Référendum au Sud-Soudan: la population d'origine chrétienne quitte le nord

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Référendum au Sud-Soudan: la population d'origine chrétienne quitte le nord

7 février 2011
Juba, Sud-Soudan, le 7 février (ENInews\Fredrick Nzwili) – Dans le nord du Soudan, des responsables chrétiens affirment que des Eglises, des paroisses et des écoles chrétiennes ferment parce que la population va vers le sud du pays. Cette région vient de se prononcer par référendum en faveur de son indépendance.


« C'est la tendance qu'on observe. Certaines communautés sont disséminées et voient leur population chuter. Alors les paroisses ferment », a indiqué l'évêque catholique romain Daniel Adwok, évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Khartoum, au correspondant d'ENInews le 3 février.

Lors du référendum qui s'est tenu à la mi-janvier, les électeurs du Sud-Soudan ont massivement voté en faveur de l'indépendance de leur région, théâtre de deux longues guerres civiles. La région devrait accéder à l'indépendance en juillet.
Pour l'évêque Adwok, ces fermetures sont dues au fait que les personnes qui s'étaient installées dans le nord pendant le conflit sont en train de rentrer volontairement et en masse dans le sud. Selon lui, il faut s'attendre à ce que les mouvements se poursuivent pendant la période de transition, entre février et juillet de cette année. « Encore plus de gens vont partir pendant cette période ... Mais nous n'anticipons pas de gros changements dans les grandes villes, surtout pour la principale cathédrale, à Khartoum », a-t-il déclaré.

Le pasteur Ramadan Chan Liol, secrétaire général du Conseil des Eglises du Soudan (SCC), qui rassemble des Eglises des traditions catholique romaine, protestante et orthodoxe, a confirmé que les paroisses concernées sont essentiellement constituées de gens du sud. « Avec le départ en masse des populations originaires du sud et des monts Nouba, certaines Eglises se retrouvent désertées, a-t-il affirmé. Les Eglises réfléchissent à ce qu'elles vont faire de leurs propriétés paroissiales. »

L'Eglise catholique romaine envisage de restructurer et de fusionner certaines paroisses du nord, selon le père George Jangara Modi, secrétaire à l'éducation du diocèse de Khartoum. « Nous mettons à jour nos registres. Nous voulons voir qui va rester dans les paroisses », a-t-il expliqué.

Selon le père Jangara, les Eglises, paroisses et écoles les plus touchées sont celles des camps de déplacés et des régions où des personnes déplacées s'étaient installées. Des écoles qui comptaient jusqu'à 400 ou 500 élèves se retrouvent désormais avec un effectif de 60 ou 70 personnes.

« Nous sommes préoccupés par la sécurité des chrétiens dans le nord »

Si de nombreux chrétiens seraient retournés volontairement dans le sud, pour beaucoup d'observateurs, ils seraient en fait partis car ils craignaient pour leur sécurité. « Nous sommes préoccupés par la sécurité des chrétiens dans le nord, parce qu'ils vont devenir une minorité. Nous cherchons à voir s'il est possible de les placer sous la protection d'une loi en tant que minorité », a récemment déclaré dans une interview le pasteur Chan, du SCC.

Les responsables d'Eglises craignent que si le gouvernement musulman du nord adopte, comme il l'a promis, une charia stricte, l'Eglise en pâtisse. Ils soulignent par ailleurs que des représentants du gouvernement de Khartoum avaient déclaré pendant la campagne du référendum qu'en cas de sécession du sud, les chrétiens du nord ne bénéficieraient plus d'aucun service. (ENI-11-0009\F/521 mots/JMP)