Mgr Gaillot à Berne:«Le rôle de l’Eglise, c’est d’aider ceux qui n’ont rien»
5 juin 2005
A Berne, lors d’une conférence organisée par les socialistes chrétiens alémaniques, Mgr Jacques Gaillot a évoqué son « combat pour l’être humain » mené par un nombre grandissant de personnes, croyantes ou non
L’ancien évêque d’Evreux a rappelé aussi que la vraie place de l’Eglise ne pouvait être qu’auprès des plus pauvres.La théologie de la libération a-t-elle un avenir chez nous ? Quel catholique pourrait mieux évoquer ce thème que Mgr Jacques Gaillot, grand défenseur des plus démunis? Samedi à Berne,pour cette occasion qui était aussi celle de leur assemblée générale, les socialistes chrétiens alémaniques avaient convié leurs homologues romands à se jouer des barrières linguistiques. Ce dont s’est réjoui le président du mouvement latin depuis 2003, Didier Rochat. « Né en 1914, notre mouvement est presque aussi vieux que le vôtre, qui fêtera son centenaire l’année prochaine », a relevé le conseiller général socialiste et responsable de la formation du personnel à l’Etat de Neuchâtel.
Evêque d’Evreux (Normandie) de 1982 à 1995, Jacques Gaillot est devenu célèbre lorsque sa lutte envers une Eglise plus sociale, qui lui valut d’être chassé de son poste pour être « envoyé au désert », dans le siège épiscopal de Partenia, un évêché fantôme du haut-plateau algérien disparu depuis le 5e siècle. A partir de ce qu’il nommera lui-même une « fiction canonique », Jacques Gaillot crée une nouvelle réalité pastorale : un évêché sur Internet*, véritable lieu de libération pour les marginalisés et les exclus de notre société. Depuis 10 ans, Mgr Gaillot est de toutes les batailles auprès des sans-papiers, des sans-logis, des sans-travail. « Tant qu’il y aura des pauvres, il faudra qu’il y ait une théologie de la libération », explique l’orateur devant un auditoire fourni. Pour Jacques Gaillot, c’est auprès des plus faibles que se situe d’abord la réalité ecclésiale. « Comme l’a montré Jésus, le rôle de l’Eglise consiste à aider ceux qui n’ont rien, pas à rester auprès des nantis ». S’engager pour montrer le vrai visage de l’EvangileRappelant que la pauvreté est une réalité qui ne se confine pas aux pays du Sud, qu’en Occident se multiplient les oubliés de la globalisation économique, l’évêque de Partenia s’interroge : «L’Eglise est-elle aussi une bonne nouvelle pour ceux qui restent au bord de la route? » Au début des années 90, raconte-t-il à titre d’exemple, des sans-papiers ont occupé des lieux de culte un peu partout en France. Et notamment, à Paris, l’église de Saint-Benoît, qu’il fréquente régulièrement. « Cela a duré jusqu’à ce que la police viennent déloger ces gens. Durant cette période, l’Eglise a vraiment été un lieu d’accueil. Des chrétiens ont donné des signes d’espérance, ils ont porté l’espoir des exclus comme l’a souvent fait le Christ ». Des exemples beaucoup trop rares pour ce prélat qui ne cache pas se sentir très éloigné des réalités vaticanes.
Autant dire que Jacques Gaillot voit un avenir à la théologie de la libération sous nos latitudes. Et où de nombreux chrétiens lutteront comme aujourd'hui sur le terrain des inégalités, et où « les Eglises officielles s’engageront et montreront enfin le vrai visage de l’Evangile ». En attendant, Mgr Gaillot continuera ce qu’il nomme « son combat pour l’être humain » en compagnie de croyants et d’athées ou de libertaires. Avec la conviction qu’au « moment du Jugement dernier, je serai interrogé sur mes liens avec mes frères les plus démunis et non sur le nombre de messes célébrées! » UTILE
*www.partenia.org
Jacques Gaillot a par ailleurs écrit un livre relatant cette décennie de combat : Carnets de route 1995-2005, 10 ans après…, éd. J-C Gawsewitch
Le site des socialistes chrétiens romands : www.frsc.ch
Evêque d’Evreux (Normandie) de 1982 à 1995, Jacques Gaillot est devenu célèbre lorsque sa lutte envers une Eglise plus sociale, qui lui valut d’être chassé de son poste pour être « envoyé au désert », dans le siège épiscopal de Partenia, un évêché fantôme du haut-plateau algérien disparu depuis le 5e siècle. A partir de ce qu’il nommera lui-même une « fiction canonique », Jacques Gaillot crée une nouvelle réalité pastorale : un évêché sur Internet*, véritable lieu de libération pour les marginalisés et les exclus de notre société. Depuis 10 ans, Mgr Gaillot est de toutes les batailles auprès des sans-papiers, des sans-logis, des sans-travail. « Tant qu’il y aura des pauvres, il faudra qu’il y ait une théologie de la libération », explique l’orateur devant un auditoire fourni. Pour Jacques Gaillot, c’est auprès des plus faibles que se situe d’abord la réalité ecclésiale. « Comme l’a montré Jésus, le rôle de l’Eglise consiste à aider ceux qui n’ont rien, pas à rester auprès des nantis ». S’engager pour montrer le vrai visage de l’EvangileRappelant que la pauvreté est une réalité qui ne se confine pas aux pays du Sud, qu’en Occident se multiplient les oubliés de la globalisation économique, l’évêque de Partenia s’interroge : «L’Eglise est-elle aussi une bonne nouvelle pour ceux qui restent au bord de la route? » Au début des années 90, raconte-t-il à titre d’exemple, des sans-papiers ont occupé des lieux de culte un peu partout en France. Et notamment, à Paris, l’église de Saint-Benoît, qu’il fréquente régulièrement. « Cela a duré jusqu’à ce que la police viennent déloger ces gens. Durant cette période, l’Eglise a vraiment été un lieu d’accueil. Des chrétiens ont donné des signes d’espérance, ils ont porté l’espoir des exclus comme l’a souvent fait le Christ ». Des exemples beaucoup trop rares pour ce prélat qui ne cache pas se sentir très éloigné des réalités vaticanes.
Autant dire que Jacques Gaillot voit un avenir à la théologie de la libération sous nos latitudes. Et où de nombreux chrétiens lutteront comme aujourd'hui sur le terrain des inégalités, et où « les Eglises officielles s’engageront et montreront enfin le vrai visage de l’Evangile ». En attendant, Mgr Gaillot continuera ce qu’il nomme « son combat pour l’être humain » en compagnie de croyants et d’athées ou de libertaires. Avec la conviction qu’au « moment du Jugement dernier, je serai interrogé sur mes liens avec mes frères les plus démunis et non sur le nombre de messes célébrées! » UTILE
*www.partenia.org
Jacques Gaillot a par ailleurs écrit un livre relatant cette décennie de combat : Carnets de route 1995-2005, 10 ans après…, éd. J-C Gawsewitch
Le site des socialistes chrétiens romands : www.frsc.ch