Tous les protestants peuvent remodeler la constitution de l’Eglise fribourgeoise

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Tous les protestants peuvent remodeler la constitution de l’Eglise fribourgeoise

21 avril 2008
Les conseils de paroisse ont déjà émis une cinquantaine d’interpellations
L’Eglise évangélique réformée du canton de Fribourg teste une procédure inédite pour réviser sa constitution.

Les quotidiens et les publications des paroisses fribourgeoises l’ont annoncé : jusqu’au 30 juin, tout protestant fribourgeois peut proposer de modifier l’organisation de l’Eglise évangélique réformée, en adressant ses suggestions par écrit ou par courriel. Un si large sondage est inhabituel, s’agissant de réviser la constitution et le règlement ecclésiastique d’une Eglise cantonale. D’ordinaire, une telle consultation ne s’impose que pour définir les lignes directrices d’une communauté, comme lors du processus « vision de l’Eglise saint-galloise en 2010 », qui permettait à tout fidèle de donner son avis. « Nous souhaitons réveiller l’intérêt des protestants pour le sort de leur communauté », explique Ernst Maeder, co-président du groupe de travail chargé de cette révision. « L’idée est de disposer d’emblée de tous les points susceptibles d’être discutés, de manière à gagner du temps lors qu’ils seront soumis au Synode (parlement de l’Eglise) ».

La constitution actuelle et le règlement en vigueur de l’Eglise réformée fribourgeoise ont dix ans, et l’automne dernier, le Synode a décidé qu’une révision partielle s’imposait. « Il s’agit par exemple de modifier la durée de nomination des ministres dans les paroisses, afin de gagner en flexibilité. Actuellement, un ministre est nommé dans une paroisse pour sept ans, une durée supérieure à celle que connaissent en moyenne les autres cantons (4 ans). Durant tout ce temps, l’Eglise est tenue de le maintenir à ce poste. De son côté, le ministre peut donner son congé dans les 3 à 6 mois. Il faut rééquilibrer les obligations des deux parties », explique le chancelier Peter Schneider. Il souligne que « donner la parole à la base est la marque de l’Eglise protestante. Nous souhaitons montrer à tous les Réformés qu’ils sont membres de l’Eglise et qu’ils peuvent faire part de leurs souhaits et de leurs préoccupations ». D’autres propositions novatrices seront débattues, tel le libre-choix de l’appartenance à l’une ou l’autre paroisse, une expérience tentée par l’Eglise de Schaffouse. L’Eglise fribourgeoise étant une Eglise bilingue, il s’agit aussi de regrouper et faire travailler ensemble les commissions romande et alémanique chargées d’établir des directives pour la confirmation ou l’enseignement religieux.

Les conseils de paroisse ont jusqu’ici émis une cinquantaine d’interpellations. « Il n’est pas de points qui n’aient été abordés », constate Ernst Maeder. Des questions portant sur l’éventuelle bénédiction d’une union homosexuelle, les cérémonies impliquant des animaux ou la possibilité pour un pasteur d’être membre d’un conseil de paroisse ont été formulées et se trouvent sur la page d’accueil du site de l’Eglise fribourgeoise. Le but est de pouvoir soumettre la révision au Synode début 2010. Pour familiariser les conseillers synodaux avec le cadre juridique applicable à l’Eglise, un Synode extraordinaire leur permettra de s’informer en entendant le professeur d’université René Pahud de Mortanges ; le pasteur Samuel Lutz s’exprimera pour sa part sur la relation entre foi réformée et droit de l’Eglise (samedi 26 avril dès 8h15 à l’aula du cycle d’orientation de la région de Morat).