Un calendrier, des fêtes et des questions

8h25. Après l’accueil, les élèves démarrent la journée autour du calendrier, où ils placent les fêtes civiles, populaires et religieuses. / ©Camille Andres
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8h25. Après l’accueil, les élèves démarrent la journée autour du calendrier, où ils placent les fêtes civiles, populaires et religieuses.
©Camille Andres

Un calendrier, des fêtes et des questions

Habitude
Au collège de la Promenade de Neuchâtel, dans sa classe de 1ère-2e années (4 à 6 ans), Emilie Koller utilise un calendrier pour introduire le fait religieux.

C’est le rituel du matin pour Sara, Léonard, Akira, Thaïs et leurs sept camarades. Assis devant Emilie Koller, leur maîtresse, chaussons aux pieds et attentifs, ils se repèrent devant leur grand calendrier (voir encadré). L’enseignante profite de ce moment pour aider sa classe à se situer dans la saison, le mois… Une gommette signale que les vacances de Pâques approchent. La jeune femme s’empare du thème: «Vous vous souvenez pourquoi il y a cette fête qui nous donne congé?» La logique de la petite Inès est implacable: «Parce qu’il faut manger les oeufs en chocolat!» – «Et vous savez pourquoi on a des oeufs à Pâques?», poursuit l’institutrice. Hochements de tête négatifs. «Parce que Pâques, c’est une fête religieuse. Chez nous, des gens célèbrent cette fête dans le christianisme. Pour eux, cela veut dire que Jésus est mort et qu’il est ressuscité.» Ah…! «Ressusciter», les regards semblent un peu perdus: il faut s’arrêter sur ce mot. «Ça veut dire qu’il est mort et puis qu’il est de nouveau dans le ciel!» Inès a décidément réponse à tout. «Oui, il est mort et il est né de nouveau», complète Emilie Koller. «Et les oeufs, ça fait penser à ça: à la naissance! La fête de Pâques est là pour fêter la renaissance, le renouveau! Voilà pourquoi on la fête au printemps, parce que la nature renaît.» L’enseignante est arrivée à son objectif.

Engouement autour de Jésus

Il est temps d’amener tout ce petit monde, qui commence à gigoter, vers ses activités: peinture de poussins, bricolage de paniers à oeufs. Mais un nom a fusé et relance les conversations: Jésus. «Est-ce que Jésus existe ou pas?»; «Il y a des gens qui ont tué Jésus!»; «Moi j’avais une bible de Jésus!»; «A côté de chez moi, il y a la croix de Jésus…» C’est l’engouement. Emilie Koller recadre: «Il y a des gens qui croient en Jésus, d’autres qui ne croient pas. Pour certains, il a existé; pour d’autres, non. Chacun son opinion, et il faut respecter cela.» Pas de discussion ici sur l’historicité de Jésus, pourtant peu contestée aujourd’hui. En aparté, l’enseignante confie «ne pas vouloir lancer trop de débats, par peur de blesser ou de bousculer des croyances en train de se construire», et par respect de la laïcité. Un jour, «quand je serai sûre d’où je vais et pourquoi je le fais», elle utilisera toutes les potentialités offertes par son outil pédagogique, et évoquera d’autres fêtes et croyances. Quel pourrait être le déclic? «Une discussion ouverte avec les parents d’élèves au sujet de leurs pratiques.» Pour le moment, elle privilégie les fêtes civiles et populaires, s’aventurant peu sur le terrain religieux.

Une initiative très récente

Dans le canton laïc de Neuchâtel, aucun créneau horaire spécifique n’est dédié à la transmission du fait religieux. Depuis le Plan d’études romand, introduit entre 2011 et 2013, Neuchâtel – comme Genève – a conservé l’enseignement des cultures religieuses et humanistes au sein des cours d’histoire. Pour accompagner les enseignant·e·s, Neuchâtel a donc décidé de produire ses propres manuels avec les éditions Agora, basées à Lausanne. Ces outils sont pour certains encore en cours d’élaboration et d’introduction. Depuis 2019, par exemple, le livre Un monde en fêtes et son grand calendrier, pour les 1ère-2e années, ont été présentés aux professeur·e·s qui sont en train de les prendre en main. Ce sont des ressources précieuses, explique le Service de l’enseignement obligatoire, permettant de travailler de manière «plus large», «d’utiliser le bagage des élèves» et d’«aborder des discussions sur le plan philosophique».