Visiter les protestants qui ne versent rien à l’Eglise peut s’avérer payant
4 mars 2008
Depuis un an, l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN) discute avec les contribuables protestants importants qui ne versent pas la contribution ecclésiastique
Cette initiative inédite a du succès, puisque près de la moitié des ménages rencontrés sont revenus sur leur décision de ne rien payer.En 2006, 33'600 contribuables protestants ont reçu un bordereau les invitant à payer leur participation financière aux salaires de l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN). Seuls 10'700 paiements ont été enregistrés, ce qui signifie que plus de 20'000 ménages ne versent rien. Confrontée à de sérieuses difficultés financières, l’EREN a imaginé de rencontrer les plus importants contribuables protestants pour connaître les raisons de leur refus, renouer le contact et les encourager à soutenir leur Eglise. Ce projet de longue haleine - il a commencé le premier janvier 2007 et s’étend sur trois ans- est une démarche novatrice en Suisse, explique Sandra Depezay, chargée de ce contact. Il semble déjà porter ses fruits. A ce jour, 171 ménages ont été contactés et 139 personnes ont pu s’exprimer lors d’un entretien téléphonique ou en tête-à-tête. Près de la moitié d’entre-elles, soit 51 contribuables, sont revenus sur leur décision et ont déclaré vouloir verser la contribution ecclésiastique. De fait, en 2007, pour la première fois depuis cinq ans, l’EREN a enregistré une hausse du nombre de paiements de l’ordre de 300'000 francs, alors que le total de la contribution ecclésiastique versée par les personnes physiques s’élevait à 5,7 millions.
« Nous avons commencé par écrire aux contribuables protestants les plus taxés qui ne paient aucune contribution ecclésiastique, en leur demandant un entretien. Ces contacts personnels concernent les personnes physiques. Mais notre projet est plus large, puisque les personnes morales qui ne paient rien devront elles aussi être jointes. Toutes les entreprises basées dans le canton de Neuchâtel reçoivent un bordereau, et ce qu’elles versent est réparti entre les Eglises protestante, catholique romaine et catholique chrétienne au prorata de leurs membres. Nous débattons encore avec nos Eglises sœurs du meilleur moyen de les contacter », poursuit Sandra Depezay. Il s’agit de présenter l’engagement social de l’Eglise (Centre social protestant, éducation des enfants et des jeunes, présence dans les hôpitaux et auprès des marginaux), ses offres de réflexion sur le sens de la vie (catéchisme, conférences) et ses prestations (cultes, baptêmes, rencontres spirituelles) à des personnes qui se disent protestantes, mais se sont souvent éloignées de leur communauté.
« Certains contribuables jugent le fisc déjà trop gourmand et décident donc de laisser de côté la contribution ecclésiastique, s’élevant à 11 pour cent de l’impôt cantonal. C’est la seule facture qui n’est pas obligatoire. Cela nous permet de rappeler que l’Eglise neuchâteloise est indépendante de l’Etat et qu’elle doit trouver ses propres ressources ». La discussion permet de régler des malentendus, comme ce protestant qui payait directement son pasteur de la main à la main : « il pensait bien faire, mais cet argent doit être considéré comme un don à la paroisse. Ce don ne permet pas de soutenir le fonctionnement global de l’Eglise et les salaires ». Enfin, il y a « les personnes déçues d’un changement de ministre dans une paroisse, nostalgiques d’une Eglise où le pasteur était partout et visitait chacun. D’autres ont été véritablement blessés par une parole du ministre ou un conseil paroissial et ne peuvent pardonner. Je ne peux qu’écouter ; début 2009, nous ferons un premier bilan du projet et saurons combien sont concernés par de telles situations, mais la majorité des discussions porte d’abord sur l’aspect financier », commente la responsable des entretiens. Ce bilan sera l’occasion de connaître le nombre de contribuables qui ont poursuivi leur soutien et dans quelle ampleur.
