Election à la tête de l'Eglise réformée vaudoise

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Election à la tête de l'Eglise réformée vaudoise

4 juin 2009
La campagne en vue de la réélection du conseil synodal de l'Eglise réformée vaudoise débute sur les chapeaux de roue
L'homme fort de cet exécutif, Antoine Reymond, pourrait ne pas être réélu le 27 juin. Au total, cinq hommes visent à occuper les trois postes réservés aux ministres dans le gouvernement de l'Eglise vaudoise, dont M. Reymond est le seul pasteur sortant. Antoine Reymond estime ses chances à 30% de rester au conseil synodal, a-t-il expliqué à ProtestInfo, revenant sur une information parue jeudi dans « 24 Heures ». Elément massue jouant en sa défaveur, le rapport de la commission de gestion (CG) du synode (parlement) sur le fonctionnement du conseil synodal en 2008. Accusation de « mobbing » Revenant sur un conflit de travail, cette commission « s'inquiète du comportement relationnel totalement inadéquat », selon elle, d'Antoine Reymond. Il s'agit dans les grandes lignes d'accusation de « mobbing » qu'aurait exercé le ministre, à l'encontre d'un collaborateur.
Xavier Paillard, membre de la commission de gestion et candidat au conseil synodal, estime avoir fait son travail. « Si la commission de gestion ne rend pas compte des dysfonctionnements, où va la démocratie au sein de l'Eglise ?» se demande-t-il. Il estime, avec ses quatre collègues de la CG, « avoir travaillé au plus près de sa conscience », a-t-il dit à ProtestInfo.
M. Reymond ne sous-estime pas le conflit professionnel mentionné par la CG, mais regrette « l'instrumentalisation » de cette affaire dans le cadre de l'élection. La CG lui a même proposé de ne pas mettre ce cas sur la place publique, si jamais il ne se représentait pas. « Cela n'aurait plus été pertinent », estime M. Paillard.
Si M. Reymond peut manquer de doigté dans les rapports professionnels, selon l'appréciation de ses partisans, la CG n'est pas le lieu où régler un confit de travail, selon eux. « Ces affaires doivent être gérées dans le cadre d'une commission d'enquête, d'une commission de conciliation, ou d'un tribunal le cas échéant, mais pas par la CG », estime par exemple le pasteur Jean-Denis Kraege. De plus, dans le cas cité par la CG, la situation est réglée, selon les propres termes de la personne concernée, cités dans une lettre. Même face-à-face qu'il y a quatre ans Les candidatures de Xavier Paillard, coordinateur de la région du Nord vaudois, et de Jean-Michel Sordet, coordinateur de la région Morges, ont un goût de déjà-vu, puisqu'ils avaient déjà tenté leur chance en 2004 face à Antoine Reymond, en vain. M. Sordet n'a pas souhaité s'exprimer sur le cas Reymond.
M. Reymond doit également faire face à la mouvance évangélique, qui revendique un siège avec la candidature de Pierre Bader. Quelle que soit l'issue du scrutin, devant la tentation du repli identitaire que peut incarner une certaine mouvance évangélique, M Reymond s'engage pour une église multitudiniste, ouverte à tous, et non sectaire. « Cela est d'ailleurs inscrit dans la Constitution vaudoise », a-t-il souligné.
« Le lien avec la société est central », a-t-il relevé. « Faire entendre la voix des réformés sur des questions comme les minarets, soumis en votation fédérale, ou le suicide assisté (sur lequel les Vaudois vont être appelés à voter) est essentiel ».
Souvent considéré comme le porte-parole des réformés vaudois, voire romands, par les médias, le milieu ne lui pardonne guère sa forte présence à ces tribunes. « Personne n'a jamais critiqué le contenu de mes propos », a-t-il toutefois nuancé.
Ecouté au niveau politique, il négocie actuellement la convention de subventionnement de l'EERV portant sur 35 millions de francs. « Nous avons échappé au concept du point Tarmed pour le prix d'un baptême », a-t-il expliqué, à titre de boutade.
Le « patron » de l'EERV, en place depuis 9 ans, semble relativement pessimiste sur ses chances de réélection. La douloureuse période de mue au sein de l'institution a provoqué des frustrations. A cela s'ajoute la crainte des pasteurs face à un avenir où la sécularisation gagne du terrain. Antoine Reymond, dont la tête dépasse, cristallise un certain mécontentement ambiant.
Le conseil synodal est composé de sept membres, quatre laïcs et trois ministres (pasteurs ou diacres). Le cinquième candidat pour l'un des trois postes de ministres, le diacre Guy Besançon, semble assuré d'être élu. Autre élément: le pourcentage octroyé au conseil synodal passe de 280% (100%: M. Reymond et 30% les autres) à 400%. Les membres sont libres de se répartir les postes, à l'image du Conseil fédéral. Rôle au niveau régional Outre l'enjeu cantonal, M. Reymond est aussi à la tête de la CER (Conférence des Eglises romandes). S'il n'était pas réélu à l'exécutif de l'Eglise vaudoise, il devra vraisemblablement quitter ce poste.
M. Reymond est également l'un des candidats potentiels si Thomas Wipf, qui termine sa troisième législature, décide de quitter la tête des Fédérations des Eglises protestantes de Suisse (FEPS). Ces élections sont agendée à l'été 2010. S'il était élu, il devrait alors quitter son poste vaudois, s'il l'occupe encore, car la présidence de la FEPS représente un 100% et n'est pas compatible avec un poste de permanent au sein de l'Eglise vaudoise.
L'église vaudoise est la plus forte en Suisse romande et la troisième en importance au niveau national après Berne et Zurich.