Les craintes d’un pasteur baptiste de Court (BE) de retour de Beyrouth :« La politique du pire va jeter le Liban dans les bras de l’Iran »
20 juillet 2006
Encore sous le choc des bombardements qui sont en train de mettre le Liban à genoux, le pasteur baptiste Marc Schoeni, qui vient de rentrer de Beyrouth après y avoir enseigné la théologie pendant douze ans, analyse à chaud la situation depuis Court dans le Jura bernois, où il a posé ses valises
Envoyé du DM Echange et Mission, Marc Schoeni s’apprêtait à terminer sa mission à Beyrouth, après y avoir enseigné pendant douze ans le Nouveau Testament à la New East School of Theology (NEST), petite université protestante de la capitale, quand les premiers bombardements israéliens sont tombés sur la ville. « Cette attaque a surpris tout le monde au Liban, même les hommes politiques », raconte-t-il.
Son départ fixé de longue date au 14 juillet dernier, est empêché par les missiles de l’armée israélienne qui tombent la veille sur l’aéroport. Marc Schoeni se voit obligé de quitter le pays en bus, grâce à l’entremise de l’ambassade suisse. Arrivé à Damas après un long détour, les routes principales étant fermées, il se débrouille pour trouver un vol pour la Suisse. De retour à Court où il assurera prochainement une charge pastorale, il livre à chaud ses impressions :
- Je pense que, plus le gouvernement israélien prendra le Liban en otage et cherchera à le mettre à genoux, plus les sunnites du pays, qui avaient adopté des positions plutôt pro-occidentales, se rapprocheront du Hezbollah, qui est, je tiens à le rappeler, un parti politique représenté au Parlement et au gouvernement libanais, s’est doté d’un bras armé. Une vaste consultation s’était engagée à l’échelon national pour savoir s’il fallait intégrer cette résistance à l’armée libanaise ou la laisser prendre des initiatives de guerre en solo, indépendantes de la volonté du gouvernement. Quant à la communauté chiite, elle soutient complètement le Hezbollah et a pour lui une véritable sympathie, en rien forcée.
Comment comprenez-vous cette offensive de l’armée israélienne pour sauver deux de ses soldats enlevés par le Hezbollah ?
Je suppose, étant donné l’ampleur de l’opération militaire israélienne, qu’elle était planifiée de longue date et que l’armée israélienne attendait un prétexte pour punir le Liban considéré comme complice du Hezbollah et diabolisé. Le gouvernement israélien veut arriver, par la force militaire, à imposer l’application de la résolution de l’ONU 1559, qui prévoit de désarmer toutes les milices qui ne font partie de l’Etat. La France et les Etats-Unis s’étaient mis d’accord pour laisser aux Libanais du temps pour discuter du bien-fondé de cette résolution et se mettre à l’appliquer. Je soupçonne les Etats-Unis, qui soutiennent l’offensive israélienne, de duplicité. Et je crains que cette politique du pire ne finisse par jeter le Liban dans les bras de l’Iran.
Son départ fixé de longue date au 14 juillet dernier, est empêché par les missiles de l’armée israélienne qui tombent la veille sur l’aéroport. Marc Schoeni se voit obligé de quitter le pays en bus, grâce à l’entremise de l’ambassade suisse. Arrivé à Damas après un long détour, les routes principales étant fermées, il se débrouille pour trouver un vol pour la Suisse. De retour à Court où il assurera prochainement une charge pastorale, il livre à chaud ses impressions :
- Je pense que, plus le gouvernement israélien prendra le Liban en otage et cherchera à le mettre à genoux, plus les sunnites du pays, qui avaient adopté des positions plutôt pro-occidentales, se rapprocheront du Hezbollah, qui est, je tiens à le rappeler, un parti politique représenté au Parlement et au gouvernement libanais, s’est doté d’un bras armé. Une vaste consultation s’était engagée à l’échelon national pour savoir s’il fallait intégrer cette résistance à l’armée libanaise ou la laisser prendre des initiatives de guerre en solo, indépendantes de la volonté du gouvernement. Quant à la communauté chiite, elle soutient complètement le Hezbollah et a pour lui une véritable sympathie, en rien forcée.
Comment comprenez-vous cette offensive de l’armée israélienne pour sauver deux de ses soldats enlevés par le Hezbollah ?
Je suppose, étant donné l’ampleur de l’opération militaire israélienne, qu’elle était planifiée de longue date et que l’armée israélienne attendait un prétexte pour punir le Liban considéré comme complice du Hezbollah et diabolisé. Le gouvernement israélien veut arriver, par la force militaire, à imposer l’application de la résolution de l’ONU 1559, qui prévoit de désarmer toutes les milices qui ne font partie de l’Etat. La France et les Etats-Unis s’étaient mis d’accord pour laisser aux Libanais du temps pour discuter du bien-fondé de cette résolution et se mettre à l’appliquer. Je soupçonne les Etats-Unis, qui soutiennent l’offensive israélienne, de duplicité. Et je crains que cette politique du pire ne finisse par jeter le Liban dans les bras de l’Iran.