Bible et médias au coeur de la Journée de la femme
La Communion mondiale d'Eglises réformées (CMER) soutient les efforts de sensibilisation au préjudice que les mots et les images peuvent causer aux femmes. C'est ce qu'elle rappelait dans un communiqué rendu public avant la commémoration du 8 mars.
« Certains passages bibliques sur les femmes – par exemple ceux qui affirment qu'elles doivent garder le silence à l'église (I Co. 14,33-34) – peuvent leur causer du tort, notamment quand ces passages sont utilisés pour justifier la soumission forcée des femmes à l'autorité des hommes », a déclaré la théologienne guyanienne Patricia Sheerattan-Bisnauth, qui est à la tête du programme pour la justice hommes-femmes à la CMER.
« Si la langue de la Bible n'est pas comprise dans les termes actuels, a-t-elle dit, certains passages peuvent être utilisés pour faire en sorte d'exclure les femmes de la direction des Eglises. »
Interprétations fémininesA l'approche de la journée de la femme, l'Association mondiale pour la communication chrétienne (AMCC), à Toronto, a appelé à redoubler d'efforts pour que les droits des femmes soient protégés à travers les médias, notamment grâce à l'étude des médias en tenant compte de la perspective du genre.
« Le concept des droits des femmes à la communication comprend le droit à une représentation juste et équilibrée dans et à travers les médias », a indiqué l'AMCC. Selon Patricia Sheerattan-Bisnauth, il est important de lire et d'interpréter la Bible « en tenant compte de la dimension de genre ».
« Il est nécessaire que les femmes et hommes d'Eglise apprennent à lire la Bible à la lumière de leur réalité économique, sociale, politique et culturelle, a-t-elle déclaré. Les Eglises doivent encourager l'ouverture vis-à-vis des interprétations féminines de l'Ecriture et veiller à ce que leurs voix soient entendues dans les séminaires théologiques et les paroisses locales. »
La CMER a indiqué que parmi ses projets visant à mettre l'accent sur une lecture de la Bible plus ouverte figure un programme mis en place dans les Caraïbes, qui a pour objectif la réalisation d'un manuel intitulé « Righting Her-Story: Caribbean Women Encounter the Bible Story » (« Rectifier l'histoire des femmes: des femmes des Caraïbes face à l'histoire de la Bible »).
La CMER, basée à Genève, offre des bourses et propose son soutien aux femmes souhaitant obtenir une formation théologique et être ordonnées. Elle note pourtant que 40% de ses Eglises membres n'ordonnent toujours pas les femmes. Créée en juin 2010, la CMER est issue de la fusion entre l'Alliance réformée mondiale et le Conseil œcuménique réformé. Elle compte 230 Eglises membres représentant 80 millions de chrétiens.
Abus sexuels et conflit arméEn Afrique, un éminent responsable d'Eglise a appelé la communauté internationale à garder en mémoire les femmes qui, en République démocratique du Congo (RDC), subissent des violences sexuelles dans le cadre du conflit armé. « Je vous invite instamment à soutenir les organisations qui défendent leurs droits, afin qu'elles puissent continuer à condamner les abus », a déclaré le pasteur Josué Bulambo Lembelembe, vice-président de l'Eglise du Christ au Congo.
Le pasteur Lembelembe est le fer de lance des efforts de paix dans l'est de la RDC, qui est au cœur d'un conflit opposant l'armée congolaise et des groupes rebelles. Selon des organisations de défense des droits de la personne, le viol est utilisé comme arme de guerre dans cette région.
Les Eglises de la région ont aidé des milliers de femmes et de jeunes filles victimes de viols et soumises à l'esclavage sexuel à obtenir des soins médicaux, des conseils psychologique et une assistance juridique, a expliqué le pasteur Lembelembe au correspondant d'ENInews depuis la ville de Bukavu. Au cours des deux derniers mois, plusieurs soldats et officiers ont été reconnus coupables de viol et condamnés à des peines de prison.
Aux Etats-Unis, les organisateurs des Journées œcuméniques de défense des causes, une conférence qui se tiendra à Arlington, dans l'Etat de Virginie, du 25 au 28 mars, ont fait savoir que le thème de la réunion sera « Développement, sécurité et justice économique: la part de la dimension hommes-femmes ».
« Cette semaine, alors que dans le monde entier on célèbre la Journée internationale de la femme sur le thème de l'égalité pour les femmes, il est opportun que des militants simples citoyens et des experts du pays tout entier et de l'étranger se penchent en détails sur des questions telles que les femmes et la pauvreté, ou les femmes et l'économie mondiale, en passant par les femmes et la migration », peut-on lire dans un communiqué du Church World Service, à New York.
Des informations complémentaires (en anglais) sont disponibles sur http://advocacydays.org (829 mots-ENI-11-F-0025-JMP)