«L’interdiction de la mendicité n’a réglé aucun problème»

Istock / AlxeyPnferov
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Istock / AlxeyPnferov

«L’interdiction de la mendicité n’a réglé aucun problème»

A l'occasion de la Journée internationale des Roms, les associations tirent la sonnette d'alarme.

Depuis l’interdiction de la mendicité dans la canton de Vaud, le 1er novembre 2018, «aucun problème n’a été résolu», lâchent en chœur les représentants des diverses associations qui leur viennent en aide, lors d’une conférence de presse donnée à l’occasion de la Journée internationale des Roms le 8 avril. Que cela soit du côté d’Opre Rrom, de S. Egidio Lausanne, l’Armée du Salut ou encore le Point d’appui, le constat est le même: la situation de vie de ces personnes s’est encore dégradée. N’arrivant plus à subvenir à leurs besoins vitaux, la plupart ont alors choisi de reprendre la route pour aller s’installer, en France ou en Allemagne.

Sans école, pas d’avenir

Alors que 18 enfants avaient pu être scolarisés dans le cadre du programme «Droit à l’école, droit à un avenir», un seul a pu poursuivre sa scolarité dans la région lausannoise, ayant la chance d’être hébergé par une famille vaudoise. Et les autres? «Durant les cinq derniers mois, la plupart des familles que nous suivions ont dû déménager plusieurs fois. La plupart d’entre elles ont opté pour la France, où elles vivent souvent dans des conditions de logement plus précaires que dans la région lausannoise», explique Anne-Catherine Reymond présidente de S. Edigio Lausanne. «A notre connaissance, aucun enfant n’a pu y être scolarisé. Idem pour les quelques familles ayant opté pour l’Allemagne ou la Roumanie: les enfants ne vont plus à l’école.»
Quelques familles ont fait le choix de rester à Lausanne ou dans les communes environnantes, mais leurs conditions de vie se sont dégradées. «Il est plus difficile de réunir l’argent nécessaire à se nourrir et à payer une place dans un abri de nuit. Et rares sont ceux qui ont trouvé un travail. Concrètement, cela signifie plus de nuits au froid pour les hommes, les femmes et les enfants. Cette précarité est une entrave majeure à la scolarisation», souligne encore la présidente de ce mouvement chrétien œcuménique.

Une interdiction indigne

 «Interdire la mendicité sans offrir une alternative crédible, c’est mépriser le pauvre, nier son existence et se déresponsabiliser», accuse encore Anne-Catherine Reymond, des valeurs contraire aux valeurs chrétiennes, mais aussi simplement humaines. De fait, l’Armée du Salut, Opre Rrom, Point d’appui et S. Egidio ont donc décidé d’introduire un recours à la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), «en raison de la violation d’un certain nombre de libertés fondamentales», stipule Me Xavier Rubli, l’un des avocats du collectif. Une démarche qui, si elle a des chances d’aboutir, peut prendre de nombreuses années: environ «150 000 dossiers étant en attente à l’heure actuelle à la CEDH».