Livres: Jacqueline Kelen fait l'éloge des louanges

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Livres: Jacqueline Kelen fait l'éloge des louanges

5 juillet 2007
La louange ouvre tout l’espace du cœur. Elle défie la douleur, le désespoir, le sentiment d’injustice et l’incompréhension
Elle relie l’homme à la lumière. Elle est le chant d’une soif infinie qu’aucun homme n’étanchera jamais. Toujours à contre-courant de l’esprit du temps, Jacqueline Kelen, auteur de nombreux essais spirituels, fait l’éloge de la louange, seule façon pour elle de se hisser vers l’absolu, même face au silence de Dieu. En demeurant dans les reproches, l’homme se voue à la mort, estime Jacqueline Kelen, qui a revisité à maintes reprises les mythes anciens et les textes bibliques. Elle fustige l’homme moderne qui répugne à dire merci, ignore la bénédiction parce qu’il croit que tout lui est dû, mais étouffe dans la cacophonie assourdissante du monde, n’écoutant plus sa petite musique intérieure et se privant de sa capacité d’émerveillement devant tout ce qui l’entoure.

L’auteur de cet essai revigorant rappelle l’abondance et la permanence des louanges qui montent depuis que l’homme se tient debout et embrasse le ciel de son regard. Quelle que soit la civilisation dont ils viennent, en premier lieu s’élèvent des hymnes : chants d’Egypte pharaonique, prières de Sumer, hymnes védiques, homériques et orphiques, invocations aztèques et chants de triomphe incas ou hymnes chrétiens, tous s’adressent à la lumière, au soleil, aux astres, à la terre-mère, à la pluie, au Dieu éternel, inconnu. « Quand le cœur déborde d’amour, il donne sans cesse des bénédictions ». L’inscription, en lettres cunéiformes, remonte au roi sumérien Gudea qui régna entre 2144 et 2124 avant l’ère chrétienne. Preuve que la louange n’est pas née de la dernière pluie. S’appuyant sur les textes des grands mystiques, qu’ils soient juifs, chrétiens ou soufis, Jacqueline Kelen souligne la gratuité de la louange, qui « acclame, remercie et bénit sans rien demander pour soi ».

Elle invite le lecteur à s’émerveiller de ce qui l’entoure, du visible et de l’invisible, à chanter le goût de vivre et la beauté, à sanctifier le quotidien. Pour elle, être attentif à tout ce qui existe, c’est déjà en prendre soin et reconnaître que tout mérite tendresse et amitié.« Cette effusion du cœur est centrale et essentielle », insiste-t-elle.Jacqueline Kelen, Le livre des louanges, 260 pages, éditions Albin Michel, 2007.