Conférence de presse à Romanel-sur-Lausanne: Un pasteur algérien témoigne de la dure vie faite aux chrétiens

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Conférence de presse à Romanel-sur-Lausanne: Un pasteur algérien témoigne de la dure vie faite aux chrétiens

25 septembre 2008
«On nous considère, nous, chrétiens algériens, comme plus dangereux que des terroristes »
Vice-président de l’Église protestante d’Algérie, Salah Chalah, pasteur de la communauté protestante de Tizi-Ouzou en Kabylie, frappe par son calme et son langage pondéré. Invité à Lausanne par l’association Portes Ouvertes, il témoigne des tracasseries quotidiennes, des discriminations et des persécutions dont les chrétiens sont l’objet dans un Etat dont la religion officielle est l’islam, mais qui garantit, dans les textes, le libre exercice du culte.

En février 2006, une ordonnance met sérieusement en péril la liberté de religion garantie par la Constitution algérienne. Elle prévoit l’emprisonnement de deux à cinq ans et de lourdes amendes pour quiconque « incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tentant à convertir un musulman à une autre religion », mais aussi « quiconque fabrique, entrepose ou distribue des documents imprimés ou tout autre moyen audio-visuel visant à ébranler la foi d’un musulman ». En vertu de cette nouvelle ordonnance, deux communautés chrétiennes ont été fermées, des Algériens ont été arrêtés et condamnés pour prosélytisme parce qu’ils étaient porteurs d’une bible. Les chrétiens convertis sont rejetés par leur famille et leur milieu social. Deux directeurs d’école primaires ont été démis de leur fonction, pour parce qu’ils se sont convertis au christianisme. Une nouvelle forme d’intimidation est apparue, le kidnapping : « Un père de famille a été kidnappé, séquestré pendant plus de 48 heures, puis chassé de sa ville et de son poste de travail par un groupe non identifié, pour le seul fait qu’il est chrétien, explique Salah Chalah, notre Église a par ailleurs été mise en demeure de cesser toute activité jusqu’à la régularisation de sa situation, alors qu’il y a treize ans qu’elle a été officiellement enregistrée comme Eglise auprès du Ministère des Affaires Religieuses. Et le pasteur algérien de préciser : « Nous ne sommes pas une secte, nous ne sommes pas à la solde des Occidentaux, encore moins des évangéliques américains, nous voulons simplement vivre notre foi dignement et librement ». Les protestants semblent plus visés que les catholiques. Ces derniers semblent mieux tolérés pour des raisons politiques, - Le Vatican est un Etat - mais aussi parce qu’il s’agit souvent d’Occidentaux vivant en Algérie, dont on accepte qu’ils aient une autre religion d’origine. Moins nombreuse que les catholiques, la petite communauté protestante d’Algérie se sent tout particulièrement lésée dans ses droits et s’inquiète. Elle en appelle à la solidarité internationale pour qu’elle puisse trouver sa place dans la société algérienne et que la police cesse d’inquiéter ses responsables.

Une Table ronde aura lieu à Yverdon-les-Bains le 27 septembre 2008 à 16 heures, sur le thème « Chrétiens de l’ombre », avec les pasteurs Salah Chalah d’Algérie, E. Ayoub du Bangladesh, et Fawzi Khalil d’Egypte.