Le patriarche orthodoxe russe dénonce l'attentat perpétré dans un aéroport de Moscou
26 janvier 2011
Moscou, le 26 janvier (ENInews\Sophia Kishkovsky) – Le patriarche orthodoxe russe Kirill Ier a dénoncé l'attentat terroriste perpétré lundi dernier, le 24 janvier dans l'aéroport le plus fréquenté de Moscou, le considérant comme une « odieuse grimace du péché, une distorsion barbare de la nature humaine ». Il a en outre déploré le fait que des actes autrefois condamnés même en temps de guerre « deviennent aujourd'hui une forme de protestation. »
Il a tenu ces propos après un office célébré dans une église remplie d'étudiants de l'Université d'Etat de Moscou et de représentants des autorités, réunis pour célébrer la Sainte Tatiana, le 25 janvier, fête religieuse et jour des étudiants en Russie.
Cette année, la Sainte Tatiana a été l'occasion d'évoquer les tensions ethniques croissantes et de rendre hommage aux victimes de l'attentat suicide perpétré à l'aéroport moscovite de Domodedovo, dont le bilan s'élève à au moins 35 morts et plus de 150 blessés.
Le kamikaze et les commanditaires de l'attentat n'ont pas été identifiés, mais plusieurs autres attentats ont secoué Moscou ces dernières années et les auteurs étaient liés à des mouvements séparatistes de Tchétchénie et d'autres républiques du Caucase Nord, une région agitée du sud du pays. Deux guerres ont été menées contre la Tchétchénie par les autorités russes depuis 1994.
Ramzan Kadyrov, le leader tchétchène soutenu par le Kremlin, a été accusé d'abus des droits de la personne, mais on lui attribue le mérite d'avoir reconstruit la république et d'avoir écrasé les activistes islamistes, tout en encourageant sa propre forme de fondamentalisme musulman.
L'office du 25 janvier s'est déroulé à l'église Sainte-Tatiana, située à quelques pas du Kremlin et de la place du Manège, où en décembre des supporters de football nationalistes russes avaient provoqué une émeute et s'en étaient pris à des passants au teint basané originaires du Caucase. Ces événements avaient été déclenchés par la mort de Yegor Sviridov, un supporter de football russe tué dans une rixe avec des migrants provenant du Caucase.
« Il y a peu, des événements terrifiants se sont déroulés ici sur la place du Manège, juste à côté de l'église de l'université et, tout à coup, la société tout entière a tremblé et a commencé à dire qu'il y avait des problèmes », a déclaré le patriarche Kirill Ier pendant l'office, selon l'agence de presse russe Interfax.
Avant cela, les tensions ethniques s'accentuaient depuis plusieurs mois déjà à Moscou. Le projet de construction d'une mosquée dans un quartier du sud-est de la ville avait notamment suscité la colère des riverains. La capitale russe accueille de nombreux migrants musulmans originaires du Caucase et d'Asie centrale, qui fuient les guerres ravageant leurs régions d'origine depuis la chute de l'Union soviétique et viennent à Moscou en quête de débouchés économiques.
Ravil Gaïnoutdine, président du Conseil des muftis de Russie, a cité le Coran dans un communiqué du 25 janvier, affirmant que « le feu de l'enfer » attend ceux et celles qui ont perpétré l'attentat à l'aéroport de Domodedovo. (509 mots - ENI-11-0003\F-JMP)