Les Eglises réformées Berne-Jura-Soleure invitent un juif et un musulman à réfléchir au dialogue interreligieux
« Nous avons aujourd’hui pu faire tomber des barrières » : Kurt Zaugg-Ott, président de la commission qui a mis sur pied le synode de réflexion consacré au dialogue interreligieux, hier mardi au centre de Gwatt, est satisfait. Près de 200 personnes, soit la quasi-totalité des membres du parlement des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure, ont pris part avec intérêt aux discussions « ouvertes et vives » qui, pour la première fois, associaient un imam de Berne, Mustafa Mehmeti, et le représentant de la communauté juive René Benesch. L’idée d’introduire dans le règlement ecclésiastique une allusion aux racines juives de l’Eglise réformée avait été rejetée par le Synode (parlement), tout comme la proposition de l’exécutif visant à développer également le dialogue avec l’islam et d’autres courants religieux. « L’intérêt témoigné aujourd’hui montre qu’il est nécessaire d’aborder amplement le sujet du rapport avec d’autres religions, un domaine où l’Eglise bernoise est très active », constate le président du Synode Cédric Némitz. Le service Migrations des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure a notamment publié une brochure destinée à guider les époux de mariages mixtes chrétien-musulman, qui propose des textes tirés de la Bible et du Coran pour la cérémonie (la formulation de l’engagement pour les musulmans sera précisée). Elle peut être téléchargée sur le site des Eglises, www.refbejuso.ch.
« Même dans les plus petits villages, nous sommes confrontés à des situations où pasteurs et communauté musulmane doivent apprendre à collaborer », explique le président du Synode, relatant le récent service funèbre d’un enfant à Court-Bévilard. Les participants se sont montrés « ouverts et tolérants, mais intransigeants sur les valeurs démocratiques fondamentales de la société. Le statut de la femme est un des sujets les plus brûlants, car les femmes, dans l’Eglise protestante, ont obtenu de haute lutte le droit de devenir pasteurs. Elles ne voudraient pas enregistrer un recul de leurs prérogatives sous l’influence d’autres communautés religieuses », poursuit-il. « Un imam a fait remarquer l’impossibilité jusqu’ici, d’accompagner les malades musulmans hospitalisés. Ce sujet devrait être discuté avec le Conseil synodal pour trouver rapidement une solution », ajoute Kurt Zaugg-Ott. Des clarifications ont été faites, « en particulier s’agissant des racines juives de l’Eglise protestante, qui se réfèrent à l’Ancien Testament, texte fondateur qui nous unit ». Après cette étape, les fractions du Synode et le Conseil synodal devraient formuler des propositions concrètes dessinant l’avenir des relations de l’Eglise protestante avec l’islam et le judaïsme.