Christianisme.ch : la surprise au bout du clic

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Christianisme.ch : la surprise au bout du clic

27 août 2004
christianisme.ch : vous tapez, vous cliquez et vous tombez sur un site qui descend en flèche le christianisme et veut la peau des religions en général
L’auteur, un certain Enrico, affiche son ressentiment, non sans une pointe d’humour grinçant et quelques dérapages du côté de la vulgarité. Nous l’avons rencontré à Boudry (NE). En tapant christianisme.ch, on croit tomber sur un site chrétien. Il n’en est rien. Curieux, vous lisez : « L’idéologie chrétienne est cruelle, castratrice, absolutiste, et plus grave, omniprésente en Occident, y compris en Suisse ».

Un petit malin a eu l’idée de réserver le nom de domaine avant tout le monde pour en faire un réquisitoire en règle sur le Net détaillant les pages les plus sombres du christianisme. Le site propose pêle-mêle un « guide de l’encéphalopathie spongiforme religieuse, terrible maladie résultant de la malbouffe spirituelle en Occident », un test pour éprouver ses connaissances des crimes chrétiens, un courrier des lecteurs où le créateur de christianisme.ch se fait incendier par des croyants, - ce qui conforte son opinion sur l’intolérance des chrétiens -, enfin il affiche le credo laïque d’Enrico Riboni, l’auteur du site, jeune ingénieur EPFL en mécanique, élevé à Genève par des parents catholiques « modérés » qui lui ont donné une bonne instruction religieuse. Dans la vie professionnelle, il s’occupe de la diffusion de systèmes de filtration et de désinfection de l’eau du côté de Boudry. Ouvert, affable, l’homme explique comment il a été peu à peu troublé par toutes les violences perpétrées au nom des religions à travers le monde et tout au long des siècles jusqu’à aujourd’hui. Pour lui, aucune idéologie ne justifie les prétentions absolutistes des trois monothéismes, ni les massacres qui ont jalonné leur histoire.

Il énumère d’une voix douce une longue liste d’actes abominables, de l’Inquisition aux pogroms, des bûchers allumés par des protestants pour y faire périr des femmes considérées comme des sorcières aux noyades des anabaptistes, des actes antisémites aux attentats suicides islamistes. Terreur, persécutions, répression, scandales des prêtres pédophiles, tout y passe. L’intolérance religieuse a fait des ravages et trouvé son accusateur.

Passionné par l’histoire et la philosophie, Enrico Riboni creuse son domaine de prédilection. Et lance un forum sur Internet, d’abord sur le ton grinçant de l’humour, puis du sarcasme. Il tourne en dérision les Eglises qui partent en guerre contre les sectes. « Le christianisme n’est-il pas une secte qui a réussi ? », fait-il remarquer. Le groupe de discussion sur le Net qu’il a initié, marche fort. C’est alors qu’il s’aperçoit que le nom de domaine christianisme.ch n’est pas pris. Il le réserve pour en faire sa tribune. C’était il y a trois ans. Il continue régulièrement d’étoffer son site.

« Je ne me défoule pas par le biais de mon site, assure-t-il, ni ne fais une psychanalyse ; je n’ai jamais subi de mauvais traitements ni été victime de qui que ce soit lors de mon éducation religieuse », tient-il encore à préciser. « J’aimerais qu’au lieu de s’entretuer au nom des idées et des religions, les gens se mettent à discuter ».

Contre le totalitarisme de la penséeEnrico Riboni s’insurge contre tout système totalitaire et milite pour un homme libre, dans la mesure où sa liberté est compatible avec la société. « Je m’oppose à tout système de pensée à vocation totalitaire qui prétend contrôler les pensées, le comportement et même la sexualité de chacun et qui s’érige en autorité morale». Libre-penseur, Enrico Riboni respecte les choix philosophiques et religieux des autres et s’efforce, en bon platonicien, de bien vivre le temps qui lui reste, conscient de sa finalité. « Je ne veux pas croire à des chimères de vie éternelle ». En attendant, il sourit à la vie et à sa petite fille qui aura bientôt deux ans.