Un théologien chinois protestant, docteur honoris causa de l'Université de Neuchâtel

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Un théologien chinois protestant, docteur honoris causa de l'Université de Neuchâtel

2 novembre 2008
L'Université de Neuchâtel a décerné un doctorat honoris causa au théologien chinois Aiming Wang pour avoir su adapter l'héritage protestant à la société chinoise contemporaine
« Je suis très honoré de cet honneur. Merci ». C'est avec ces simples mots qu'Aiming Wang a reçu samedi son doctorat honoris causa décerné par l'Université de Neuchâtel. À peine de quoi trahir la joie et la fierté que lui confèrent ce titre. Son profil modeste et discret ne reflète pourtant pas la place qu'occupe ce théologien chinois protestant dans son pays. Si son parcours universitaire théologique a commencé à Neuchâtel par une licence en herméneutique religieuse, il est aujourd'hui doyen et vice-président du Séminaire national protestant de Nankin (NTS), le plus grand séminaire protestant de Chine.

Dans son discours, Lytta Basset, doyenne de la Faculté de théologie, a exprimé « l'estime à un théologien d'origine et de culture chinoises, qui (...) s'efforce de contribuer à l'élaboration d'une théologie authentiquement chinoise ». Estimé à près de cent millions de personnes, l'ensemble protestant chinois est diversifié et empreint « du piétisme et du christianisme américain fondamentaliste », souligne Lytta Basset. « La volonté de Wang d'introduire en Chine une réflexion théologique de haut niveau scientifique et critique paraît une oeuvre digne de soutien, d'encouragement et de respect ».

L'un des défis majeurs du doyen du séminaire protestant de Nankin est d'améliorer la formation des pasteurs chinois, mauvaise à l'heure actuelle. La Chine compte d'autres séminaires de plus petite envergure, qui s'apparentent plutôt à des écoles bibliques et dont les professeurs sont mal formés. Le NTS se doit d'offrir une formation de qualité, gage de reconnaissance auprès du gouvernement. Il s'agit aussi pour Aiming Wang de lutter contre le « cancer du nationalisme » qui colonise les Églises protestantes chinoises. Il ne faut cependant pas douter qu'il aime autant son pays que la théologie protestante. Lytta Basset le décrit d'ailleurs comme convaincu de l'apport précieux que l'enseignement de la Réforme peut fournir aux relations entre la société, l'État et les Églises de Chine.

Et c'est bien au coeur de son pays que ce théologien, formé aux idées des réformateurs européens, est actif. Né en 1963 dans la province de Jiangsu (est), Aiming Wang a étudié la littérature occidentale à Nankin, discipline qu'il a également enseigné à l'Université. Son parcours universitaire suisse, débuté à Neuchâtel en 1993, s'est terminé par un doctorat à l'Université de Bâle en 2005, avec un séjour de quelques mois à Yale aux États-Unis. En plus de ses fonctions actuelles de doyen au NTS, où il est professeur de dogmatique et d'éthique, il est également directeur du comité national théologique du Conseil chrétien de Chine et responsable de la revue théologique de ce conseil.