« Un Juif pour l'exemple » pousse les Vaudois à se replonger dans leur passé

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« Un Juif pour l'exemple » pousse les Vaudois à se replonger dans leur passé

24 février 2009
L'idée de déposer une plaque commémorative en souvenir d'Arthur Bloch, le marchand de bestiaux de confession juive assassiné en 1942 à Payerne, fait son chemin
Antoine Reymond, porte-parole du conseil synodal de l'Eglise réformée vaudoise, soutient cette démarche. Le canton de Vaud pourrait y être associé.Le roman de Jacques Chessex « Un Juif pour l'exemple », qui raconte l'assassinat d'Arthur Bloch par un petit groupe de nazillons à Payerne, ne laisse pas indifférent dans le canton de Vaud. « Ce n'est pas une histoire morte », a dit M. Reymond lundi soir à l'Estrée à Ropraz devant près de 200 personnes. « C'est une des premières histoires que l'on m'a racontée quand je suis arrivé à Payerne », où M. Reymond a travaillé comme pasteur.

« Cette histoire peut aider à accomplir une sorte de psychanalyse collective », a-t-il poursuivi. Une plaque commémorative à Payerne serait bienvenue, selon lui. Pour éviter aux Payernois de porter seuls le poids de ce crime, plusieurs participants ont plaidé pour que le canton s'associe à cette démarche.

L'Eglise protestante n'échappe pas non plus à ses responsabilités, car un pasteur a joué un rôle-clé dans l'assassinat de M. Bloch, le pasteur Lugrin. En 1997, l'Eglise vaudoise s'est penchée sur son attitude pendant la 2e guerre mondiale à l'égard des Juifs. Une étude a conclu que l'hostilité contre les Juifs, distillée par l'idéologie nazie, avait conquis de nombreux esprits dans ses rang.Eviter que « le brun redevienne une couleur dominante »

Cette démarche vise aussi à se prémunir contre un retour de l'antisémitisme ou d'autres formes de racisme. M. Reymond a souligné le risque que « le brun redevienne une couleur dominante ».

Pour Lionel Elkaim, assistant rabbinique à la synagogue de Lausanne il y a en la matière « un devoir de mémoire et de vigilance ». Et le livre de Jacques Chessex fait partie de l'arsenal à disposition, surtout pour informer les jeunes des deux religions, a-t-il relevé.

Jean-Robert Allaz, vicaire épiscopal de l'Eglise catholique du canton de Vaud, regrette pour sa part la décision du pape Benoît XVI de réhabiliter les évêques d'Ecône, dont un négationniste. Ce n'est pas un bon signal, selon lui. Même si quelques semaines plus tard, le pape a à nouveau clairement condamné la Shoah.

Enfin, pour Marcel Cohen-Dumani, qui a participé à la Constituante vaudoise, la forme de l'antisémitisme est en train de changer. Il ne craint plus tant l'extrême-droite, mais des attaques plus générales contre les valeurs judéo-chrétiennes.

NOTE: Le débat s'est tenu à l'Estrée à Ropraz lundi 23 février sur l'impulsion du Service communautaire « Présence et solidarité » de la Haute Broye de l'Eglise réformée vaudoise. Son titre: christianisme et antisémitisme. Jacques Chessex a lu en préambule des extraits de son livre. Des représentants des communautés protestante, catholique et juive se sont prêtées au débat.