinée à la presse.
« Nous lançons un appel d'urgence à toutes les parties pour permettre à l'OIM de mener à bien son travail humanitaire en toute sécurité et de commencer l’évacuation de plusieurs milliers de migrants qui souhaitent quitter Tripoli », a déclaré William Lacy Swing, directeur général de l'OIM, le 23 août.
Par ailleurs, trois frères franciscains seraient bloqués dans un monastère à Tripoli, sans possibilité d'être joints de l'extérieur, à cause de la défaillance du réseau téléphonique. Des coups de feu auraient retenti à l'extérieur du monastère.
« Personne n'ose s'aventurer dans la rue parce qu'on tire à vue sur les gens, même si on ne sait pas bien qui tire sur qui. Bien sûr, les civils courent un grand danger quand ils sortent de chez eux », a déclaré par téléphone le 22 août une source ecclésiastique, relayée par l'Agence de presse catholique romaine Fides. (579 mots-ENI-11-F-0097-JMP)