En Côte d’Ivoire, les Eglises se préparent à venir en aide aux victimes des troubles
18 avril 2011
Nairobi, le 18 avril (ENInews\Frederick Nzwili) – Des responsables d’Eglise ivoiriens déclarent se préparer à faire face à des besoins humanitaires urgents dans leur pays. La Côte d'Ivoire est entrée dans une phase de transition avec la destitution, le 11 avril, de l’ancien dictateur Laurent Gbagbo et l’accession au pouvoir du président démocratiquement élu Alassane Ouattara.
« Nous observons la situation … Nous craignons un exil massif des populations vers les pays voisins », s’inquiète le père Blaise Amia N’Guessan, secrétaire général de la Conférence épiscopale de Côte d’Ivoire, dans un entretien téléphonique accordé au correspondant d'ENInews depuis la capitale économique ivoirienne, Abidjan.
Sa déclaration est intervenue suite à l’arrestation – par les troupes loyales à Alassane Ouattara soutenues par l’armée française – de Laurent Gbagbo, qui refusait de quitter le pouvoir depuis l'élection présidentielle du mois de novembre. Les troupes de maintien de la paix de l'ONU avaient encadré le scrutin, à l’issue duquel Alassane Ouattara avait été reconnu vainqueur. Au cours des combats qui s’en sont suivis entre les partisans des deux camps, quelque 1 500 personnes auraient trouvé la mort.
« La situation est calme mais précaire, ici. Les gens peuvent se déplacer, mais la peur reste présente », a déclaré le père Amia N’Guessan.
Le 13 avril, Valerie Amos, responsable du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, a fait savoir au Conseil de sécurité qu’il y avait environ 800 000 personnes déplacées à l’intérieur de la Côte d’Ivoire et que l’aide humanitaire d’urgence nécessaire s’élevait à 300 millions de dollars, pour couvrir des besoins tels que l'approvisionnement en nourriture et en eau potable ou la prévention des maladies.
L’association de défense des droits de la personne basée au Royaume-Uni Amnesty International a, le 13 avril, exhorté Alassane Ouattara à cesser les représailles à l’encontre des partisans de Laurent Gbagbo. Selon Amnesty International, des hommes armés en uniforme procèdent à des fouilles maison par maison dans Abidjan et, dans l'ouest du pays, de nombreuses personnes sont parties se cacher dans la brousse, fuyant leurs villages incendiés.
« Il y a eu des tueries ethniques en représailles », a déclaré dans un courriel adressé à ENInews l’évêque Sumoward Harris, de l’Eglise luthérienne du Libéria, pays limitrophe de la Côte d’Ivoire. « Les troupes françaises et les casques bleus patrouillent dans les rues d’Abidjan pour protéger les civils et les biens », écrit-il.
Le Libéria accueille des réfugiés de Côte d'Ivoire et l'évêque Harris a déclaré que la Communauté des Eglises et conseils chrétiens d'Afrique occidentale (FECCIWA) pourrait être en mesure de leur venir en aide. « Forts de notre expérience en matière de sortie de traumatisme, de réconciliation et de consolidation de la paix, nous avons réalisé une évaluation et prévoyons de nous rendre en Côte d’Ivoire lorsque les conditions le permettront. »
Il se félicite par ailleurs du fait qu'Alassane Ouattara ait demandé un arrêt des combats. « Nous espérons que la bataille ne durera pas longtemps », a-t-il déclaré, ajoutant que les réfugiés seront prêts à repartir chez eux si leur sécurité est assurée. (531 mots-ENI- F-11-0045-JMP)