La communauté des sœurs de Grandchamp

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

La communauté des sœurs de Grandchamp

Gilles Bourquin,
16 avril 2013
Dans le hameau de Grandchamp, près d’Areuse (NE), vit une communauté de sœurs qui rayonne d’une énergie positive pour toute la région depuis plusieurs décennies. Un nombreux public se rend régulièrement à leurs offices, surtout le jeudi soir et le dimanche matin, dans la magnifique chapelle de l’Arche: cœur de la vie spirituelle de la communauté. Visite guidée avec sœur Thérèse et sœur Lauranne.


La VP Neuchâtel, Berne, Jura



Comment est née la communauté?


– Grandchamp a toujours été un lieu de grande spiritualité. A l’époque, c’était une industrie d’indiennes (tissus imprimés) et une école de jeunes filles. Depuis 1931, un groupe de femmes se retrouve à Grandchamp pour des retraites spirituelles. En 1936, une de ces femmes s’y établit, puis deux autres en 1940, et ainsi de suite. Au milieu du siècle, les sept premières sœurs s’engagent à vie et adoptent la règle de Taizé.


A la même époque, la redécouverte de la vie communautaire dans le protestantisme suscite d’autres communautés en France et en Allemagne. Grandchamp compte actuellement 36 sœurs vivant à Grandchamp et 12 à l’extérieur, notamment en Suisse alémanique, en Algérie et en Israël.Avec de nouvelles vocations, ce nombre est stable.



Comment devient-on sœur de Grandchamp?

– S. Lauranne souligne qu’«il s’agit pour chacune d’un appel très personnel. Pour certaines, c’est la liturgie qui attire, pour d’autres l’œcuménisme, la communauté ou la vie contemplative. Tout cela forme un équilibre. C’est grâce au Christ de l’Evangile que l’on tient toute une vie, c’est lui qui nous a mises ensemble.»


S. Thérèse souhaitait une vie de prière: «Depuis des années, je réalise que cette vie avec les quatre prières par jour n’est pas quelque chose d’étrange pour moi. Cela correspond à ce que je suis.»



Comment se déroule une journée ordinaire à Grandchamp?


– La journée commence à 6h avec une demi-heure de méditation personnelle et se termine à 21h. Chacune se couche ensuite quand elle veut. Le colloque de 8h45 est consacré à l’organisation de la journée. Les repas en commun, les méditations et quatre offices (7h15, 12h15, 18h30 et 20h30) rythment la journée. Deux plages de travail (9h-12h et 15h30-18h) sont consacrées aux diverses tâches: cuisine, jardin, ménage, commissions, accueil et accompagnement des hôtes, secrétariat, etc.


«D’un côté, précise s. Lauranne, ce cadre semble strict, mais chacune a la liberté d’y trouver sa manière de vivre. Il y a aussi des sœurs qui nous quittent car cette forme de vie ne leur correspond pas. On ne s’engage à vie qu’après sept à dix ans. Pour moi, il y a un bonheur à vivre cette forme de vie.»


S. Thérèse ne s’en cache pas, «une trentaine de femmes ensemble peuvent aussi provoquer des conflits. Pour nous, il est très important de grandir en gérant les tensions sans les cacher. Le pardon et la réconciliation sont essentiels.»



Quels sont les enseignements de cette forme de vie?


- Jésus se retirait à l’écart mais il passait aussi du temps avec les gens. Les deux sœurs affirment que cet équilibre est essentiel: «Pour que la vie communautaire ne soit pas étouffante, chaque sœur doit avoir son temps et son espace personnels. Par ailleurs, la communauté est largement ouverte à l’accueil et nous avons un jour de congé par mois et trois semaines de vacances annuelles.»


A leurs yeux, «le rythme a un effet structurant, il respecte le corps. On évite d’être débordées par le boulot.» «Nous prenons nos repas ensemble, explique s. Lauranne, ce qui est parfois difficile dans les familles où tous ont un horaire différent.»
Un autre apprentissage bénéfique consiste à ne faire qu’une chose à la fois. Il s’agit de vivre une vie contemplative, en gérant le vécu quotidien par l’enracinement dans la prière. «L’engagement à vie permet de construire un projet durable. C’est une alternative à ce que notre société propose: les changements fréquents de travail, de domicile, l’instabilité des relations affectives, etc.



Le rayonnement de Grandchamp et l’accueil des hôtes


- Les sœurs bénéficient d’une grande bienveillance de la part de la population. A Grandchamp, les gens trouvent une communauté de prière et un espace de tranquillité qu’on ne trouve hélas pas fréquemment dans les paroisses: «C’est un lieu où l’on peut vivre une certaine gratuité, être accueilli tel que l’on est», conclut s. Lauranne.

INFOS

Les offices sont publics et il y a possibilité d’être accueilli pour des retraites individuelles ou en groupe. Le prix indicatif de 60 à 80 francs par jour (pension complète) ne doit être un obstacle pour personne. Chacun paie ce qu’il veut de façon anonyme.Une brochure est disponible sur place.

Le site Internet www.grandchamp.org renseigne sur tous les aspects pratiques: adresse, horaires, dates des retraites et autres événements, etc. Renseignements: 032 842 24 92.