Laurent Schlumberger : le pasteur qui retape ses collègues
3 septembre 2007
Face aux ministres réformés romands rassemblés vendredi à Genève, Laurent Schlumberger n’a pas ménagé ses efforts pour inviter ses pairs à reprendre leur souffle
Pour ce pasteur de l’Eglise Réformée de France, l’Eglise doit faire face, avec courage, à ses fragilités. Rencontre avec un homme de terrain.Le pasteur, dans son quotidien est souvent pris entre le marteau et l’enclume.Il faudrait dire « les marteaux et les enclumes » tant les sollicitations qui lui sont faites sont diversifiées, souvent vécues comme exclusives et parfois contradictoires. Ainsi, l’attente d’un comité éthique hospitalier, celle d’un groupe de catéchumènes ou celle de l’institution vis-à-vis de l’administration d’une paroisse, peuvent être aux antipodes les unes des autres. Ces contraintes disparates, souvent éclatées, sont au cœur des difficultés du ministère.Que dites-vous aux pasteurs pour les encourager ?A l’époque, la fonction portait la personne, aujourd’hui c’est le contraire. Et comme la fonction n’est plus reconnue, elle est souvent vécue comme une réalité épuisante. Il me semble que les pasteurs doivent accepter de ne pas être de héros de la foi. Ils ne peuvent pas compenser les évolutions sociales, mais simplement rassembler la communauté autour de l’Evangile.
Avec, pour ne rien arranger, une mise en question de l’institution Eglise, en proie à des remous importants
Les difficultés liées à la diminution des moyens financiers apparaissent en premier. Les Eglises sont contraintes à redéfinir leur mission. Celle-ci n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’elle était de par le passé. Traditionnellement considérées comme le lieu de la croyance, les Eglises ne sont aujourd’hui plus nécessaires à l’expression de la foi. Ainsi, pour la plupart des contemporains, croire et appartenir sont aujourd’hui des réalités totalement séparées.La fin de ce statut privilégié peut conduire à la nostalgie. L’Eglise doit-elle se faire plus conquérante ?Une restauration n’efface jamais une révolution. Aucun retour en arrière n’est possible, l’Eglise pourrait alors succomber à la tentation de se changer en « club pour les initiés ». Je considère, au contraire, que l’Eglise dispose d’une nouvelle occasion de se réapproprier sa mission : partager la Parole qui la fait vivre et proposer cette Parole à d’autres. Chaque fois que l’Eglise se retrouve sur ce terrain, elle est au centre de sa vocation.Que faites-vous de la pudeur réformée qui se refuse au prosélytisme ?Le protestantisme valorise l’intimité de la foi et le respect de la conscience de l’autre. Le silence et la réserve s’imposent à juste titre. Mais cette réserve va souvent jusqu’à taire l’Evangile. Dans notre fraternité (la Mission populaire évangélique de France, dans le 15ème à Paris), le label est explicite pour tous, même pour les athées militants. J’ai découvert que l’expression de notre foi ne tord pas la relation, mais au contraire, la libère.L’Eglise est-elle capable du changement que vous appelez de vos vœux ?J’observe autour de moi un très grand désir de renouveler les formes du croire et de dire ce qui nous fait avancer, même s’il y a un désarroi sur la manière de le faire. Il n’y a aucune recette miracle, mais de nombreuses tentatives locales. Je crois que nous sommes en train de sortir d’une phase d’affaissement pour retrouver une manière pertinente de parler de l’Evangile aujourd’hui et demain.
Avec, pour ne rien arranger, une mise en question de l’institution Eglise, en proie à des remous importants
Les difficultés liées à la diminution des moyens financiers apparaissent en premier. Les Eglises sont contraintes à redéfinir leur mission. Celle-ci n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’elle était de par le passé. Traditionnellement considérées comme le lieu de la croyance, les Eglises ne sont aujourd’hui plus nécessaires à l’expression de la foi. Ainsi, pour la plupart des contemporains, croire et appartenir sont aujourd’hui des réalités totalement séparées.La fin de ce statut privilégié peut conduire à la nostalgie. L’Eglise doit-elle se faire plus conquérante ?Une restauration n’efface jamais une révolution. Aucun retour en arrière n’est possible, l’Eglise pourrait alors succomber à la tentation de se changer en « club pour les initiés ». Je considère, au contraire, que l’Eglise dispose d’une nouvelle occasion de se réapproprier sa mission : partager la Parole qui la fait vivre et proposer cette Parole à d’autres. Chaque fois que l’Eglise se retrouve sur ce terrain, elle est au centre de sa vocation.Que faites-vous de la pudeur réformée qui se refuse au prosélytisme ?Le protestantisme valorise l’intimité de la foi et le respect de la conscience de l’autre. Le silence et la réserve s’imposent à juste titre. Mais cette réserve va souvent jusqu’à taire l’Evangile. Dans notre fraternité (la Mission populaire évangélique de France, dans le 15ème à Paris), le label est explicite pour tous, même pour les athées militants. J’ai découvert que l’expression de notre foi ne tord pas la relation, mais au contraire, la libère.L’Eglise est-elle capable du changement que vous appelez de vos vœux ?J’observe autour de moi un très grand désir de renouveler les formes du croire et de dire ce qui nous fait avancer, même s’il y a un désarroi sur la manière de le faire. Il n’y a aucune recette miracle, mais de nombreuses tentatives locales. Je crois que nous sommes en train de sortir d’une phase d’affaissement pour retrouver une manière pertinente de parler de l’Evangile aujourd’hui et demain.