Les écoles catholiques du Kenya interdisent le foulard musulman

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Les écoles catholiques du Kenya interdisent le foulard musulman

26 août 2011
Nairobi, le 26 août (ENInews/Fredrick Nzwili) – Les autorités musulmanes du Kenya affirment qu'elles continueront à s'opposer à la décision prise par les évêques catholiques romains du pays, qui ont annoncé le 19 août que les élèves des écoles catholiques ne sont pas autorisées à porter le hijab. Le hijab est un foulard porté sur la tête par de nombreuses femmes et jeunes filles musulmanes.


Les évêques ont invoqué la tradition, la discipline et la philosophie de l'Eglise pour justifier leur décision. « Nous ne souhaitons pas discriminer qui que ce soit. Les écoles catholiques sont ouvertes à toutes et tous, mais il existe des règles et des règlements qu'il faut respecter. Si vous voulez envoyer votre enfant dans une école catholique, alors il faut en accepter les règles », a déclaré l'évêque Maurice Crowley, du diocèse de Kitale, lors d'une conférence de presse donnée à Nairobi le 19 août.

En juillet, un parent musulman qui avait intenté une action en justice pour que le hijab soit autorisé a été débouté. Pourtant, les responsables musulmans affirment suivre calmement l'évolution de la situation. « Les musulmans n'accepteront jamais cet état de fait. Cela nous incite à nous dresser les uns contre les autres. La déclaration des droits au Kenya met en garde contre toute atteinte aux droits et libertés », a déclaré le cheikh Khelef Khalifa, l'un des directeurs de l'organisation Musulmans pour les droits humains (Muhuri), au correspondant d'ENInews.

Cependant, les responsables religieux chrétiens invoquent des questions de foi. « On ne peut pas nous forcer à accepter des traditions qui sont contraires à notre foi. Les musulmans sont libres d'ouvrir leurs propres écoles, mais pour le moment, ils doivent s'adapter aux règles de nos écoles », a affirmé l'évêque anglican Julius Kalu, de Mombasa, dans un entretien par téléphone avec le correspondant d'ENInews le 22 août.

« Tous les enfants sont les mêmes. Vous allez alors me demander pourquoi les élèves porteraient-ils le chapelet? Si une école souhaite interdire le port du chapelet, qu'elle le fasse », a dit Maurice Crowley, qui dirige la Commission pour l'éducation et l'éducation religieuse de la Conférence épiscopale du Kenya.

Les responsables musulmans appellent le gouvernement à intervenir pour mettre fin à l'interdiction du hijab imposée par les écoles chrétiennes. Ils mettent en garde contre de graves répercussions si les droits et libertés des musulmanes sont bafoués.

Les autorités musulmanes accusent les écoles chrétiennes de discrimination à l'encontre de leurs élèves sur la base de leur religion et de leur culture. Les responsables d'Eglise affirment quant à eux qu'ils mettent à disposition des espaces et de l'eau pour que les élèves puissent pratiquer les rituels musulmans.

Sur les 15 000 écoles primaires publiques du Kenya, l'Eglise catholique en finance 5301 et en possède 325. Sur les 3560 écoles secondaires, l'Eglise en finance 1731 et en possède 163. Les écoles acceptent des enfants de toutes les confessions. Les évêques anglicans affichent leur soutien à la position de l'Eglise catholique.

Plus de 80% des 42 millions d'habitants du Kenya sont chrétiens. Les musulmans représentent 10% de la population. (524 mots-ENI-11-F-0098-JMP)