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Au temps de la disparition

1 day 8 hours ago
En clôturant cette brumeuse année 2025, une évidence s’impose: la grammaire des faits majeurs qui l’ont traversée n’a jamais pris la forme d’événements stabilisés. Ces douze derniers mois ont adopté la configuration de l’épisodique, avec des signaux dispersés et des informations incomplètes, qui ne se laissent pas véritablement saisir. Alors dans ce bouillon, que choisir? Ce monde qui nous apparaît sans jamais se constituer pleinement trouve un écho direct dans la pensée de Jacques Derrida, formulée dès De la grammatologie (1967). La présence n’y advient jamais comme totalité, mais toujours dans un mouvement de décalage et de retard. Il n’y a, chez lui, aucune présence qui ne soit déjà travaillée par le retrait, aucune manifestation qui échappe à l’ajournement ou au désajustement. Le monde contemporain ne se présente plus comme un ensemble d’événements auxquels nous aurions accès, mais comme une série de données disjointes, partiellement occultées, soumises à des temporalités qui échappent au présent. Derrida parle alors de la disparition du «présent plein»: ce que nous percevons est toujours déjà en retard sur lui-même, lié à un passé incomplet et à un futur qui ne se réalise jamais entièrement.
Émilie Fradella

Dossier spécial: Réalité virtuelle et réalité augmentée

1 day 9 hours ago
Comment l’artistique et l’économique se reconfigurent-ils face à des politiques institutionnelles? À l’occasion du Festival international du film de Genève (GIFF) 2025, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Gaëlle Mourre et Quentin Darras, un couple d’artistes basé au Royaume-Uni ayant produit des expériences en réalité virtuelle (VR), aujourd’hui en pleine réorientation.
Ani Gabrielyan

31e Geneva International Film Festival (GIFF)

1 day 9 hours ago
Cette édition ouvre une nouvelle décennie pour ce festival tourné vers la création audiovisuelle dans toute sa diversité. Mettant à l’honneur à la fois le cinéma, que les séries ou encore des œuvres de réalités virtuelles, le festival, dont le cœur battant est situé dans la charmante bâtisse du Théâtre Pitoëff, a vu le public défiler en nombre.
Noémie Baume

27e Filmar en América Latina, Genève

1 day 9 hours ago
Comme à l’habitude, le Festival FILMAR en América Latina propose une plongée passionnante dans les cinémas latino-américains au creux du réputé sombre mois de novembre. Véritable vitrine de ces cinématographies, dont les films restent peu distribués dans les salles helvétiques, ce festival offre l’occasion aux spectateur·rice·s du bout du lac de faire de belles découvertes sur grand écran.
Noémie Baume

Entretien avec Anna Cazenave Cambet pour Love Me Tender

1 day 9 hours ago
Début octobre se tenait à Genève la 13e édition du Festival Everybody’s Perfect. Unique festival de cinéma queer en Suisse romande, il unit, chaque année, les arts et les rencontres pour célébrer les expressions des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, intersexes et queer du monde entier. À cette occasion, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec Anna Cazenave Cambet, venue présenter en avant-première suisse son dernier long métrage Love Me Tender.
Luca Palumbo

12e Vevey International Funny Film Festival (VIFFF)

1 day 10 hours ago
Du 22 au 26 octobre derniers, ni la pluie, ni la tempête Benjamin n’ont empêché le Vevey International Funny Film Festival (VIFFF) de faire rire son public dans la bonne ambiance qui lui est propre. Après une édition anniversaire, le festival remettait le couvert pour la 11e fois, en reprenant sa formule sur cinq jours et battant à nouveau son record d’affluence, avec plus de 9'500 spectateur·rice·s. Retour sur quelques œuvres découvertes, et parfois primées.
Marvin Ancian

Monstre: L’histoire d’Ed Gein de Max Winkler

1 day 11 hours ago
La troisième saison de la série anthologique Monstre choisit de mettre en scène sur huit épisodes l’histoire du pilleur de tombes et deux fois tueur Ed Gein. Si les scènes extrêmes s’enchaînent avec une volonté claire de choquer, on en ressort surtout mal à l’aise par l’exploitation et la mythification de son sujet.
Victor Comte

