Colloque à l'Université de Genève: Regards croisés sur les nouvelles croyances thérapeutiques

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Colloque à l'Université de Genève: Regards croisés sur les nouvelles croyances thérapeutiques

15 octobre 2004
Un foisonnement de nouvelles croyances thérapeutiques qui revendiquent un « soigner autrement » est apparu pour répondre aux nombreuses souffrances et aux maux de société que la médecine peine à gérer
Elles font souvent appel à l’intuition et à la foi. Mais gare aux dérives sectaires et aux idéologies douteuses qui peuvent se cacher derrière certaines techniques de développement personnel. Jeudi dernier, un colloque pluridisciplinaire à l’Université de Genève a cherché à analyser le phénomène.Organisé conjointement par le Centre intercantonal d’information sur les croyances et les activités des groupements à caractère spirituel, religieux et ésotérique (CIC) et le Département de droit administratif de l’Université de Genève, le colloque a proposé des perspectives à la fois anthropologique, sociologique et juridique de la problématique que posent les nouvelles croyances thérapeutiques qui se sont multipliées depuis les années 1990. Toutes revendiquent un « soigner autrement » et beaucoup appréhendent l’individu dans sa globalité. Elles font souvent appel à des croyances, voire à la foi du patient dans l’approche thérapeutique qu’il a choisie, quand bien même certaines de ces thérapies revendiquent un fondement scientifique.

Les nouveaux thérapeutes font souvent de larges emprunts à des médecines anciennes, comme l’a fait remarquer Illario Rossi, professeur d’anthropologie médicale à l’Université de Lausanne dans son exposé sur le pluralisme médical actuel. Le philosophe français Michel Lacroix a pour sa part donné un éclairage plus des pratiques et des idéologies qui visent, à travers le développement personnel, à atteindre non seulement le bien-être ou le mieux-être, mais carrément « l’harmonie suprême ». Il relève que le développement personnel constitue un terrain d’expansion privilégié pour les sectes et que l’on peut être dupe en toute candeur, notamment lors d'un cours développement personnel proposé en entreprise. Pour le philosophe, le développement personnel se situe sur la mêmeligne que les sectes qui proposent aussi une initiation à l’émotion religieuse intense et leur infiltration est facilité par le flou qui entoure la profession de formateur en développement personnel.

Par le fait même que les concepteurs des techniques de développement personnel ne proposent pas seulement une simple réparation psychologique mais font souvent miroiter aux gens une vie intense, un dépassement de soi, un accroissement illimité de leur pouvoir, leurs méthodes séduisent volontiers des gens confrontés au stress, à la compétition, souffrant d’un mal-être existentiel, ayant un grand besoin de sécurité et de protection, exacerbé par notre société contemporaine marquée par des risques multiples, sociaux, écologiques et existentiels.

Le colloque a permis de rappeler que certaines de ces thérapies parallèles sont loin d’être innocentes et se situent parfois à la frontière ténue entre liberté de croyance et exercice illégal de la médecine, entre libre choix et intoxication sectaire.