« Plusieurs personnes ne versent pas la contribution ou n’ont pas de lien avec l’Eglise, mais tiennent à leur identité protestante. Nous tentons de faire comprendre qu’on ne verse pas la contribution pour son seul usage, mais pour financer solidairement le rôle de l’Eglise dans la société. Les gens discutent de la contribution ecclésiastique au lieu d’y être indifférents, ce qui multiplie les paiements. Le but n’est pas de harceler les contribuables. Nous relançons toutefois les personnes qui ont promis de verser quelque chose et qui ne le font pas, pour prendre soin du lien qui a été établi », conclut Sandra Depezay. De son côté, la Fédération catholique romaine de Neuchâtel a convié des personnalités à participer à des groupes de discussion à l’ancienne abbaye de Fontaine-André, ce qui a permis de récolter des dons. Ces groupes devraient être élargis et donner lieu à des rencontres plus importantes, indique son administrateur Bernard Jordan.
« Nous avons commencé par écrire aux contribuables protestants les plus taxés qui ne paient aucune contribution ecclésiastique, en leur demandant un entretien. Ces contacts personnels concernent les personnes physiques. Mais notre projet est plus large, puisque les personnes morales qui ne paient rien devront elles aussi être jointes. Toutes les entreprises basées dans le canton de Neuchâtel reçoivent un bordereau, et ce qu’elles versent est réparti entre les Eglises protestante, catholique romaine et catholique chrétienne au prorata de leurs membres. Nous débattons encore avec nos Eglises sœurs du meilleur moyen de les contacter », poursuit Sandra Depezay. Il s’agit de présenter l’engagement social de l’Eglise (Centre social protestant, éducation des enfants et des jeunes, présence dans les hôpitaux et auprès des marginaux), ses offres de réflexion sur le sens de la vie (catéchisme, conférences) et ses prestations (cultes, baptêmes, rencontres spirituelles) à des personnes qui se disent protestantes, mais se sont souvent éloignées de leur communauté.
« Certains contribuables jugent le fisc déjà trop gourmand et décident donc de laisser de côté la contribution ecclésiastique, s’élevant à 11 pour cent de l’impôt cantonal. C’est la seule facture qui n’est pas obligatoire. Cela nous permet de rappeler que l’Eglise neuchâteloise est indépendante de l’Etat et qu’elle doit trouver ses propres ressources ». La discussion permet de régler des malentendus, comme ce protestant qui payait directement son pasteur de la main à la main : « il pensait bien faire, mais cet argent doit être considéré comme un don à la paroisse. Ce don ne permet pas de soutenir le fonctionnement global de l’Eglise et les salaires ». Enfin, il y a « les personnes déçues d’un changement de ministre dans une paroisse, nostalgiques d’une Eglise où le pasteur était partout et visitait chacun. D’autres ont été véritablement blessés par une parole du ministre ou un conseil paroissial et ne peuvent pardonner. Je ne peux qu’écouter ; début 2009, nous ferons un premier bilan du projet et saurons combien sont concernés par de telles situations, mais la majorité des discussions porte d’abord sur l’aspect financier », commente la responsable des entretiens. Ce bilan sera l’occasion de connaître le nombre de contribuables qui ont poursuivi leur soutien et dans quelle ampleur.
« Plusieurs personnes ne versent pas la contribution ou n’ont pas de lien avec l’Eglise, mais tiennent à leur identité protestante. Nous tentons de faire comprendre qu’on ne verse pas la contribution pour son seul usage, mais pour financer solidairement le rôle de l’Eglise dans la société. Les gens discutent de la contribution ecclésiastique au lieu d’y être indifférents, ce qui multiplie les paiements. Le but n’est pas de harceler les contribuables. Nous relançons toutefois les personnes qui ont promis de verser quelque chose et qui ne le font pas, pour prendre soin du lien qui a été établi », conclut Sandra Depezay. De son côté, la Fédération catholique romaine de Neuchâtel a convié des personnalités à participer à des groupes de discussion à l’ancienne abbaye de Fontaine-André, ce qui a permis de récolter des dons. Ces groupes devraient être élargis et donner lieu à des rencontres plus importantes, indique son administrateur Bernard Jordan.