« J’ai grandi avec Mahalia Jackson ». Flavie Crisinel, a baigné dans le gospel de Mahalia que sa mère, Camerounaise, croyante fervente, aimait à chanter. « Mon père l’accompagnait au piano », se souvient la jeune femme.

A vingt ans, Flavie Crisinel obtient son brevet d’institutrice tout en suivant des cours de chant et de théâtre au Conservatoire de Lausanne. Elle fait ses premières armes de comédienne dans des spectacles montés chez Barnabé à Servion, notamment dans l’opéra rock « Tommy ». Elle y affirme déjà une présence lévidente.

Elle décroche ensuite un rôle dans un spectacle du Théâtre de la Marelle, « Noël aux quatre vents ». Et envisage sérieusement une carrière sur les planches. Ce qui la décide à s’envoler pour Montréal où elle travaille penfdant une année le chant, l’art dramatique et la danse.

De retour en Suisse, elle participe à la création de R.O.C. Rêver Oser Créer par le Théâtre Montreux-Riviera. C’est alors que Jean Chollet alias Jean Naguel - lui propose le rôle de Mahalia Jackson dans la comédie musicale qu’il a écrite en pensant à elle. Un rôle sur mesure. Le bonheur pour la jeune femme qui travaille dur pour être à la hauteur. « J’ai la même tessiture que Mahalia Jackson , mais pas la même voix ! » dit-elle, modeste. Et pas la même silhouette ! « Jeune, Mahalia était aussi mince ! » tient-elle à préciser.

Sur scène, ils seront quatre : trois comédiens, André Cortessis, Gilles Thibault et Flavie Crisinel, et deux musiciens, Daniel Favez au piano et Carlo Bounous à la contrebasse. Un sacré défi pour la jeune comédienne qui incarnera la chanteuse à un tournant décisif de sa vie. En pleine crise. Pressée de chanter du blues et du jazz pour faire décoller sa carrière et lui donner une dimension nationale, Mahalia Jackson s’obstine à refuser toutes les propositions qu’on lui fait, même venant des plus illustres, comme par exemple Louis Armstrong. Elle n’en démord pas : elle veut chanter sa foi à travers l’Evangile, un point c’est tout. Elle a commencé sa carrière en chantant le Notre Père, elle s’y tiendra. En 1947, elle enregistre « Move on » qui la propulse au hit parade. Du jour au lendemain, elle devient une star. Le spectacle « Le Gospel de Mahalia » donne l’occasion pour Flavie Crisinel de chanter une quinzaine des titres du répertoire de la reine du gospel, « Oh when the saints », « High Way to Heaven », « Come on children and sing » et « In the Upper Room ».

« Les choix de Mahalia Jackson, sa façon de tenir bon, de défendre sa foi, sont pour moi exemplaires, explique la jeune chanteuse, ils m’invitent à garder mes convictions dans un monde versatile, qui privilégie les apparences, ils incitent à renoncer aux chemins les plus faciles. J’espère que j’arriverai à toucher les gens avec mon personnage, à leur transmettre

la vérité de Mahalia ».