Révision de la loi sur l’asile: divergences dans les milieux protestants

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Révision de la loi sur l’asile: divergences dans les milieux protestants

16 mai 2013
reformiert.info/ProtestInfo - La loi sur l’asile révisée est en vigueur depuis le 29 septembre 2012. Malgré cela, le peuple votera sur cette loi le 9 juin. Les organisations de migrants et les syndicats ont lancé un référendum après que le Parlement a approuvé les modifications de la loi en les déclarant urgentes.

Dans les milieux chrétiens protestants, on trouve aussi bien des partisans que des adversaires de la révision. Alors que le Parti évangélique suisse (PEV) est favorable à la révision et que l’Alliance évangélique suisse (SEA/RES) renonce à donner un mot d’ordre – selon son secrétaire général Marc Jost, l’opinion des membres n’est «pas uniforme» –, la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS) et l’Entraide protestante suisse (EPER) rejettent la nouvelle loi.

Procédure d’asile via les ambassades. Le principal sujet de critique est, selon la FEPS et l’EPER, la suppression de la procédure d’asile via les ambassades: désormais, les requérants d’asile n’ont plus la possibilité de déposer une demande d’asile dans une représentation suisse à l’étranger et – après examen par l’ambassade et l’Office fédéral des migrations – d’entrer en Suisse par une voie sûre.

Maintenant, ils ne peuvent plus présenter leur demande qu’à la frontière ou sur territoire suisse. «Cette suppression touche les plus faibles», explique Simon Röthlisberger, chargé des questions de migration à la Fédération des Églises. Selon lui, la procédure d’asile via les ambassades permettait aux personnes en quête de protection d’entrer en Suisse sans avoir recours à un passeur. Désormais, seuls les réfugiés qui disposent de l’argent nécessaire peuvent envisager le voyage.

Simon Röthlisberger rappelle que les frontières extérieures de l’UE sont fortement gardées. «Aujourd’hui déjà, des milliers de réfugiés n’atteignent jamais l’Europe parce qu’ils se noient dans la Méditerranée. Nous craignons qu’à l’avenir il y ait encore plus de personnes qui trouvent la mort au cours de leur fuite.»

On ne dispose pas de documents montrant si cette crainte est déjà confirmée. Mais les spécialistes de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) ainsi que les organisations d’aide aux réfugiés de l’UE supposent, selon le porte-parole de l’OSAR Stefan Frey, «que depuis la suppression de la procédure via les ambassades de plus en plus de personnes, en particulier d’Érythrée, se lancent sur les chemins de fuite risqués procurés par les passeurs.»

Visas humanitaires. La suppression de la procédure d’asile via les ambassades est vue de manière moins dramatique par l’Alliance évangélique suisse (SEA-RES), réseau de chrétiens des Églises libres et de l’Église nationale. Le secrétaire général Marc Jost rappelle que le Conseil fédéral a promis de reprendre sa politique des contingents (admission de réfugiés par groupes), suspendue dans les années 1990.

En outre, les demandeurs de protection dont la vie est menacée pourraient se voir proposer des visas humanitaires. «Ainsi, la Suisse pourrait continuer à accueillir des personnes en danger dans leur pays sans complications administratives», explique Marc Jost. Toutefois, les obstacles à franchir pour obtenir un visa humanitaire sont plus élevés que pour une demande d’asile.

L’Organisation d’aide aux réfugiés craint que le visa humanitaire «ne soit pas réellement utile aux personnes en quête de protection». Par exemple, les réfugiés de Syrie, où il n’y a plus de représentation suisse, en sont en fait exclus, indique le porte-parole de l’OSAR Stefan Frey. La suppression de la procédure via les ambassades était motivée par la forte augmentation du nombre des demandes (2010: 3909; 2011: 6241; 2012: 7612), augmentation due aussi au fait que la Suisse était le seul pays à offrir cette possibilité.

Il en est résulté un fort effet d’aspiration, constate la conseillère nationale PEV bernoise Marianne Streiff. En lieu et place de la procédure via les ambassades, elle préfère miser sur les visas humanitaires et les contingents de réfugiés. Streiff souligne qu’elle n’est pas xénophobe et qu’elle a travaillé dix-sept ans auprès de jeunes étrangers. Mais elle estime que la procédure via les ambassades «n’est pas un moyen approprié d’aider les personnes en quête de protection».

Le PEV est favorable à la loi parce que celle-ci, grâce à une procédure plus rapide et équitable, facilite l’octroi de l’asile à ceux qui sont vraiment en détresse. Cette démarche est d’une nécessité urgente, car «la population n’est malheureusement pas bien disposée à l’égard des requérants d’asile. »

Objection de conscience

La création de centres spéciaux pour les demandeurs d'asile "récalcitrants" est une autre pomme de discorde. La répartition arbitraire des requérants est un risque, prévient la FEPS, tandis que la création de ces centres d'un nouveau genre protègent les demandeurs d'asile qui coopèrent, estime le PEV.

L'objection de conscience et la désertion ne pourront plus non plus être invoqués comme motifs d'asile. Jusqu'ici, aucun requérant n'a été accepté pour ces seules raisons. Il a toujours dû prouver d'autres éléments de persécution. Les partisans du durcissement de la loi soutiennent donc que rien ne changera dans la pratique.

Lors du débat parlementaire, le Conseil fédéral a souligné que les objecteurs de conscience continueront à bénéficier d'une protection. L'article vise donc à faire de la Suisse une destination moins attrayante pour les déserteurs. Pour Simon Röthlisberger de la FEPS, "ce changement apparemment symbolique" est "un mauvais signal": "la Suisse ne doit pas dissuader les persécutés, mais les protéger». (FNA/TB)

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription est confirmée.

Êtes-vous au courant de
l'ACTUALITÉ CHRÉTIENNE
de cette semaine ?

*Champs obligatoires - 🔒 Vos données resteront privées. Désinscription en 1 clic.