L’EPER rejoint les sans-papiers dans la rue
20 janvier 2004
A Genève, depuis mars 2003, des animatrices de l’Entraide protestante suisse rencontrent les latino-américaines clandestines pour les aider à retrouver autonomie et dignité
On estime leur nombre à 3000 environ dans le canton de Genève. Comme toute population illégale dans notre pays, les femmes latino-américaines sans-papiers y vivent fragilisées, entre la peur d’être découvertes et l’impossibilité d’accéder à une grande partie de l’offre sociale. Depuis mars 2003, l’Entraide protestante suisse (EPER) mène un projet pilote novateur à leur intention, soutenu par la Confédération comme par les autorités cantonales et communales. Pourquoi viser ces migrantes-là ? « Parce qu’il s’agit de la population clandestine la plus importante du canton, et que leur condition de femme les précarisent davantage encore », explique Corinne Henchoz Pignani, secrétaire romande de l’EPER.
Deux animatrices hispanophones assurent des antennes volantes, rejoignant les bénéficiaires dans les lieux qu’elles fréquentent. « Contrairement à une antenne fixe où ce sont les personnes concernées qui se déplacent, nous fonctionnons ici en travail de rue, allant à leur rencontre, dans les endroits où la communauté latino-américaine genevoise a ses habitudes », souligne encore Corinne Henchoz Pignani.
Né d’une demande des instances publiques, ce projet offre un espace d’orientation personnalisé. « Nous informons sur les services et autres institutions qui travaillent avec les sans-papiers », précise l’une des permanentes Irina Speranza. Arrivée clandestinement d’Argentine en compagnie de sa mère à l’âge de 16 ans, la jeune femme connaît bien ce que représente, pour quelqu’un dépourvu de statut légal, la scolarisation d’un enfant, l’accès aux soins ou tout simplement le rappel que tout travail mérite salaire à un employeur peu scrupuleux ; situation particulièrement fréquente pour des latino-américaines souvent corvéables à merci chez des particuliers.Travail en réseauCe genre de thème récurrent fait régulièrement l’objet de rencontres de groupe, les deux intervenantes organisant également une fois par mois des séances de conversation. « Dimanche dernier, raconte Irina Speranza, nous recevions par exemple un îlotier. Nous avions peur que la venue d’un policier dissuade les gens de se montrer. Au contraire, nous avons compté 150 personnes et chacune a pu poser des questions pendant près d’une heure et demie ». Le projet fonctionne en réseau avec les différents organismes actifs auprès de la population clandestine genevoise, et des professionnels externes se voient régulièrement sollicités pour des questions juridiques ou médicales. Corinne Henchoz Pignani : « L’objectif consiste aussi à faire de la prévention, notamment en matière de sexualité ».
Depuis une dizaine de mois, Irina et sa collègue Sofia oeuvrent en soirée ou le dimanche, c’est-à-dire au moment où ces femmes disposent d’un peu de temps libre. « Chaque semaine, nous contactons entre 15 et 80 d’entre elles », estime Nathalie Ljuslin, responsable du développement des projets suisses de l’EPER. Conformément à la charte de l’Entraide protestante, il s’agit de leur « donner des signes d’espérance », en les aidant à regagner autonomie et dignité « malgré une situation d’écrasement ».
La période probatoire de cette initiative va durer jusqu’en mars 2005. Parmi les bailleurs de fonds d’un budget estimé à 280'000 francs pour ces deux ans se retrouvent donc ville et canton de Genève, ainsi que l’Office fédéral de la santé publique. A terme, l’EPER espère que l’expérience acquise motivera d’autres associations à reprendre le flambeau ailleurs, auprès d’autres communautés défavorisées.
Deux animatrices hispanophones assurent des antennes volantes, rejoignant les bénéficiaires dans les lieux qu’elles fréquentent. « Contrairement à une antenne fixe où ce sont les personnes concernées qui se déplacent, nous fonctionnons ici en travail de rue, allant à leur rencontre, dans les endroits où la communauté latino-américaine genevoise a ses habitudes », souligne encore Corinne Henchoz Pignani.
Né d’une demande des instances publiques, ce projet offre un espace d’orientation personnalisé. « Nous informons sur les services et autres institutions qui travaillent avec les sans-papiers », précise l’une des permanentes Irina Speranza. Arrivée clandestinement d’Argentine en compagnie de sa mère à l’âge de 16 ans, la jeune femme connaît bien ce que représente, pour quelqu’un dépourvu de statut légal, la scolarisation d’un enfant, l’accès aux soins ou tout simplement le rappel que tout travail mérite salaire à un employeur peu scrupuleux ; situation particulièrement fréquente pour des latino-américaines souvent corvéables à merci chez des particuliers.Travail en réseauCe genre de thème récurrent fait régulièrement l’objet de rencontres de groupe, les deux intervenantes organisant également une fois par mois des séances de conversation. « Dimanche dernier, raconte Irina Speranza, nous recevions par exemple un îlotier. Nous avions peur que la venue d’un policier dissuade les gens de se montrer. Au contraire, nous avons compté 150 personnes et chacune a pu poser des questions pendant près d’une heure et demie ». Le projet fonctionne en réseau avec les différents organismes actifs auprès de la population clandestine genevoise, et des professionnels externes se voient régulièrement sollicités pour des questions juridiques ou médicales. Corinne Henchoz Pignani : « L’objectif consiste aussi à faire de la prévention, notamment en matière de sexualité ».
Depuis une dizaine de mois, Irina et sa collègue Sofia oeuvrent en soirée ou le dimanche, c’est-à-dire au moment où ces femmes disposent d’un peu de temps libre. « Chaque semaine, nous contactons entre 15 et 80 d’entre elles », estime Nathalie Ljuslin, responsable du développement des projets suisses de l’EPER. Conformément à la charte de l’Entraide protestante, il s’agit de leur « donner des signes d’espérance », en les aidant à regagner autonomie et dignité « malgré une situation d’écrasement ».
La période probatoire de cette initiative va durer jusqu’en mars 2005. Parmi les bailleurs de fonds d’un budget estimé à 280'000 francs pour ces deux ans se retrouvent donc ville et canton de Genève, ainsi que l’Office fédéral de la santé publique. A terme, l’EPER espère que l’expérience acquise motivera d’autres associations à reprendre le flambeau ailleurs, auprès d’autres communautés défavorisées.