Georges Haldas au Café théologique:L’état de poésie contre la tyrannie de la puissance
30 septembre 2004
Prise de parole riche et intense de Georges Haldas, mardi soir, lors d’un premier café théologique lausannois
Dressant des ponts entre expériences scientifique, religieuse et poétique, l’écrivain genevois a captivé son auditoire. Exigeante mais passionnante soirée, mardi soir, lors de l’ouverture de la 4e saison des cafés théologiques lausannois. Habitué des lieux, Georges Haldas fit une nouvelle fois salle comble, son érudition et la richesse de sa réflexion triomphant sans peine d’une thématique pourtant ardue.
Le célèbre écrivain et essayiste genevois a brillamment évoqué un thème qui lui tient à cœur, celui de la poésie, « essence de la condition humaine sous tous ses aspects ». Loin des discours formalistes, c’est bien d’une « expérience personnelle, qui concerne chaque homme dans sa vie la plus intime » qu’il s’agit, selon le mot de Gérard de Nerval : « la vie du poète est celle de tous ».
Pour Georges Haldas, le propre de l’état poétique est ce besoin de dire, de transmettre l’émotion, bref d’entrer en relation aux autres et au monde. « La poésie consacre les noces du dedans, notre réalité psychique, avec le dehors ». A l’instar de l’homme qui n’est pas le maître d’une nature préexistante, le poète ne crée pas mais révèle ce qui se trouve mystérieusement en lui. « C’est la transmission de la parole qu’il nous est donnée de dire, dont nous sommes les serviteurs ». Ouverture essentielle à l’autreGrâce à la mémoire, qui n’est pas simple retour au passé mais rend effectivement présent ce qui est révolu, le poète accède « à une réalité qui échappe à l’altération, au changement, et – qui sait ? – à la mort ». C’est ainsi que Georges Haldas comprend le conseil de Jésus lancé à ses disciples au moment de la Cène (« Faites ceci en mémoire de moi »). « Le Christ ne demande pas que l’on se souvienne de lui. Il promet qu’à chaque fois que ce rite sera accompli, il sera présent ». L’orateur se risque alors à des correspondances entre la poésie qui transcende le temps et la résurrection : « Comme le corps, il faut que la phrase meurt pour que naisse le sens, que les mots quittent la page pour dépasser l’espace et le temps ».
Toute grande poésie se trouve ainsi du côté des exclus, des opprimés, « de la liberté face aux oppresseurs ». Au moment des nombreuses questions, Georges Haldas s’emporte contre cette « névrose de la puissance », caractéristique selon lui de notre société, où « la glorification de soi amène l’exploitation et finalement l’anéantissement d’autrui ». Rappelant l’étymologie du mot « diable », littéralement « ce qui sépare » - alors que Dieu est au contraire « celui qui unit » - le conférencier évoque le refus du Christ devant la toute puissance proposée par Satan, « précisément parce que Jésus sait que la puissance signifie la destruction biologique de l’autre », lui privilégiant la « relation qui nous fait vivre et nous relie ». De quoi, effectivement, interpeller chacun de nous.UTILE
Prochain Les cafés théologiques lausannois ont lieu chaque dernier mardi du mois (sauf décembre), café « Au Milan », de 19h15 à 20h45.
Le célèbre écrivain et essayiste genevois a brillamment évoqué un thème qui lui tient à cœur, celui de la poésie, « essence de la condition humaine sous tous ses aspects ». Loin des discours formalistes, c’est bien d’une « expérience personnelle, qui concerne chaque homme dans sa vie la plus intime » qu’il s’agit, selon le mot de Gérard de Nerval : « la vie du poète est celle de tous ».
Pour Georges Haldas, le propre de l’état poétique est ce besoin de dire, de transmettre l’émotion, bref d’entrer en relation aux autres et au monde. « La poésie consacre les noces du dedans, notre réalité psychique, avec le dehors ». A l’instar de l’homme qui n’est pas le maître d’une nature préexistante, le poète ne crée pas mais révèle ce qui se trouve mystérieusement en lui. « C’est la transmission de la parole qu’il nous est donnée de dire, dont nous sommes les serviteurs ». Ouverture essentielle à l’autreGrâce à la mémoire, qui n’est pas simple retour au passé mais rend effectivement présent ce qui est révolu, le poète accède « à une réalité qui échappe à l’altération, au changement, et – qui sait ? – à la mort ». C’est ainsi que Georges Haldas comprend le conseil de Jésus lancé à ses disciples au moment de la Cène (« Faites ceci en mémoire de moi »). « Le Christ ne demande pas que l’on se souvienne de lui. Il promet qu’à chaque fois que ce rite sera accompli, il sera présent ». L’orateur se risque alors à des correspondances entre la poésie qui transcende le temps et la résurrection : « Comme le corps, il faut que la phrase meurt pour que naisse le sens, que les mots quittent la page pour dépasser l’espace et le temps ».
Toute grande poésie se trouve ainsi du côté des exclus, des opprimés, « de la liberté face aux oppresseurs ». Au moment des nombreuses questions, Georges Haldas s’emporte contre cette « névrose de la puissance », caractéristique selon lui de notre société, où « la glorification de soi amène l’exploitation et finalement l’anéantissement d’autrui ». Rappelant l’étymologie du mot « diable », littéralement « ce qui sépare » - alors que Dieu est au contraire « celui qui unit » - le conférencier évoque le refus du Christ devant la toute puissance proposée par Satan, « précisément parce que Jésus sait que la puissance signifie la destruction biologique de l’autre », lui privilégiant la « relation qui nous fait vivre et nous relie ». De quoi, effectivement, interpeller chacun de nous.UTILE
Prochain Les cafés théologiques lausannois ont lieu chaque dernier mardi du mois (sauf décembre), café « Au Milan », de 19h15 à 20h45.