Le raz-de-marée en Asie suscite une vive polémique sur Questiondieu.com

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Le raz-de-marée en Asie suscite une vive polémique sur Questiondieu.com

17 février 2005
Pourquoi Dieu a-t-il permis le raz-de-marée asiatique ? Dieu est-il tout puissant ? Peut-on Lui imputer tous les malheurs du monde ? Au lendemain du tsunami, les questions sur Dieu et le mal ont afflué sur le site Questiondieu
com. Les réponses apportées par les différents intervenants, contrastées et parfois discordantes, ont révélé aux internautes le pluralisme du protestantisme. Et créé la polémique. Le choc de l’actualité a ébranlé bon nombre d’internautes qui sont allés chercher des réponses à leurs interrogations existentielles sur le site questiondieu.com, service créé par la commission Internet de la Conférence des Eglises romandes (CER). Dieu veut-il les tsunamis ? Voilà lancé le débat sur les images de Dieu, omniprésent dans la Bible. A la délicate question de la justification de l’existence de Dieu face au mal qui atteint les humains, l’un des 24 répondants du site de la Conférence des Eglises Romandes (CER), Jean-Denis Kraege, pasteur de la paroisse Pully-Paudex près de Lausanne, propose sa réponse théologique, qui a suscité une vive émotion. »Si je disais que Dieu n’a rien à faire avec le mal, je dirais qu’Il n’est pas absolu, donc pas Dieu. Mais lorsque je dis qu’Il est Dieu, je dis aussi qu’il est libre », écrit-il dans l’une de ses réponses à un correspondant. Et le théologien vaudois de poursuivre : « Quand il s’agit de la liberté de Dieu, il me faut faire preuve d’une très grande humilité …La seule question qu’il me faut alors poser à Dieu, c’est de m’éclairer sur ce qu’Il a voulu me dire par ce qui s’est produit …Face au mal, aussi radical soit-il, je ne peux que me demander ce que Dieu veut me dire ».

Ses propos font violemment réagir les internautes. Le site n'étant pas à proprement parler un forum, - il est là pour répondre à des questions de sens, d’éthique et de théologie –, les questions des visiteurs prennent des allures de protestations. Le pasteur ne se laisse pas démonter par les courriels violents qui lui sont adressés. « J’aime le débat, et le site questiondieu.com offre une occasion inespérée de d’aborder fermement des sujets aussi importants que la bonté de l’homme, d’un Dieu qui pourvoit ou non à nos besoins ».

Jean-Denis Kraege s’en tient à sa ligne "dure" dans ses réponses ultérieures : pour lui, Dieu interpelle les hommes et les soumet à des épreuves par amour, pour réveiller leur foi. Un internaute dont l’anonymat est assuré par un pseudonyme, réagit : « Si Dieu a quelque chose à nous dire à travers cette catastrophe, qu’Il s’adresse à ceux qui sont concernés, pas à des innocents ! ».

D’autres intervenants, d’une sensibilité et d’une approche théologiques différentes, entrent dans le débat en ligne et calment le jeu : parmi eux Maurice Gardiol, coordinateur du groupement interreligieux en cas de catastrophe et Heinz Birchmeier, pasteur à la retraite, qui ont été particulièrement sensibilisés au drame qui a touché de plein fouet la famille de l’une de leurs collègues à Genève.

Maurice Gardiol cherche à comprendre les émotions à l’origine des questions posées et choisit de parler du Dieu d’amour et de compassion auquel il croit, « qui a révélé son vrai visage dans l’enfant de Noël qui meurt sur la croix en donnant sa vie pour celles et ceux qu’il aime ».

« J’ai eu envie de parler d’un Dieu proche des victimes, explique le diacre genevois, plutôt que du grand manitou qui maîtriserait tout le monde créé. Un Dieu qui souffre Enfin Gilles Boucomont, pasteur de l’Eglise réformée de France, apporte sa contribution à la réflexion. Il évoque la possibilité d’un Dieu qui souffre: « Et si c’était simplement la mécanique de la nature qui avait produit le tsunami, et si Dieu n’était pas le contrôleur permanent de la tectonique des plaques ? Et si malgré tout nous avions quelque responsabilité dans les bouleversements climatiques ? Et si on laissait à Dieu le droit de pleurer ?

Georgette Gribi, spécialiste de l’Ancien Testament à la Faculté de théologie de l’Université de Genève, renchérit : « Je crois en un Dieu qui a vécu lui-même la souffrance et le mal et qui a choisi de la vivre à nos côtés. Je ne crois pas en un Dieu capable d'empêcher le tsunami, un tel Dieu n'existe pas. Mais je crois en un Dieu qui a choisi de souffrir avec les victimes du tsunami ».

Les réponses apportées sur le site questiondieu.com par les différents intervenants témoignent du pluralisme du protestantisme. « Tous les protestants ne sont pas coulés dans le même moule, explique Corinne Moesching, médiatrice du site, nous nous devons de refléter ces différents courants théologiques, et d’accueillir les différences, aussi bien celles de nos visiteurs qu’au sein de l’équipe de répondants. Nous voulons nous garder de tout enfermement dans un discours unique ».