L'aumônerie, cheval de bataille des protestants français en 2012

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L'aumônerie, cheval de bataille des protestants français en 2012

30 janvier 2012
Paris, le 30 janvier (ENInews\A.D. McKenzie) – Les Eglises membres de la Fédération protestante de France (FPF) sont priées d'appuyer le travail de leurs aumôniers. L'Eglise catholique craindrait de perdre son hégémonie dans le domaine. Les hôpitaux et l'accompagnement des soldats de retour d'Afghanistan sont en première ligne.

Les hôpitaux, les prisons et l’armée étaient à l'agenda de l’Assemblée générale de la FPF, les 21 et 22 janvier à Paris. Le pasteur Claude Baty, président de la FPF, a déclaré au correspondant d’ENInews que l’une des principales préoccupations dans le domaine de l'aumônerie était liée aux tensions qui existent dans certains secteurs entre les aumôniers protestants et ceux de l’Eglise catholique.

Il a affirmé que, confrontée au déclin du nombre de catholiques pratiquants en France, l’Eglise catholique « s’inquiète » de perdre sa position dominante, y compris dans le domaine de l’aumônerie. « Les catholiques sortent d’une position de suprématie totale, or c’est en train de changer et cela leur fait peur, a-t-il déclaré dans une interview. Désormais, il doit y avoir de la place pour tout le monde. »

Selon certaines enquêtes, quelque 64% des Français se définissent comme catholiques – alors que ce chiffre était de 81% dans les années 1960 – mais moins de 10% se disent pratiquants. Environ 3% des Français s’identifient au protestantisme.

Charte de coopération à Lyon

La Fédération protestante indique que ses Eglises membres comptent environ une centaine d’aumôniers travaillant dans les hôpitaux de France : ils rendent visite aux patients, travaillent avec le personnel médical, offrent un soutien psychologique aux patients en phase terminale d’une maladie et contribuent à la politique éthique. Ils travaillent aux côtés de représentants des traditions catholique, juive et musulmane et espèrent une meilleure coopération, selon la pasteure Isabelle Meykuchel, responsable du service d’aumônerie pour les questions relatives à la santé et au milieu médico-social.

« La spiritualité est un élément essentiel des soins de santé et il est très important de tenir compte du rôle de l’aumônerie dans les hôpitaux », a-t-elle expliqué au correspondant d’ENInews. « Nous souhaitons mettre en place des rencontres entre les services nationaux d’aumônerie. »

Elle a indiqué qu’à Lyon, où elle travaillait auparavant, les aumôniers des différentes religions entretenaient de bonnes relations de travail et qu’ils avaient établi une charte visant à renforcer cette coopération. « Nous espérons pouvoir atteindre le même niveau de coopération à Paris et ailleurs », a-t-elle dit.

Silence autour des soldats

La FPF cherche aussi à attirer l’attention sur le travail des aumôniers dans l’armée, en particulier auprès des soldats français affectés en Afghanistan. Certains de ces soldats sont rentrés chez eux avec des blessures qui ont une incidence déterminante sur leur vie mais les problèmes auxquels ils sont confrontés sont absents du débat public, a indiqué la Fédération. « Pourquoi règne-t-il ce silence médiatique autour des soldats blessés de retour au pays? » demande le pasteur Brice Deymie, responsable du service d’aumônerie pour la justice et les prisons.

Selon le pasteur Deymie, la FPF souhaite promouvoir un grand débat sur la « justice réparatrice » qui ferait intervenir des victimes et des bourreaux et deviendrait un élément essentiel de toute « justice punitive ». A l’approche des élections présidentielles françaises, qui auront lieu en avril et mai prochains, le thème de la justice réparatrice suscite un intérêt dans certains milieux politiques.

Par ailleurs, des aumôniers protestants et catholiques se sont unis à leurs homologues musulmans, juifs et orthodoxes pour faire part de leur inquiétude concernant un décret du ministère français de la Justice. Celui-ci exige en effet des organisations religieuses qu’elles déclarent leurs aumôniers salariés et bénévoles travaillant dans les prisons et qu’elles donnent des informations sur leur affiliation, leur rémunération et les services qu’ils offrent. (655 mots-ENI-12-F-0012-JMP)