"La Bible prône le respect de l'animal"

Biologiste et théologien, membre du comité de l'association oeku Eglise et environnement / © Pierre Bohrer
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Biologiste et théologien, membre du comité de l'association oeku Eglise et environnement
© Pierre Bohrer

"La Bible prône le respect de l'animal"

Ethique animale
Pour Otto Schaefer, la Bible recèle une éthique animale très concrète. Un point de vue à contre-courant de l’idée d’un christianisme consommateur de viande sans scrupule.

Pourquoi l’homme devient-il carnivore, dans la Bible ?

Dans le récit de la Création (Genèse 1), l’humain est végétarien. Il devient carnivore après le Déluge (Genèse 9). La consommation de la viande paraît une concession de la part de Dieu. Pourquoi à ce moment- là ? Dans les chapitres qui précèdent, la violence surgit dans l’Histoire humaine. L’homme comprend qu’on ne peut pas faire sans, mais qu’il peut la domestiquer, l’intégrer. Par analogie, il en va de même avec le fait de se nourrir d’autres êtres vivants. La Bible prend acte de ce réalisme, et l’entoure d’une série de préceptes moraux qui soulignent la protection et le respect à avoir envers les animaux.

Que disent les textes de la collaboration homme-animal ?

Le Deutéronome dit «Tu ne muselleras pas le boeuf quand il foule le grain» (25,4). Ce qui signifie qu’il a droit à sa part du produit transformé. Un autre verset indique «Tu ne laboureras pas avec un boeuf et un âne ensemble» (Deutéronome 22,10), manière de protéger l’animal de trait le plus faible. Il y a une éthique animale très concrète dans la Bible. Les auteurs bibliques prônent le respect de l’animal pour lui-même. C’est remarquable. A l’époque, on est plutôt dans un contexte de faim et de famine, et non de surabondance.

Comment est vécue la souffrance animale?

Dans les sociétés traditionnelles, il y a une proximité plus grande avec l’animal. Et la conscience douloureuse de la nécessité de le tuer. Est-ce qu’on a alors le souci de ne pas les faire souffrir? Oui, parce que l’abattage rituel juif, très controversé aujourd’hui, a certainement aussi pour motif au départ de ne pas faire souffrir l’animal. Dans le contexte de l’époque, qui ne connaît pas nos outils modernes, saigner l’animal est une manière peu violente de le tuer.

La violence envers les animaux est-elle une volonté de Dieu?

Dans l’Ancien Testament, il y a déjà une perspective prophétique de réconciliation de tous les vivants, comme le souligne l’image du lion et de l’agneau paissant ensemble (Esaïe 11). D’autres textes vont dans le même sens. Ceux qui essaient de vivre le véganisme s’inspirent, consciemment ou non, de telles prophéties: le monde présent, avec sa part de violence, n’est pas la volonté de Dieu. Il y a une promesse et une espérance qui nous portent plus loin. C’est la réconciliation universelle qui est visée, dans le monde humain et bien au-delà, avec les autres créatures.