Génération désenchantée

1 month ago
Fini la légèreté, la grande Histoire avec un beau H. Fini les plans quinquennaux sur la comète, les récits flamboyants d’espoir et de spectaculaire. Nous vivons l’après: l’après des mythes, des promesses et des chants collectifs. Le monde s’est dévêtu de ses légendes, et le cinéma, désormais, en porte la banale nudité. Nous, critiques et spectateurs, avançons dans ce que Byung-Chul Han décrit comme une époque où le sujet de la performance s’exploite lui-même et croit, ce faisant, se réaliser1: plus de transcendance, moins de vanités. Dans les propositions de ce numéro, quelque chose s’est effondré. Qu’il soit politique, amoureux, familial ou romanesque, le temps qui s’y reflète semble avoir perdu foi en ses récits. Le désenchantement y agit comme une couleur, grisante et grisée, à la fois lucide et mélancolique, qui attaque les images comme une fièvre lente et désabusée. Cette fièvre, c’est peut-être celle que notre époque nous a refilée: brûlant les esprits sans les consumer, épuisant sans renverser... Une fièvre du trop-plein, que l’on soigne avec des slogans génériques, qu’on maquille sous les chiffres de croissance ou de décroissance comme une vulgaire voiture volée. Mais d’où vient ce mal? On nous a longtemps répété que la richesse de cette croissance, la culture, la reconnaissance «descendraient» d’elles-mêmes, comme une pluie fine depuis les étages supérieurs - plus on engraissait le haut, plus le bas serait sauvé. Ruissellement, disait-on...
Émilie Fradella

17e Festival Lumière, Lyon

1 month ago
Du 11 au 19 octobre se tenait le Festival Lumière à Lyon, berceau du 7e art, pour sa 17e édition. En conjuguant projections restaurées, hommages à des cinéastes légendaires, avant-premières prestigieuses et rencontres avec des invités, cette édition a pu rassembler amateurs et professionnels de cinéma, dans un amour partagé pour la salle obscure. Michael Mann s’est vu remettre le Prix Lumière, aux côtés d’invités de renoms, à l’instar de Sean Penn et Natalie Portman, tandis que la programmation s’est aventurée du muet aux grandes rétrospectives portant sur le travail de Louis Jouvet, Seijun Suzuki ou encore Martin Ritt.
Mathilde Panchaud

24e Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF)

1 month ago
Le Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF) s’est révélé cette année comme un vague terrain d’expérimentation cinématographique, plus hésitant que les précédentes éditions, où l’excès ne fut pas tant un geste provocateur ou bien une posture, mais plus un état d’être dans une tentative parfois hésitante mais surtout sincère, de maintenir vivante l’idée qu’un cinéma puisse encore être un espace d’émancipation.
Émilie Fradella

Entretien avec Pascale Bourgaux et Mohammad Shaikhow pour Hawar, nos enfants bannis

1 month ago
Duo complémentaire, la journaliste Pascale Bourgaux et le cinéaste Mohammad Shaikhow signent avec Hawar, nos enfants bannis un film nécessaire devenu une référence pour comprendre le sort des femmes yazidies victimes de Daesh. Tourné sur plusieurs années, il est aujourd’hui projeté jusque dans les tribunaux pour éclairer le contexte du génocide yazidi. À l’occasion de sa sortie en Suisse, ils reviennent sur cette enquête au long cours dans un entretien passionnant.
Laury Garcia Haouji

A House of Dynamite de Kathryn Bigelow

1 month ago
Un missile nucléaire d’origine inconnue fonce sur Chicago. Le système de défense étasunien collapse sous la menace. Kathryn Bigelow met à nu les failles et les faiblesses de la première puissance mondiale face à l’apocalypse, ainsi qu’à ses fantasmes.
Marco Danesi

La Dame de Shanghai

1 month ago
Sous la pression des studios, Orson Welles délivre un policier aussi ludique que torturé, approfondissant une œuvre qui, à l’époque et malgré ses 32 ans, paraît déjà monumentale.
Thomas Bonicel

Boycott?

2 months ago
Tout commence par un nom devenu verbe. Boycott. En 1880, en Irlande, des voisins décident de ne plus travailler pour Charles Boycott, de ne plus lui parler, de ne plus le servir. La presse transforme l’homme en mot. Le mot devient méthode: se retirer collectivement, pour peser politiquement. Depuis, l’idée a quitté les champs de County Mayo pour gagner nos écrans. Aujourd’hui, le cinéma parle aussi cette langue du retrait. Dans un programme de festival, chaque présence dit quelque chose; chaque absence, aussi. On se demande: faut-il séparer l’œuvre de l’institution qui l’abrite? l’artiste du pouvoir qui l’emploie? Ces questions bruissent dans les couloirs, au bar d’après-séance, entre deux projections. Revenir à l’origine du mot n’est pas coquetterie: c’est prendre la mesure de ce que veut dire, en 2025, dire non dans un art fait pour être partagé. Ces cinq dernières années l’ont montré. Golden Globes 2022: la cérémonie disparaît de l’antenne après le scandale de la HFPA. Un silence mondial, lourd comme un verdict. Puis les festivals redessinent leurs lignes.
Émilie Fradella

