Libye: des responsables chrétiens promettent de rester sur place malgré les violences
25 février 2011
Nairobi, le 25 février (ENInews\Fredrick Nzwili) – Des responsables religieux chrétiens de Libye affirment n'avoir aucune intention de quitter le pays. Sur place, les manifestations qui durent depuis plusieurs jours se sont heurtées à une réaction brutale des forces armées gouvernementales, provoquant la mort de plusieurs centaines de personnes.
« Notre place est ici, aux côtés de nos sœurs qui travaillent dans les centres sociaux. Les Libyens apprécient vraiment leur travail, qui est souvent encouragé et reconnu », a déclaré le père Daniel Farrugia, prêtre catholique romain de l'église Saint-Francis de Tripoli, au correspondant d'ENInews le 22 février.
Il a affirmé que le clergé était en sécurité, ainsi que les églises. Le matin, la vie de l'Eglise est encore quasiment normale, mais beaucoup d'étrangers quittent le pays, a-t-il indiqué.
« Nous prions pour tous ceux qui souffrent en cette période, et pour que les dirigeants prennent leurs décisions avec sagesse », a déclaré le père Farrugia.
En Libye, 1,8% des 6,7 millions d'habitants sont chrétiens, le reste de la population étant essentiellement musulmane. L'Eglise catholique, qui serait la plus grande Eglise en Libye, dispose de deux lieux de culte autorisés dans le pays: l'église Saint-Francis, dans la capitale Tripoli, et l'église de l'Immaculée conception, à Benghazi. Selon d'autres sources, c'est l'Eglise orthodoxe copte qui serait la plus importante. Des églises de traditions anglicane, orthodoxe grecque et pentecôtiste sont également présentes en Libye. Travail sur le terrain Les responsables d'Eglise sont au service de 80 000 à 100 000 chrétiens originaires d'Asie, d'Afrique et d'Europe. En plus du service d'accompagnement pastoral, l'Eglise propose également des services sociaux à un grand nombre d'immigrants africains. Près d'une centaine de religieuses travaillent dans des hôpitaux et des centres de santé à divers endroits.
Alors que les violences s'intensifiaient, l'évêque Giovanni Innocenzo Martinelli, vicaire apostolique de Tripoli, a déclaré le 22 janvier que les chrétiens étaient nombreux à se rendre dans les églises afin de prier pour la paix. « Les deux églises, à Tripoli et Benghazi, n'ont pas été endommagées. Les diverses communautés de religieuses travaillant dans des hôpitaux de Cyrénaïque (région côtière de l'est de la Libye, où se trouve notamment Benghazi), ont beaucoup à faire avec les personnes qui ont été blessées au cours des affrontements », a indiqué l'évêque Martinelli.
Le 21 février, il avait déclaré à Radio Vatican depuis Tripoli que les troubles avaient pour fondements des revendications légitimes de la part des jeunes, qui aspirent à un avenir meilleur, avec par exemple une maison, un salaire plus élevé ou simplement un emploi. « La Libye est relativement prospère », a souligné l'évêque Martinelli, « et c'est peut-être là que le bât blesse. Les jeunes voient un pays qui pourrait leur venir en aide mais qui ne le fait pas », a-t-il expliqué.
Selon lui, il est difficile de prévoir quelle issue trouvera la crise, mais il a affirmé à Radio Vatican que l'Eglise catholique souhaite voir une forme de réconciliation qui permettra au peuple libyen d'avoir ce qui est juste. (502 mots-ENI-11-F-0019-JMP)