BE: l’Etat supprime 29 postes d’ecclésiastiques

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BE: l’Etat supprime 29 postes d’ecclésiastiques

3 mars 2004
Les autorités cantonales ont annoncé la suppression de 29 postes d’ecclésiastiques, dont 25 pour la seule Eglise réformée
C’est le Grand Conseil qui a décidé d’économiser 5 millions dans le domaine des ministères pastoraux. Presque la totalité des paroisses du Jura bernois sont touchées. La partie francophone paie, à elle seule, pas moins du quart des économies. La solution des temps partiels a été privilégiée. Ce sont les paroisses qui doivent concrétiser la réorganisation du travail.

Il ne sera presque plus possible d’être pasteur à plein temps dans le Jura bernois. Pour économiser les 5 millions exigés par le Grand Conseil, le canton a choisi de fractionner les postes pastoraux, plutôt que de contraindre les paroisses à fusionner. Les petites paroisses profitent de ce choix, puisque le canton leur assure les services d’un pasteur à 60%, quelque soit le nombre de paroissiens. «Pour les communes et pour les paroisses, la fusion est pourtant la solution que nous souhaiterions voir aboutir», précise le conseiller d’Etat Werner Luginbühl, directeur bernois de la justice, des affaires communales et ecclésiastiques. Pour garantir les prestations, des collaborations régionales pourraient compenser ces diminutions d’effectifs. La balle est donc dans le camp des paroisses qui doivent jongler avec les quotas octroyés par Berne.

Dialogue Eglise-Etat

En terre bernoise, les salaires des ecclésiastiques restent assumés par le canton. Dans son plan d’assainissement des finances, le Grand Conseil n’a pas épargné le budget destiné aux Eglises. Une commission, rassemblant des représentants de l’Etat, du Conseil synodal et de l’association professionnelle des pasteurs, s’est chargée de redistribuer les cartes. «La dialogue a été cultivé de manière exemplaire pour trouver des solutions acceptables», annonce Hansruedi Spichiger, délégué cantonal aux affaires ecclésiastiques. Tous les partenaires, société des pasteurs et Conseil synodal compris, défendent la solution proposée. «Ces diminutions de postes sont le fruit d’une décision politique, indique le conseiller synodal Raymond Bassin. Mais l’Eglise souhaite poursuivre le partenariat qu’elle entretient avec l’Etat.»

Avec ce nouveau train d’économie, aucune révolution n’est envisagée: les 257 paroisses bernoises subsisteront. La solution des postes à temps partiel est privilégiée. Le calcul s’est basé sur le nombre de paroissiens, mais il a été parfois pondéré pour tenir compte de l’existence d’un grand home – plus de 100 lits – ou d’une situation géographique ou linguistique particulière. Ainsi, Saint-Imier, Moutier parviennent à grappiller quelques pourcents supplémentaires, mais Bienne n’arrive pas à compenser la diminution de sa population. La majorité des paroisses se voient attribuer des postes à 80% ou 60%.

Les paroisses alémaniques du Jura bernois paient aussi un lourd tribu. Elles ne disposeront plus que d’un seul poste. Les paroisses générales de Bienne, Berne et Thoune reçoivent un quota de pourcentages à se partager. Les minorités francophones devront se débrouiller pour y défendre leurs intérêts. Seules les petites paroisses sortent avantagées: Sornetan entretient moins de 4 paroissiens par pourcentage de poste, alors que Tramelan doit en assumer plus de 21. Nods, grâce à son divorce d’avec Lignières, gagne même 10% pour atteindre les 60% garantis.

Nouvelle image du pasteur

«Avec l’arrivée de ces temps partiels, il va falloir changer l’image du pasteur», prévient le Conseiller synodal Andreas Zeller. Il n’est pas exclu que les services funèbres doivent être célébrés seulement certains jours. La disponibilité des pasteurs sera restreinte et plusieurs paroisses devront revoir leurs prestations à la baisse. «Nous attendons de la population qu’elle fasse preuve de compréhension par rapport aux changements qui se produiront inévitablement», demande le conseiller d’Etat Luginbühl.

Pour réorganiser le travail, les paroisses sont invitées à imaginer des solutions originales. «Il faut développer des synergies, collaborer en région, tester de nouveaux modèles», suggère Ueli Spichiger. Les paroisses peuvent s’associer pour reconstituer des équipes pastorales plus cohérentes. Le paradoxe demeure pourtant: il va falloir assurer l’ensemble des tâches et les attentes ne cessent d’augmenter. Dans un communiqué de presse, la Société pastorale bernoise met en garde contre de nouvelles mesures d’économie qui mettraient en danger le «service public» dans certaines régions déjà durement touchées.

Les nouveaux pourcentages de postes entreront en vigueur en janvier 2008, l’ensemble des ecclésiastiques étant en réélection en automne 2007. Pour les pasteurs qui n’auront pas trouvé de solution, les diminutions seront imposées. C’est la législation sur le personnel cantonal qui sera appliquée pour d’éventuelles mesures sociales. Mais aucune précision concrète n’a été apportée par les autorités: la loi sur le personnel est en cours de révision. Notons enfin que ces mesures ne concernent pas les paroisses des cantons du Jura et de Soleure, pourtant membres de l’Union synodale Berne-Jura-Soleure.