Un groupe d'entraide appelle les gouvernements européens à aider les réfugiés libyens

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Un groupe d'entraide appelle les gouvernements européens à aider les réfugiés libyens

19 avril 2011
Varsovie, le 19 avril (ENInews\Jonathan Luxmoore) – Une organisation œcuménique d'entraide a appelé les gouvernements européens à intensifier l’aide aux réfugiés de la guerre en Libye. Elle prévient qu'en restant passifs devant cette situation, les pays européens risquent de mettre à mal leurs relations avec le monde arabe.


« L’Union européenne devrait fournir une assistance en matière de structures de relocalisation. Au lieu de cela, nous ne voyons qu’un renforcement des contrôles aux frontières, destinés à empêcher de nouvelles arrivées », a déclaré Geneviève Jacques, employée de la Cimade, un service d'entraide placé sous l’égide de la Fédération protestante de France (FPF).

« Les gouvernements et les peuples d’Europe se sont félicités de l’élan de démocratisation qui traverse le monde arabe. Il est donc hypocrite et absolument inacceptable que nous rejetions les migrants et les réfugiés qui essayent de rejoindre l’Europe suite à ces évènements », a-t-elle déclaré dans un entretien avec le correspondant d’ENInews.

Geneviève Jacques a tenu ces propos après s'être rendue dans des camps de transit à la frontière ouest de la Tunisie, camps qui abritent actuellement plus de 200 000 personnes, dont la plupart sont d’anciens travailleurs immigrés déplacés par les combats entre les troupes du dictateur Mouammar Kadhafi et les forces d’opposition en Libye.
« Solidarité extraordinaire » des Tunisiens Les Tunisiens ont fait preuve d’une « solidarité extraordinaire » lorsque les réfugiés ont commencé à arriver fin février, a-t-elle déclaré, ajoutant que plus de 150 000 migrants ont été rapatriés depuis, essentiellement vers l’Asie et l’Afrique.

Elle a précisé que plus de 3 000 d’entre eux n’ont cependant pas pu rentrer chez eux pour cause de guerre et d’instabilité, notamment en Somalie, au Soudan, et en Côte d’Ivoire. Ces personnes sont actuellement bloquées dans une zone désertique isolée de Tunisie, et elles manquent de nourriture, d'eau et d'abris.

« Les Tunisiens nous ont expliqué qu’ils avaient offert leur protection et leur hospitalité parce qu'ils venaient de recouvrer leur propre dignité grâce à une révolution. Mais le flot des migrants est si important qu’ils ne peuvent pas y faire face », a déclaré Geneviève Jacques, dont l’organisation a été fondée par des étudiants protestants pour aider les réfugiés au début de la seconde guerre mondiale.

Si l’Europe réagit à ces révolutions en se contentant de faire la police et de protéger ses frontières, le message qu'elle fera passer ne sera pas positif. « C’est pour cette raison que nous appelons les pays européens à aider ces gens qui n’ont nulle part où aller. Au lieu de dresser de nouvelles barrières et des clôtures de sécurité, nous devrions proposer des espaces de relocalisation. C’est une zone très instable et nous ne savons pas ce qui se passera si nous ne le faisons pas. »

Plus de 400 000 personnes auraient fui la Libye depuis la mi-février. Environ 22 000 personnes ayant débarqué sur l’île italienne de Lampedusa ont été menacées de retour forcé par le gouvernement de Silvio Berlusconi. Par ailleurs, un grand nombre de réfugiés seraient arrivés à Malte ainsi que dans d’autres pays méditerranéens.

« Si l’Europe est vue comme hypocrite et manquant de crédibilité dans cette période cruciale, cela n’augure pas de bonnes relations avec nos voisins du Sud. De la même manière, si l’Europe réagit à ces révolutions en se contentant de faire la police et de protéger ses frontières, le message qu'elle fera passer ne sera pas positif », a-t-elle déclaré.

Selon Geneviève Jacques, l’économie libyenne était dépendante des 1,5 million de travailleurs immigrés avant les combats, mais elle a ajouté qu’environ un occupant du camp sur dix a déjà été réfugié dans le pays.

Elle a encore fait savoir que les représentants de la Cimade appelleraient à l'action lors des négociations à venir avec le ministre français des Affaires étrangères et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, avec le soutien de la FPF et d’autres organisations chrétiennes. (632 mots-ENI-F-11-0046-JMP)