Gel des licenciements à l’Église réformée vaudoise

La maison de paroisse de Chamblandes à Pully où s'est déroulé
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La maison de paroisse de Chamblandes à Pully où s'est déroulé

Gel des licenciements à l’Église réformée vaudoise

27 juin 2018
Une majorité de l’organe exécutif de l’Église réformée imposerait une ligne sans s’entourer des responsables d’offices, de services ou de régions. La minorité du Conseil synodal serait quant à elle réduite au silence par le principe de collégialité. Une règle que le Conseiller synodal John Christin a fait voler en motivant longuement sa démission surprise, à un an de la fin de la législature.

«Le Conseil synodal a entendu les inquiétudes de la Commission de gestion et du Synode et ne songe pas à régler les problèmes par des licenciements. Il s’engage donc à éviter de procéder à des licenciements durant la dernière année de la législature.» Cette déclaration du Conseil synodal (exécutif) transmise par le Bureau du Synode (organe délibérant) a été transmise dans une newsletter à l’ensemble du personnel et des personnes engagées dans l’Église évangélique réformée du Canton de Vaud (EERV).

Deux décisions sont également communiquées: l’adoption du rapport de gestion 2017 et le fait que la Commission de gestion va mettre en place un suivi et investiguer sur la question de la gestion des ressources humaines.

Si le Bureau du Synode a dû communiquer de cette façon, c’est que le point sur la gestion a fait l’objet d’un huis clos, samedi 16 juin au second jour de la session du printemps de l’organe. Ce point focalisait en effet les critiques tant de la Commission de gestion dans son rapport que du conseiller synodal John Christin, qui en début de session, vendredi 15 juin, a demandé la parole pour présenter sa démission avec effet immédiat, non sans avoir auparavant dénoncé les dysfonctionnements de l’exécutif dont il faisait partie.

La machine grince de partout

«Le Conseil synodal intitule son rapport d’activité “Et pourtant elle tourne”. Pourtant, la machine grince de partout et des insatisfactions se font jour à tous les niveaux», écrit en effet la Commission de gestion qui constate que «la gestion des situations de crises en matière de RH qui sont apparues le long de l’année 2017 a fait émerger une divergence très forte au sein du Conseil synodal, divergence qui a mis en relief, de fait, deux visions qui président à leurs décisions. La première met en avant l’humain en mettant au second plan l’aspect des règles et procédures à respecter. La deuxième, bien que reconnaissant l’importance de l’humain, donne la priorité au respect des règles et procédures.»

Une interprétation des faits que John Christin réfute. «Je ne peux que regretter que la Commission de gestion soit restée en surface, n’ait pas posé de questions pertinentes au Conseil synodal. À la lecture de votre rapport, Messieurs, tout le monde a pu interpréter ce qu’il voulait», a déclaré le démissionnaire dans son discours surprise de vendredi. Si la gestion des ressources humaines cristallise un certain nombre de tensions, pour John Christin, ce n’est pas l’origine du problème. Dans son discours, il a par contre décrit un exécutif dans lequel deux membres prennent les décisions seuls, faisant peu de cas des retours et expériences des professionnels de terrain. «Les rumeurs faisant état d’une quasi-dictature au sein du Conseil synodal ont un fondement de vérité. Je peux dire qu’aujourd’hui, l’air y est irrespirable.»

La question du management n’est pourtant pas évoquée dans la communication faisant suite au huis clos de samedi. «En l’état il n’est pas possible d’en dire plus», explique la conseillère synodale Line Dépraz, répondante information et communication. «Nous avons annoncé aux collaborateurs des Cèdres (NDLR Le siège de l’EERV se trouve au chemin des Cèdres à Lausanne) un suivi du dossier et des informations supplémentaires. Nous devons pour cela nous réunir les six.» 

Crise autour de la responsabilité des ressources humaines

La goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase et poussé John Christin à la démission est la décision de lui retirer le dossier des ressources humaines pour le confier au président du Conseil synodal Xavier Paillard. Une décision que John Christin explique par le fait qu’il a défendu l’Office des ressources humaines (ORH) au sein de l’exécutif à une période où, à la suite des licenciements qui ont fait grand bruit, «le Conseil synodal a voulu se dégager de ses responsabilités en les mettant sur les seules épaules du responsable ORH.» Dans son discours, il explique: «j’étais en lien très étroit avec le responsable de l’ORH et je pouvais mieux mesurer que mes collègues l’investissement nécessaire pour accomplir ses tâches. L’éclairage que j’apportais en séance m’a dès lors été reproché, notamment par la bouche du président qui considérait que j’étais plutôt un défenseur de l’ORH et de son responsable, qu’un porte-parole du Conseil synodal.»

Interrogé peu après cette démission surprise, Xavier Paillard avouait être en désaccord avec les arguments avancés par son ancien collègue. «Mais je ne vais pas entrer dans un jeu de ping-pong en reprenant chacun des points évoqués.» Quant à la question du changement de répondant de l’ORH au sein du Conseil synodal, le président explique «vu l’importance qu’a cet office, il est important que la courroie de transmission avec le Conseil synodal fonctionne bien.»

Espace culturel des Terreaux pérennisé

Durant cette session, les délégués ont également décidé d’octroyer une subvention annuelle de 275’000 francs à l’Espace culturel des Terreaux, pour les saisons 2019-2020 et 2020-2021. Une décision qui marque la volonté de faire perdurer cette interface entre culture et religion malgré le départ à la retraire de son fondateur Jean Chollet.

Les comptes 2017 ont été adoptés. Ils présentent un bénéfice de 931’000 francs alors qu’un déficit de 850’000 francs avait été budgété pour environ 43,5 millions de francs de charges. Le Synode a accepté de diminuer la contribution des régions et des paroisses à la caisse cantonale.