Sur le terrain, la situation est explosive
19 avril 2005
La délégation internationale de représentants d'Eglises, revenue du Togo, réclame le report des élections présidentielles, programmées pour le 24 avril, en raison des risques possibles de « dérapage » du processus électoral engagé
Dans un déclaration au Centre oecuménique des Eglises (COE) à Genève le 15 avril dernier, la délégation est arrivée à la conviction que les délais retenus pour les prochaines élections présidentielles sont « techniquement trop courts pour que l'on en attende toute la fiabilité et la transparences requises ». Le décès en février du président togolais Gnassingbé Eyadéma, qui avait gouverné le pays pendant 38 ans, a plongé cette ancienne colonie française en Afrique de l'Ouest dans le chaos après que l'armée eut nommé son fils, Faure Gnassingbé, comme président, violant ainsi la constitution. Faure Gnassingbé a ultérieurement cédé aux pressions internationales et accepté la tenue d'une élection, mais les partis de l'opposition se plaignent de n'avoir pas assez de temps pour préparer une campagne électorale. Le 12 avril, des centaines de personnes sont descendues dans les rues pour protester contre des listes électorales qu'elles estiment truquées. La foule était composée de partisans d'une coalition de six partis d'opposition, conduite par l'Union des forces pour le changement. « La situation togolaise est d'une particulière complexité qui oblige l'ensemble du peuple togolais à craindre des risques possibles de dérapage du processus électoral engagé », a constaté la délégation. Il y a une crise de confiance généralisée et un climat de suspicion pouvant conduire à une aggravation de la situation ainsi qu'à des conflits extrêmes ». L’opposition démocratique réclame, elle, aussi le report du scrutin afin de revoir « une procédure électorale truquée », ce que confirment de nombreux observateurs sur place. Pour tous, la tenue d’un scrutin dans de telles conditions risquerait de confronter le pays à un soulèvement populaire ou à un coup d’Etat de l’armée.