Hélène Küng, nouvelle directrice du Centre Social Protestant Vaud : « Faire équipe avec ceux qui la pilent »

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Hélène Küng, nouvelle directrice du Centre Social Protestant Vaud : « Faire équipe avec ceux qui la pilent »

30 janvier 2007
« Je voudrais être une locomotive plutôt qu’un bulldozer » : c’est avec un sourire désarmant et une voix d’ingénue qu’Hélène Küng explique comment elle compte travailler à la tête du Centre Social Protestant du canton de Vaud (CSP) dont elle vient d’être nommée directrice
Mère de quatre enfants, pasteure atypique qui a su donner à ses prédications une pertinence décapante, elle s’est vouée à la cause des requérants d’asile à l’aumônerie œcuménique du Centre d’Enregistrement et de Procédure de Vallorbe et au Service d’aide juridique aux Exilé-e-s à Lausanne. Femme de contact, elle se réjouit de poursuivre de façon plus large son combat contre les inégalités, parce que ça fait partie de sa foi en un « Dieu bienveillant qui aime le monde, contre toute apparence ». Rencontre avec une fonceuse.Intellectuelle vive et femme de terrain tout à la fois : Hélène Küng n’a peur de presque rien, témoigne un collègue, « elle fonce tête baissée dans les combats qu’elle fait siens », elle paie de sa personne. Un jour on la voit battre le pavé, emmitouflée dans un bonnet et une écharpe pour vendre des produits au profit de Terre Nouvelle ; une autre fois, on la retrouve, menue dans sa robe pastorale en plein milieu de la nef de la cathédrale bondée, mimer de façon cocasse les protestants assis, en train de chanter des cantiques ; ou bien encore, on la découvre émerveillée dans une boutique de produits asiatiques et africains où elle a accompagné un requérant d’asile.

Elle se dit « chameau du désert », dans tous les sens du terme : « Je me ressource peu souvent, mais j’engrange dans ma bosse ce qui m’aide à vivre. J’ai appris à tenir entre deux oasis », explique-t-elle. Elle sous-entend qu’elle peut aussi être « chameau » et qu’elle un caractère bien trempé, sous ses allures de gamine.

« Je suis encore un poids plume dans ma connaissance du réseau social, je vais tout faire pour prendre du poids ! », assure-t-elle. Accompagner une équipe de 66 salariés et de 170 bénévoles dans 6 secteurs sociaux différents - consultation conjugale, juridique, sociale, Jet Service pour les jeunes, La Fraternité pour les migrant-e-s, le Point Fixe pour la prévention sida et le Galetas, est un défi qui l’enthousiasme. « L’équipe du CSP est motivée et fait un superbe travail professionnel. A moi de continuer à la rassembler, la motiver, mais aussi à stimuler les donateurs sans qui le CSP ne peut pas mener à bien ses multiples activités et offrir la gratuité à ses usagers ». Hélène Küng se réjouit d’être un lien le Centre social protestant et l’Eglise (EERV).

Son engagement auprès des plus démunis et dans les milieux associatifs de soutien aux requérants, elle le doit au sentiment d’être privilégiée dans la vie et dans sa famille, de par sa formation aussi. « J’appartiens à la même humanité que ceux qui la pilent. Je veux faire équipe avec eux. C’est un élément fondamental de ma foi. Croire que Dieu aime le monde, c’est être interpellée pour lutter contre les inégalités, être aux côtés des plus démunis ».

Envoyés du Département missionnaire des Eglises protestantes romandes, Hélène Küng et son mari Jacques ont travaillé six ans au Rwanda, à l’Ecole de théologie de Butare, où tous deux ont été consacrés au ministère pastoral dans l’Eglise presbytérienne rwandaise. De retour en Suisse,Hélène Küng a milité avec les Femmes pour la Paix et rejoint le comité de soutien à l’Association des Mères bosniaques, puis le Mouvement SOS-Asile Vaud. Elle travaille depuis 2000 à l’aumônerie œcuménique au Centre d'Enregistrement de requérants d’asile de Vallorbe et a assuré un intérim à la direction du Service d’Aide juridique aux Exilé-e-s à Lausanne et à Vallobe.