Vaud vend 19 cures
2 juin 2005
Dans le cadre de ses mesures d’économies, le canton se sépare des cures dépourvues d’intérêt historique ou architectural
19 des 156 bâtisses protestantes sont concernées. Une opération qui devrait rapporter 10 à 15 millions au bilan étatique, mais qui risque de faire des mécontents. Le secret a été bien gardé. C’est en effet fin 2003 que le Conseil d’Etat vaudois a décidé de vendre les cures ne revêtant pas d’intérêt historique ou architectural. « Dans le cadre d’un vaste programme de rénovation, il fallait concentrer nos ressources financières sur le patrimoine historique du canton », explique Pascal Broulis, chef du Département des finances. Finalement, 19 des 156 cures protestantes vaudoises répondent à la classification retenue. Elles seront vendues avant la fin de la législature, en 2007.
Pas de mystère. Cette opération s’inscrit dans la volonté étatique de réduire ses dépenses de fonctionnement et d’atteindre un équilibre budgétaire. L’Etat procédera à un appel d’offre public, les communes restant prioritaires pour les objets figurant sur leurs territoires. Pour les immeubles dépassant le demi million, il faudra l’aval du Grand Conseil, ce qui se fera par une procédure allégée pour l’ensemble des biens concernés. « Au final, l’exercice pourrait rapporter entre 10 et 15 millions de francs, et réduire d’autant la dette cantonale. Sans compter une diminution de la charge d’intérêts de l’ordre de 300 à 450'000 francs », indique encore Pascal Broulis. Nouvelle atteinte à la visibilité de l’Eglise ?En 2000, lors du processus de réorganisation Eglise à Venir (EAV), l’Eglise réformée vaudoise (EERV) avait déjà abandonné une quinzaine de « ses » cures (propriétés, en fait, de l’Etat depuis le XVIe siècle), estimant qu’elle n’en avait plus besoin. Cette nouvelle opération va donc « prétériter encore un peu plus la visibilité de l’Eglise », regrette à Cheseaux Hugo Baier. Pasteur depuis 30 ans, arrivé dans cette commune il y a 9 ans, il a reçu comme 11 de ses collègues 2 lettres l’avertissant de l’événement, l’une du Conseil synodal, l’autre du service immobilier de l’Etat de Vaud. « Personnellement, je quitte de toute manière ce poste à fin juin pour une charge d’aumônier qui ne m’oblige plus à occuper un logement de fonction. Mais après les coupes budgétaires successives de l’Etat et la diminution des postes ministériels, cela me paraît un nouveau coup dur pour l’institution et son identité ».
Hugo Baier craint aussi que la perte par Cheseaux de sa cure rende la recherche d’un successeur plus difficile. C’est également l’avis de Françoise Pastoris-Tilmant, à Bullet. « Je suis fâchée et un peu dégoûtée ». Vivant depuis 1996 dans cette maison du balcon jurassien avec son mari et ses deux enfants, elle trouve que « ça ressemble à la politique du fait accompli, sans compter que notre paroisse a déjà lâché son autre cure, celle de La Chaux ». Ne pouvant présager de la réaction des habitants, Françoise Pastoris-Tilmant estime quand même que le symbole du « pasteur habitant la cure » demeure fort dans les villages. Par ailleurs, la nécessité pour un pasteur paroissial d’occuper la cure lorsqu’il en existe une, conserve-t-elle sa raison d’être puisqu’il y aura désormais plus de deux fois plus de ministres que d’immeubles à disposition (300 contre 137) ?Un capital symboliqueParmi les cures concernées, 12 sont donc occupées par des ministres, deux sont actuellement vides, les autres étant déjà louées par des tiers. « Dans tous les cas, nous respecterons les baux et resteront en dialogue avec les autorités ecclésiales », promet Philippe Pont, responsable du Service immobilier. De son côté, le membre permanent du Conseil synodal Antoine Reymond précise que l’EERV a sauvé ce qu’elle a pu dans un dossier qui ne la réjouit pas. « Même si on ne touche pas aux cures historiques, il y aura sans doute des remous autour de cette décision parce que l’on touche à un capital symbolique, à un endroit aisément reconnaissable qui s’avère à la fois lieu de présence et d’accueil ». A demi mots, Antoine Reymond souffle que l’Eglise réformée négocie toujours au sujet de 6 de ces bâtiments.
