Les chrétiens du Népal organisent leur propre recensement

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Les chrétiens du Népal organisent leur propre recensement

1 février 2011
Katmandou, le 1er février (ENInews/Sudeshna Sarkar) – Alors que le Népal se prépare à réaliser son recensement décennal, la communauté chrétienne du pays, inquiète d'être vue comme une minorité négligeable malgré sa croissance, recensera ses propres membres cette année. La Société chrétienne du Népal (NCS), qui rassemble plusieurs organisations protestantes, est le fer de lance de cette toute nouvelle initiative.

« Nous pensons que le recensement réalisé par l'Etat ne dresse pas un tableau fidèle des minorités religieuses », a déclaré Lok Mani Dhakal, secrétaire général de la NCS. « Les recenseurs de l'Etat classent les gens comme hindous du moment qu'ils ont un nom traditionnel. De plus, la crainte des persécutions ont incité par le passé les chrétiens à dissimuler leur véritable religion. »

Jusqu'en 2006, le Népal était le seul Etat hindou au monde dirigé par une dynastie royale dont les membres étaient considérés comme des incarnations d'un dieu hindou. La conversion était passible d'emprisonnement et l'abattage des vaches, considérées comme sacrées par les hindous, était interdit.

En 2006, la guérilla communiste qui menait une révolte armée pour renverser la monarchie conclut un accord avec les partis politiques marginalisés. De cette alliance découla une grève générale nationale de 19 jours, soutenue par la communauté internationale.
Les manifestations paralysèrent le régime du roi Gyanendra Bir Bikram Shah, soutenu par l'armée, et forcèrent le souverain à céder le pouvoir. Cette abdication fut suivie d'élections en 2008, qui entraînèrent l'abolition officielle de la monarchie par le Parlement nouvellement élu et l'affirmation du Népal en tant que république fédérale et laïque.

« Le dernier recensement a eu lieu en 2001 », a indiqué Bikash Bista, directeur général adjoint du Bureau central de la statistique, qui organise le recensement tous les dix ans. A l'époque, la population népalaise s'élevait à 23 millions d'individus. Les hindous constituaient la majorité (80,62% de la population) et le bouddhisme était la deuxième religion du pays. Les chrétiens ne représentaient que 0,45% de la population.

Espoir dans une république démocratique laïque

Bikash Bista reconnaît que les régimes précédents, plus répressifs, empêchaient les gens d'afficher librement leur religion. « Maintenant que le Népal est une république démocratique laïque, nous nous attendons à une modification remarquable du profil religieux », a-t-il dit au correspondant d'ENInews depuis Katmandou. « Le nombre de chrétiens a grimpé en flèche. Il y a de plus en plus d'Eglises et les paroisses s'agrandissent », a-t-il ajouté.

Le recensement national débute le 17 juin. Quelque 34 000 agents menés par 8000 superviseurs seront déployés dans l'ensemble des 75 districts du Népal afin de réaliser l'enquête en 11 jours. Le recensement chrétien n'en est quant à lui qu'à la phase de planification.

« Nous entamons à partir de février un atelier de deux mois pour nous pencher sur le questionnaire, la méthodologie et la mobilisation des fonds », a expliqué  Lok Mani Dhakal. « Nous sollicitons l'aide des églises et nous négocions avec les autres Eglises pour mener notre recensement de concert. »

Contrairement au recensement d'Etat, dans lequel on demande seulement aux gens d'indiquer leur religion sans plus de détails, le recensement chrétien prévoit de dénombrer la population chrétienne et de ventiler les statistiques par sexe, classe d'âge, dénomination, statut social et niveau d'éducation. Il cherchera également à déterminer le nombre d'églises dans le pays.

Lok Mani Dhakal estime que la population chrétienne représente aujourd'hui 1,2 million des 28 millions d'habitants du pays. « Si le recensement prouve que les chrétiens constituent désormais entre 2 et 4% de la population, le gouvernement devra nous inclure dans les divers processus décisionnels », a-t-il affirmé. Par exemple, le gouvernement devra leur faire une place au Parlement, où aucun chrétien ne siège parmi les 601 députés.

(ENI-11-0006/F/618 mots/JMP)