Genève doit se mobiliser pour ne pas perdre son Point de Repère

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Genève doit se mobiliser pour ne pas perdre son Point de Repère

26 février 2004
La Société évangélique lance un appel aux dons en faveur de sa librairie œcuménique
Sans un demi million de francs d’ici la fin du mois, le dernier magasin protestant de la Cité de Calvin fermera ses portes. Un demi million de francs. D’ici la fin du mois, voilà la somme qui doit être réunie pour que continue l’aventure du Point de Repère à Genève. Depuis son ouverture en juillet 2002, il a vu son chiffre d’affaires n’a cessé de progresser. Mais pas suffisamment. Et fin janvier, la décision est tombée : Propriétaire des lieux, la Société évangélique de Genève (SEG) retire ses billes et lance un vaste campagne de fonds auprès de ses membres et amis.

« Pour l’instant, nous avons reçu 120'000 francs environ. C’est mieux que prévu, parce qu’il s’agit avant tout de petits donateurs. La réussite de cette opération de sauvetage dépendra surtout de la réponse de grandes familles réformées de la place ». Directeur général de la SEG et du Point de Repère, André Normandin se dit confiant. Le vaste magasin - librairie installé sur 300 m2 entre les Pâquis et les quais représente la dernière librairie protestante confessionnelle de la Cité de Calvin. « Je ne pense pas que les chrétiens accepteront de voir disparaître ce lieu de témoignage, alors que vient d’ouvrir à deux rues d’ici une 3e librairie musulmane ».

Economiquement, Le Point de Repère est arrivé au pire moment. « Nous sommes environ 25% en dessous de la cible financière que nous nous étions fixé. Sur 750'000 francs de rentrées budgétées en 2003, nous n’en avons obtenus que 575'000. Dans le marasme actuel, pour un nouveau commerce avec notre type d’offre, c’est déjà très bien, puisque nous avons triplé le chiffre d’affaires du petit magasin chrétien qui existait avant nous ». Partenaires recherchésPlusieurs raisons expliqueraient cette relative contre-performance : une vente par Internet qui peine à démarrer, des anglophones et des réformés qui sont venus en moins grand nombre que prévu. « La clientèle évangélique, elle, en avait déjà l’habitude ». Il faudrait attendre un peu. Viser un seuil de rentabilité à 7 ou 8 ans au lieu des 3, 4 ans prévus initialement. Laisser aux lieux le temps de se faire connaître, les changements dans les modes de consommation prenant du temps dans notre pays. Malheureusement la SEG, qui a investi à ce jour plus d’un million et demi dans l’aventure, n’a plus de quoi continuer à perdre de l’argent sereinement. « D’où l’idée de ce quitte ou double avec cet appel au soutien ».

Trois scénarios sont à l’étude. Celui que privilégie André Normandin consisterait à poursuivre le projet tel qu’il existe. « Si nous récoltons ce que nous espérons, cela nous permettrait de continuer une année et demie ou deux ans ». Autre possibilité qui sonnerait déjà comme un semi échec : trouver un partenaire, voire un repreneur. La SEG multiplie en ce moment les contacts, notamment du côté de La Procure (une trentaine d’officines franchisées en France) et de Payot. L’Association des libraires chrétiens en Suisse romande n’a pas été oubliée, même si sa sensibilité clairement évangélique entrerait en contradiction avec la volonté d’ouverture œcuménique du Point de Repère. De toute manière, ces deux solutions verraient la disparition d’un tiers des dix postes de travail actuels, poste budgétaire représentant à lui seul près de 72% de charges. « Voilà pourquoi lorsqu’on me dit qu’il aurait peut-être fallu voir moins grand au départ en matière de locaux, je réponds que ce n’est pas là le problème. Et il nous fallait ce personnel pour démarrer, notamment pour créer notre base de données. Tout le monde n’a été engagé que pour deux ans et chacun savait que notre pari était un peu fou ».

Si l’appel de la SEG n’aboutit pas, le rideau se baissera à la rue de Monthoux fin mai déjà. Concernant son propre avenir, André Normandin se montre clair : « Je resterai si le Point de Repère conserve sa forme actuelle. Si la boutique est cédée, partagée ou fermée, je m’en irai. Avec des regrets ».