Les athées sont-ils plus intelligents que les croyants ?

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Les athées sont-ils plus intelligents que les croyants ?

22 août 2013
(RNS - ProtestInter) Les conclusions d’une récente étude – pour laquelle près d'un siècle de données ont été passées au crible – laissent entendre que plus on est intelligent, plus il est probable qu'on ne croie pas en Dieu.

Pour ce travail, l’équipe de Miron Zuckerman, psychologue à l'Université de Rochester (État de New York), a épluché les conclusions de 63 études réalisées des années 1920 jusqu’à nos jours sur l'intelligence et la religiosité. Pour la majorité de ces études, les personnes les plus intelligentes sont davantage susceptibles de ne pas avoir de croyances religieuses.

«La relation entre intelligence et religion est négative », indique Miron Zuckerman. «Nous nous en sommes rendu compte très tôt au cours de l'étude.» Cependant, le psychologue s'empresse de préciser que son travail – qu'on appelle «méta-étude», parce qu'elle porte sur toute une panoplie d'autres études – ne signifie pas que seuls les idiots croient en Dieu.

Il affirme que tout ce que montre ce travail, c'est que les personnes les plus intelligentes ont moins besoin de religion. «Il ne faut absolument pas en déduire que si on croit en Dieu on est forcément stupide», affirme-t-il. «Je ne parierais pas là-dessus, parce que je pourrais bien perdre un bon paquet d'argent.»

Miron Zuckerman et les co-auteurs Jordan Silberman et Judith Hall écrivent cependant qu'il est probable que les personnes qui sont plus intelligentes parviennent à combler certains besoins fondamentaux – des «fonctions», en termes psychologiques – en dehors de la religion.

Ces fonctions comprennent entre autres l'estime de soi, le sentiment d'appartenance à une communauté et le sentiment d'avoir un but bien précis. «Selon nous, il est possible que le fait d’avoir un niveau d’intelligence élevé assure les mêmes fonctions que ce qu’apporte la religion aux fidèles», explique Miron Zuckerman.

L’étude conclut en outre que les gens dotés d’une intelligence supérieure sont moins susceptibles de croire en Dieu parce qu’ils sont davantage enclins à remettre en question les normes établies et les dogmes. Il est aussi plus probable qu’ils aient un esprit analytique, ce qui, d’après d’autres études, constitue un frein à la croyance religieuse. Ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour les croyants, insiste Miron Zuckerman.

«Les fonctions auxquelles nous nous intéressons donnent à entendre que, à de nombreux égards, les personnes religieuses sont mieux loties que les non-croyants», affirme-t-il. «La religion apporte beaucoup aux sentiments d’estime de soi, de maîtrise de sa destinée et d’attachement. Pour tous ces aspects, le fait d’être croyant procure des avantages et c’est cela que doivent retenir toutes les personnes qui sont religieuses.»

R. Albert Mohler Jr., président du Séminaire théologique baptiste du Sud à Louisville (Kentucky, États-Unis), s’est dit «extrêmement préoccupé» par cette étude. «Ce type d’étude met en exergue un point essentiel pour les croyants chrétiens», a-t-il dit. «Notre foi ne s’appuie pas sur des rapports scientifiques. Quiconque dont la foi est ébranlée par l’idée selon laquelle la recherche prouve qu’un haut niveau d’intelligence entraîne une moindre croyance religieuse se méprend sur sa foi.»

Lillian Daniel est une pasteure congrégationaliste et l’auteure d’un livre sorti récemment, «When "Spiritual But Not Religious" is Not Enough» («Quand le "spirituel mais pas religieux" ne suffit pas». Selon elle, beaucoup de personnes intelligentes sont à l’aise avec «la métaphore et le mystère» de la foi.

«Ce n’est pas que l’intelligence entraîne l’athéisme ou que l’instruction entraîne la perte de la foi, mais selon moi à mesure qu’on avance dans les études, la pression des pairs à rejeter toute forme de religion – associée au fondamentalisme – augmente», affirme-t-elle. «Il s’agit là d’un des derniers préjugés acceptables dans un environnement qui revendique son ouverture d’esprit.»