Face à la déferlante populaire et médiatique du catholicisme romain à l’occasion de la mort de Jean-Paul II et de l’élection de son successeur, l’hebdomadaire français Réforme consacre son dossier de début mai au questionnement des protestants : Comment est-il possible que le chef d’une Eglise aussi contestée ait autant de succès et que les protestants, malgré leur aptitude à la modernité, en aient si peu ? Le sociologue des religions Jean-Paul Willaime esquisse des réponses : cette ouverture généreuse à la modernité séculière du protestantisme contribue justement à sa mauvaise visibilité et à la fragilisation de sa transmission ; sa concentration sur la parole et la piété intérieure en fait un christianisme de l’ouïe plus que de la vue qui « souffre d’un grave déficit symbolique, en particulier esthétique, à une époque où le visible et le sensible sont extrêmement importants dans la communication sociale »