Hafid Ouardiri poursuit son combat pour un islam de l’ouverture

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Hafid Ouardiri poursuit son combat pour un islam de l’ouverture

9 août 2007
Son cheval de bataille, c’est le dialogue interculturel et interreligieux, l’intégration, l’ouverture des musulmans à la société suisse et une meilleure connaissance de l’islam par les non musulmans
Ancien porte-parole de la mosquée de Genève, licencié de façon aburpte en mars dernier, Hafid Ouardiri poursuit son travail pour concilier intégration et identité religieuse et s’investit dans la Fondation de l’Entre-connaissance qu’il a fondée en 1999 avec Nemat Mardam-Bey, petite-fille du président fondateur de la Fondation culturelle islamique et mosquée de Genève. Rencontre.Après son licenciement en mars dernier par Fathy Neamat-Allah après 29 années de service, le nouveau directeur de la mosquée envoyé par la Ligue islamique mondiale (fondée en Arabie Saoudite en 1962) pour reprendre en main les mosquées qu’elle finance et contrôle en Europe, Hafid Ouardiri découvre avec un étonnement ému les nombreux témoignages de solidarité de membres de la communauté musulmane qu’il a accompagnée pendant de longues années ainsi que ceux de la population genevoise toutes cultures et confessions confondues. Lors de notre interview dans un café proche de la gare, il a été fréquemment salué par des passants qui venaient l’assurer de leur soutien et lui redire leur aspiration à vivre leur religion dans la paix et la discrétion, à concilier intégration et identité religieuse. Cette reconnaissance de sa présence au sein de la cité met du baume sur la blessure que sa faconde habituelle camouffle avec dignité.

Porte-parole libre de parole

Si Hafid Ouardiri a perdu son travail, il se félicite par contre d’avoir retrouvé son entière liberté de parole. « Je suis aujourd’hui totalement indépendant, en somme un ancien porte-parole libre de parole ! », précise-t-il avec un grand sourire. Et pas muet pour deux sous quand il s’agit d’expliquer son combat contre l’ignorance, d’évoquer l’école du dialogue interreligieux dont il rêve, d’évoquer la jeune génération de musulmans à qui il aimerait enseigner une foi ouverte, loin de tout repli illusoirement protecteur et qui peut devenir enfermement. « Quand les gens s’entendent, se comprennent et respectent leur humanité, de quelque religion qu’ils soient, c’est merveilleux, non ? C’est pourquoi il ne faut pas mettre nos différences en exergue, et reconnaître ce qu’il y a de convergent entre les religions. A partir de ce socle commun, on peut discuter de ce qui fait problème ».

Très vite, on aborde l’exclusion dont bien des musulmans se sentent victimes. « A partir du moment où je vis ma foi, non contre les autres, mais avec les autres, il n’y a aucune raison qu’on m’exclue. Mais il est vrai que suite aux attentats du 11 septembre en 2001, il y a une focalisation sur les musulmans, en réalité sur ce qu’ils ne sont pas dans leur grande majorité, reconnaît Hafid Ouardiri : « S’il y a des déviances qui nous font tort, on ne peut automatiquement nous les imputer. A nous aussi de cesser d’alimenter la diabolisation par notre comportement ou notre manque d'engagement. S’il y a exclusion, c’est qu’il y a ignorance et nous nous devons de rétablir la connaissance. Je rêve d’une école du dialogue interreligieux. Mon engagement vise essentiellement les jeunes générations ».