EPER, soixante ans d’aide en réseau
4 juillet 2006
Née après la guerre, la seule œuvre protestante à assumer un mandat d’aide d’urgence est devenu un des six grands partenaires de l’aide humanitaire en Suisse
Sa force : collaborer avec des correspondants locaux pouvant intervenir rapidement à l’étrangerL’an dernier fut terrible sur le front de l’aide humanitaire, où une catastrophe semblait attirer la suivante : de 46 millions en 2004, les charges pour prestations fournies par l’EPER ont passé à 57 millions l’an dernier, en lien direct avec l’aide d’urgence qui a dû être fournie à l’étranger. L’œuvre d’entraide fête cette année ses soixante ans. Sa force est de collaborer avec des organisations locales religieuses ou laïques à même d’intervenir rapidement sur place. Elle met l’accent sur les activités permettant à l’économie de redémarrer : dans la province d’Aceh en Indonésie, la province la plus touchée par le tsunami, de petits crédits ont permis aux femmes devenues cheffes de famille après la mort de leur mari la création de leur commerce. Mais l’Entraide Protestante suisse travaille aussi sur le long terme, comme à l’est du Congo où elle soutient avec le Domaine aide humanitaire de la Direction du développement et de la coopération (DDC) un projet de réhabilitation rurale depuis près de dix ans.
« C’est une région qui a accueilli plus de 800'000 réfugiés rwandais fuyant le génocide et qui, depuis, n’a plus connu la tranquillité. En janvier 2002, l’éruption du Niragongo est venue s’ajouter à la crise humanitaire. La DDC a accepté de financer pour moitié, avec les moyens de l’aide humanitaire, une aide qui au départ relevait plutôt de l’aide au développement », explique Roland Anhorn, en charge de ce dossier à la DDC. Il s’agit de recréer des routes rurales, de relancer l’agriculture (petits élevages, volailles), de reconstruire des ponts sur le fleuve. De juin 2000 à juin 2007, date où cette collaboration cessera, ce projet a été soutenu à hauteur de 2,6 millions de francs, un montant équivalent étant alloué par l’EPER. Roland Anhorn juge que l’EPER « a très bien su adapter rapidement son aide du développement à l’urgence grâce aux réseaux locaux dont elle dispose. L’engagement religieux permet à ces réseaux de se développer sur une base commune, engagée et motivée. Cependant, dans une région où les viols de masse constituent une arme de guerre, l’EPER doit veiller au message de ses représentants sur place. Si le message de certaines Eglises aux victimes est « pardonnez et oubliez », nous devons réagir. »
Pour Marianne Tellenbach, chargée de communication de l’EPER, « c’est un atout d’être une œuvre d’entraide confessionnelle. Au Cachemire, où nous menons actuellement un projet de reconstruction de plus d’un million de francs, la population était impressionnée d’apprendre que des chrétiens se mobilisaient pour des musulmans. » L’EPER apporte en effet son soutien à toute personne défavorisée, quelle que soit son ethnie, sa culture ou sa religion. Membre de la commission d’évaluation des projets de la Chaîne du Bonheur, elle peut à ce titre prétendre à un financement s’élevant à 80% du projet d’aide d’urgence (la part propre de l’EPER étant de 20%). En matière de fonds propres, Marianne Tellenbach est consciente qu’ « il faudra trouver d’autres sources de financement que les Eglises », qui connaissent des difficultés financières, « par exemple auprès des entreprises ou fondations qui apprécient notre travail ».
A l’avenir, l’EPER prévoit d’intervenir dans un plus petit nombre de pays, mais de façon plus approfondie. « Nous renforcerons notre présence au Zimbabwe, et nous nous retirerons du Mozambique en 2008, où de nombreuses organisations sont déjà actives. En Afrique du Sud, nous nous concentrerons sur les provinces les plus démunies ou présentant des risques d’instabilité politique et économique. Dans le domaine de l’urgence, nous veillerons à ce que nos partenaires locaux soient capables de disposer de réseaux susceptibles d’être très rapidement activés. »
« C’est une région qui a accueilli plus de 800'000 réfugiés rwandais fuyant le génocide et qui, depuis, n’a plus connu la tranquillité. En janvier 2002, l’éruption du Niragongo est venue s’ajouter à la crise humanitaire. La DDC a accepté de financer pour moitié, avec les moyens de l’aide humanitaire, une aide qui au départ relevait plutôt de l’aide au développement », explique Roland Anhorn, en charge de ce dossier à la DDC. Il s’agit de recréer des routes rurales, de relancer l’agriculture (petits élevages, volailles), de reconstruire des ponts sur le fleuve. De juin 2000 à juin 2007, date où cette collaboration cessera, ce projet a été soutenu à hauteur de 2,6 millions de francs, un montant équivalent étant alloué par l’EPER. Roland Anhorn juge que l’EPER « a très bien su adapter rapidement son aide du développement à l’urgence grâce aux réseaux locaux dont elle dispose. L’engagement religieux permet à ces réseaux de se développer sur une base commune, engagée et motivée. Cependant, dans une région où les viols de masse constituent une arme de guerre, l’EPER doit veiller au message de ses représentants sur place. Si le message de certaines Eglises aux victimes est « pardonnez et oubliez », nous devons réagir. »
Pour Marianne Tellenbach, chargée de communication de l’EPER, « c’est un atout d’être une œuvre d’entraide confessionnelle. Au Cachemire, où nous menons actuellement un projet de reconstruction de plus d’un million de francs, la population était impressionnée d’apprendre que des chrétiens se mobilisaient pour des musulmans. » L’EPER apporte en effet son soutien à toute personne défavorisée, quelle que soit son ethnie, sa culture ou sa religion. Membre de la commission d’évaluation des projets de la Chaîne du Bonheur, elle peut à ce titre prétendre à un financement s’élevant à 80% du projet d’aide d’urgence (la part propre de l’EPER étant de 20%). En matière de fonds propres, Marianne Tellenbach est consciente qu’ « il faudra trouver d’autres sources de financement que les Eglises », qui connaissent des difficultés financières, « par exemple auprès des entreprises ou fondations qui apprécient notre travail ».
A l’avenir, l’EPER prévoit d’intervenir dans un plus petit nombre de pays, mais de façon plus approfondie. « Nous renforcerons notre présence au Zimbabwe, et nous nous retirerons du Mozambique en 2008, où de nombreuses organisations sont déjà actives. En Afrique du Sud, nous nous concentrerons sur les provinces les plus démunies ou présentant des risques d’instabilité politique et économique. Dans le domaine de l’urgence, nous veillerons à ce que nos partenaires locaux soient capables de disposer de réseaux susceptibles d’être très rapidement activés. »