Livres:L’Evangile selon Eduardo Manet
9 mai 2005
L’écrivain d’origine cubaine ose une relecture sceptique, charnelle et corrosive de la vie de Jésus
Détonnant. Eduardo Manet, le plus parisien des écrivains cubains, a choisi d’écrire une « Vie de Jésus » du point de vue de Joseph, le grand exclu des Evangiles. On ne sait pas grand-chose de ce personnage dont les peintres ont décidé un jour, par commodité, d'en faire un vieillard pour justifier la virginité de Marie. Eduardo Manet imagine un Joseph jeune, travailleur modeste marié à une voisine, Marie, qui se refuse obstinément à lui ; un Joseph dont on se moque au village parce qu'il serait, selon Marie, le père du soi-disant Fils de Dieu; un Joseph poussé à faire du marché noir pour satisfaire les besoins de luxe de sa femme qui n’a d’yeux que pour son Jésus ; Joseph qui voudrait protéger ce fils bizarre et illuminé qui arpente les routes avec une poignée de compagnons escrocs et querelleurs ; un Joseph fasciné par les discours sibyllins de Jésus mais conscient que ses miracles sont un peu truqués ; un Joseph enfin qui, près de la croix, voudrait prendre sur lui la souffrance de son fils bien-aimé.
La relecture, sceptique, charnelle et iconoclaste que fait l’écrivain Eduardo Manet de la vie de Jésus, est à l’opposé de celle que nous donne Eric-Emmanuel Schmitt dans « L’Evangile selon Pilate », bien loin d'être un catéchisme voulant convaincre d'une vérité, est une mise en route.
Des catéchismes, Eduardo Manet n’en veut pas. Les textes bibliques, il les connaît bien. Ce qui lui permet de prendre des libertés et de les réorganiser dans une perspective moderne, faisant joyeusement voler en éclats les images pieuses de son enfance marquée par l’enseignement des Jésuites. Trompeurs, les chromos ? A la bonne heure ! Eduardo Manet reprend leurs couleurs kitsch pour mieux faire grincer leur message angélique. Il prend le parti de faire des disciples des êtres de chair et de sang, d’ombres et de lumière, capables d’aimer, de voler, de se renier, de violer des gamines, d'être d'impénitents machos, mais aussi de venir en aide aux autres et de payer de leur personne.
Le Christ est-il un imposteur? On serait tenté de le croire à la lecture du roman de Manet. Si Eduardo Manet en fait un être un peu inconsistant, écartelé « entre un égoïsme narcissique et l’envie d’apporter et de partager le bonheur avec les autres », il confie en fait le rôle de l’imposteur à…Joseph, qui donnera corps au mythe dans lequel s’enracinera l’histoire « d’une secte qui a réussi ». Tout est dit par cette ultime pirouette digne d’un mécréant à l’imagination flamboyante. Ma vie de Jésus, Eduardo Manet, roman, éd. Grasset, avril 2005.
La relecture, sceptique, charnelle et iconoclaste que fait l’écrivain Eduardo Manet de la vie de Jésus, est à l’opposé de celle que nous donne Eric-Emmanuel Schmitt dans « L’Evangile selon Pilate », bien loin d'être un catéchisme voulant convaincre d'une vérité, est une mise en route.
Des catéchismes, Eduardo Manet n’en veut pas. Les textes bibliques, il les connaît bien. Ce qui lui permet de prendre des libertés et de les réorganiser dans une perspective moderne, faisant joyeusement voler en éclats les images pieuses de son enfance marquée par l’enseignement des Jésuites. Trompeurs, les chromos ? A la bonne heure ! Eduardo Manet reprend leurs couleurs kitsch pour mieux faire grincer leur message angélique. Il prend le parti de faire des disciples des êtres de chair et de sang, d’ombres et de lumière, capables d’aimer, de voler, de se renier, de violer des gamines, d'être d'impénitents machos, mais aussi de venir en aide aux autres et de payer de leur personne.
Le Christ est-il un imposteur? On serait tenté de le croire à la lecture du roman de Manet. Si Eduardo Manet en fait un être un peu inconsistant, écartelé « entre un égoïsme narcissique et l’envie d’apporter et de partager le bonheur avec les autres », il confie en fait le rôle de l’imposteur à…Joseph, qui donnera corps au mythe dans lequel s’enracinera l’histoire « d’une secte qui a réussi ». Tout est dit par cette ultime pirouette digne d’un mécréant à l’imagination flamboyante. Ma vie de Jésus, Eduardo Manet, roman, éd. Grasset, avril 2005.