Pas de mystère. Cette opération s’inscrit dans la volonté étatique de réduire ses dépenses de fonctionnement et d’atteindre un équilibre budgétaire. L’Etat procédera à un appel d’offre public, les communes restant prioritaires pour les objets figurant sur leurs territoires. Pour les immeubles dépassant le demi million, il faudra l’aval du Grand Conseil, ce qui se fera par une procédure allégée pour l’ensemble des biens concernés. « Au final, l’exercice pourrait rapporter entre 10 et 15 millions de francs, et réduire d’autant la dette cantonale. Sans compter une diminution de la charge d’intérêts de l’ordre de 300 à 450'000 francs », indique encore Pascal Broulis. Nouvelle atteinte à la visibilité de l’Eglise ?En 2000, lors du processus de réorganisation Eglise à Venir (EAV), l’Eglise réformée vaudoise (EERV) avait déjà abandonné une quinzaine de « ses » cures (propriétés, en fait, de l’Etat depuis le XVIe siècle), estimant qu’elle n’en avait plus besoin. Cette nouvelle opération va donc « prétériter encore un peu plus la visibilité de l’Eglise », regrette à Cheseaux Hugo Baier. Pasteur depuis 30 ans, arrivé dans cette commune il y a 9 ans, il a reçu comme 11 de ses collègues 2 lettres l’avertissant de l’événement, l’une du Conseil synodal, l’autre du service immobilier de l’Etat de Vaud. « Personnellement, je quitte de toute manière ce poste à fin juin pour une charge d’aumônier qui ne m’oblige plus à occuper un logement de fonction. Mais après les coupes budgétaires successives de l’Etat et la diminution des postes ministériels, cela me paraît un nouveau coup dur pour l’institution et son identité ».
Hugo Baier craint aussi que la perte par Cheseaux de sa cure rende la recherche d’un successeur plus difficile. C’est également l’avis de Françoise Pastoris-Tilmant, à Bullet. « Je suis fâchée et un peu dégoûtée ». Vivant depuis 1996 dans cette maison du balcon jurassien avec son mari et ses deux enfants, elle trouve que « ça ressemble à la politique du fait accompli, sans compter que notre paroisse a déjà lâché son autre cure, celle de La Chaux ». Ne pouvant présager de la réaction des habitants, Françoise Pastoris-Tilmant estime quand même que le symbole du « pasteur habitant la cure » demeure fort dans les villages. Par ailleurs, la nécessité pour un pasteur paroissial d’occuper la cure lorsqu’il en existe une, conserve-t-elle sa raison d’être puisqu’il y aura désormais plus de deux fois plus de ministres que d’immeubles à disposition (300 contre 137) ?Un capital symboliqueParmi les cures concernées, 12 sont donc occupées par des ministres, deux sont actuellement vides, les autres étant déjà louées par des tiers. « Dans tous les cas, nous respecterons les baux et resteront en dialogue avec les autorités ecclésiales », promet Philippe Pont, responsable du Service immobilier. De son côté, le membre permanent du Conseil synodal Antoine Reymond précise que l’EERV a sauvé ce qu’elle a pu dans un dossier qui ne la réjouit pas. « Même si on ne touche pas aux cures historiques, il y aura sans doute des remous autour de cette décision parce que l’on touche à un capital symbolique, à un endroit aisément reconnaissable qui s’avère à la fois lieu de présence et d’accueil ». A demi mots, Antoine Reymond souffle que l’Eglise réformée négocie toujours au sujet de 6 de ces bâtiments.