Le salaire minimum n'a rien d'équitable

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Le salaire minimum n'a rien d'équitable

14 mai 2014
Petit patron et militant PLR, Nicolas Leuba ne se reconnaît pas dans la présentation de l'initiative pour un salaire minimum soumis à laquelle il a assisté dans une église lausannoise

Je ne suis pas opposé par principe à ce que l'Eglise mette en avant des arguments éthiques avant des votations. Mais j'étais habitué à ce que mon Eglise respecte une valeur somme toute fondamentale de son histoire: le débat.

Aussi j'ai été surpris par les positions tout simplement partisanes des organisateurs et intervenants de la soirée du 1er mai à Saint-François sur le thème «Travailleurs pauvres et enjeux éthiques».

Serais-je un mauvais chrétien lorsque j'ose me souvenir que toutes les entreprises ne peuvent pas se permettre de payer un salaire mensuel de 4000 francs à l’ensemble de leurs employés? Ou alors est-ce que la pastorale du monde du travail a tout simplement «oublié» de donner la parole à des croyants, qui en plein respect de leurs convictions considèrent que l’initiative «Pour la protection des salaires équitables» n’a rien d’équitable!

Cette initiative fixe un même salaire –22 francs de l’heure– dans toute la Suisse, sans tenir compte des différences salariales entre les régions et sans tenir compte des différents secteurs d’activités. Elle promet un salaire d'au moins 4000 francs y compris à ceux qui n’ont aucune qualification ou expérience professionnelle.

Certains patrons ne peuvent même pas se verser 4000 fr.

Un montant que les nombreuses microentreprises de notre pays, par exemple les coiffeurs, les paysans, les restaurateurs, ne pourront jamais offrir à leurs employés. Ces personnes travaillent sans relâche et se battent pour la pérennité de leur entreprise sur un marché de plus en plus concurrentiel, parfois sans se verser à eux-mêmes une telle rémunération alors qu’ils sont les patrons, les preneurs de risques, les moteurs de l’économie de notre pays.

C’est la réalité du terrain et les syndicats le savent, eux qui ont accepté et négocié bon nombre de conventions collectives de travail comportant un salaire parfois au-dessous des 4000 francs.

Je suis pour la progression des salaires

Comme patron d'entreprise depuis plus de vingt ans, j'ai, non seulement, formé des apprentis, mais aussi travaillé avec des manœuvres et des ouvriers qualifiés même brevetés et maitrisés et, en accord avec mes convictions chrétiennes, je suis pour la progression des salaires, mais selon une échelle raisonnable.

Ce n’est pas un salaire minimum qui rendra les choses équitables, mais bien, pour chaque métier, une convention collective négociée paritairement ayant force obligatoire! Alors, je rejetterai cette initiative, convaincu de contribuer ainsi au maintien du tissu économique de ma région et déçu que mon Eglise ne laisse aucune place à cette réalité... de terrain.