Allemagne: Les musulmanes pourront suivre les cours de natation en burkini

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Allemagne: Les musulmanes pourront suivre les cours de natation en burkini

20 septembre 2013
Leipzig (epd - ProtestInter) On peut raisonnablement attendre des jeunes musulmanes qu’elles participent aux cours mixtes de natation vêtues d’un maillot de bain intégral. Pour respecter leurs sentiments religieux, le port d’un burkini, maillot de bain couvrant entièrement le corps, constitue une solution de compromis appropriée, ont estimé les juges du Tribunal administratif fédéral allemand à Leipzig.

Dans cette affaire, on a mis l’accent sur la recherche d’une solution pratique conciliant le mandat de formation et d’éducation assumé par l’État, d’une part, et la liberté de religion ancrée dans la Constitution, d’autre part, ont expliqué les juges. C’est pourquoi une exemption de l’enseignement de la natation ne serait pas admissible. La haute juridiction de Leipzig confirmait ainsi une décision du Tribunal administratif de Kassel.

L’origine du litige est le fait qu’en 2011 une écolière musulmane a refusé, pour des motifs religieux, de participer aux cours de natation où elle aurait côtoyé des garçons. Le port d’un burkini n’entrait pas non plus en ligne de compte pour elle.

Elle se fondait, pour justifier son refus, sur la liberté de religion protégée par la Constitution, en affirmant que les impératifs musulmans en matière d’habillement ne permettent pas de participer à des cours de natation en commun avec des garçons. La jeune fille, originaire du Maroc, fréquente un gymnase à Francfort-sur-le-Main. Sa plainte avait déjà été rejetée par les instances précédentes.

«La formation du jugement s’est orientée sur une solution pratique conciliant l’impératif religieux et le mandat éducatif», a expliqué le président du Tribunal Werner Neumann. «La Chambre estime qu’il y a des solutions applicables correspondant aux prescriptions de l’islam en matière d’habillement.» Parmi celles-ci figure le port du burkini, maillot de bain couvrant tout le corps, imaginé il y a quelques années par une styliste australienne d’origine libanaise et qui ne laisse à découvert que le visage, les mains et les pieds.

En outre, la plaignante faisait valoir qu’elle ne voulait pas s’exposer à voir des jeunes gens en vêtements légers. La 6e Chambre a rejeté cet argument, considérant qu’il n’y avait là «qu’une atteinte mineure aux convictions religieuses» puisque, dans la vie quotidienne, on rencontre souvent des jeunes gens et des hommes portant des vêtements légers.

Que ce soit en été ou sur des affiches publicitaires, «on ne peut y échapper.» En outre, l’obligation scolaire est inconditionnelle: on ne peut exiger un enseignement qui estompe des réalités sociales ressenties comme inconvenantes sur la base de convictions religieuses individuelles.

L’école est tenue de favoriser l’exercice de la tolérance

L’avocat Klaus Meissner a expliqué, au nom de sa cliente, que le port d’un burkini conduirait à «l’exclusion et la stigmatisation». Les juges ont répondu à cela que la jeune fille portait un foulard islamique dans les autres cours auxquels elle assistait: «L’argument de la stigmatisation ne nous a pas convaincus.» En outre, l’école est tenue de favoriser l’exercice de la tolérance, qui ne doit pas être un effort à sens unique.

«Je suis la seule fille de ma classe à porter un foulard», a expliqué Asmae, la plaignante âgée aujourd’hui de 13 ans, après l’audience, en ajoutant qu’un burkini ne l’aiderait pas, puisqu’elle devrait de toute manière continuer à supporter la vue de jeunes garçons en vêtements légers. «Mais j’accepte toute décision du Tribunal.» La question de savoir si la famille va porter l’affaire devant la Cour constitutionnelle fédérale demeure ouverte.

Dans un cas analogue, les juges ont également décidé mercredi de ne pas accéder à une demande d’exemption de l’enseignement. Les plaignants, membres de la communauté religieuse des Témoins de Jéhovah, refusaient que leur fils assiste, dans le cadre des cours d’allemand, à la projection du film «Krabat» (Le maître des sorciers), qui montre notamment des pratiques de magie noire.

Il ne s’agit pas d’enseigner ces pratiques ou de les promouvoir, mais simplement de les représenter, a décidé le Tribunal administratif fédéral. En outre, l’école a le devoir de familiariser la jeune génération avec l’héritage spirituel et culturel de la société. L’introduction de tabous pour des motifs religieux irait à l’encontre de cette démarche. (FNA-82)