21e Zurich Film Festival (ZFF)

2 months ago
Kleber Mendonça Filho inscrit L’Agent secret (O Agente Secreto) dans la continuité de Portraits fantômes (2023) - son essai documentaire sur la mémoire des lieux et des cinémas de Recife, sa ville natale -, et prolonge également la veine politique amorcée avec Aquarius (2016) et Bacurau (2019). Ce nouveau film, bien que fictionnel, trouve son origine dans une démarche similaire: interroger le passé à travers le prisme de l’intime et des tensions socio-idéologiques. Au fil des consultations d’archives de journaux durant la réalisation de Portraits fantômes, le cinéaste renoue peu à peu avec ses propres souvenirs d’enfance. Il y retrouve, par hasard, la trace de sa première séance de cinéma à l’âge de 4 ans, dans la salle São Luiz, lieu qu’il choisira pour tourner certaines scènes de L’Agent secret des années plus tard. Cette coïncidence, née d’une archive de presse et d’une lointaine réminiscence, suscitera en lui le désir de réaliser un nouveau thriller. L’Agent secret s’appuie ainsi sur une mémoire collective: celle transmise par ses parents et ses proches, de même que par les récits et images glanés dans la presse de l’époque.
Kim Figuerola

Ce qui passe, persiste

3 months ago
Hannah Arendt écrivait: «La culture concerne les objets et est un phénomène du monde; le loisir concerne les gens et est un phénomène de la vie. Un objet est culturel selon la durée de la permanence; son caractère durable est l’exacte opposé du caractère fonctionnel, qualité qui le fait disparaître à nouveau du monde phénoménal par utilisation, et par usure.» Cette distinction nous ramène à une évidence trop souvent refoulée: tout a une valeur, mais ces valeurs sont sans cesse manipulées. Accident, justice, actualité: l’information déborde, déformée pour orienter nos regards. Dans quel but? Sûrement pour vendre du loisir, acheter nos voix, polariser les colères. En somme, détourner notre attention. Les films que notre rédaction a traversés récemment creusent cette fracture entre culture et loisir, en forgeant un dialogue sur l’épuisement utilitaire - celui d’un système, celui d’une pensée.
Émilie Fradella

82e Mostra de Venise

3 months ago
Si le Lion d’or est revenu à un dandy habitué des festivals et coutumier des fictions sur fond d’existentialisme (Dead Man, 1995) - Jim Jarmusch a été primé cette année avec Father Mother Sister Brother -, c’est, a contrario, le genre documentaire qui ressortira grandi de cette Mostra. La preuve avec un petit panorama de trois beaux films.
Tobias Sarrasin

78e Festival international du film de Locarno

3 months ago
Une partie de la Sélection officielle de la 78e édition du Festival international du film de Locarno interroge, de manière essentielle ou secondaire, l’efficacité du langage, celui des mots, se révélant, selon les œuvres, inutile, inopérant ou insuffisant quand il ne sert pas, dans les documentaires, au témoignage. Retour, non exhaustif, sur les films de la sélection.
Sabrina Schwob

7e Tourne-Films Festival Lausanne (TFFL)

3 months ago
Pour sa 7e édition, le Tourne-Films Festival a une nouvelle fois proposé une programmation foisonnante, à la croisée du cinéma et de la musique. L’édition 2025 mettait notamment en lumière une rétrospective consacrée aux expérimentations sonores dans les œuvres filmiques, où se mêlaient genres et influences. Des synthés hypnotiques de Drive de Nicolas Winding Refn aux samples hip-hop de RZA dans Ghost Dog de Jim Jarmusch, le festival a embarqué le public dans un voyage musical envoûtant, mystérieux et entêtant. La Compétition officielle, de son côté, a séduit avec une sélection de courts métrages et de clips musicaux venus de Suisse et d’ailleurs, tous mettant à l’honneur le travail du son et de la musique. Le programme s’est enrichi d’une rétrospective de documentaires et d’événements parallèles - médiations culturelles, concerts et afters - qui ont prolongé la frénésie du festival jusque tard dans la nuit.
Mathilde Panchaud
Checked
10 hours 35 minutes ago
Ciné-Feuilles est une revue indépendante qui paraît tous les 15 jours, parle de tous les films qui sortent dans les salles de Suisse romande, propose une sélection de films diffusés sur le petit écran, offre des compte-rendus de plusieurs festivals de cinéma
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